Contribution : Contribution Alg�rie : le syndrome tunisien peut-il op�rer ?
Par Ahc�ne
Amarouche*
En ce d�but 2011, l�Alg�rie a connu durant quatre jours, sur tout le
territoire national, des �meutes sanglantes ayant entra�n� mort
d�hommes. C�est le r�sultat d�une d�cennie d�un marasme g�n�ralis�,
source d�un mal-�tre social qui a, d�ann�e en ann�e, gagn� en intensit�
et en �tendue. Les franges les plus nombreuses de la soci�t� sont
frapp�es par une paup�risation grandissante, qui contraste avec la
richesse d�une infime minorit�, �videmment associ�e � la gestion des
affaires (florissantes) de l�Etat. La tension sociale est d�autant plus
vive que le r�gime autoritaire a oppos� � toutes les formes de
manifestation pacifique de la soci�t� civile une fin de non-recevoir
depuis le d�but des ann�es 2000 en se pr�valant de l��tat d�urgence
instaur� en 1992, devenu le pr�texte � un contr�le social omnipr�sent.
Alors que le pays sortait � peine d�une guerre sans nom o� l�Etat a
failli sombrer sous le poids des hordes terroristes, les �meutes se sont
multipli�es, touchant toutes les r�gions et diverses franges de la
population. En 2001, ann�e de triste souvenir pour la Kabylie, 123
jeunes sont tomb�s sous les balles des gendarmes. La r�pression bat son
plein depuis, n��pargnant aucun groupe social, aucun corps professionnel
qui, pour exprimer publiquement et pacifiquement leurs revendications,
sont contraints de braver l��tat d�urgence. Les enseignants
universitaires et les enseignants du secondaire, les journalistes et les
employ�s de la presse �crite et audiovisuelle, les m�decins sp�cialistes
et le personnel hospitalier, tous repr�sent�s par leurs syndicats
respectifs dont la loi reconna�t l�existence ; les r�sidants de
quartiers d�favoris�s, les jeunes sans emploi, dipl�m�s et non dipl�m�s,
etc. ont, � un moment ou � un autre, �t� matraqu�s sans m�nagement par
les forces de l�ordre, syst�matiquement d�ploy�es en grand nombre sur
les lieux pr�vus des rassemblements. Partout et toujours, le pouvoir
r�pond par la r�pression, les arrestations, le passage � tabac et
l�emprisonnement des manifestants pris dans les rafles organis�es par
les forces de l�ordre. En d�pit de l�existence de lois que le
gouvernement a lui-m�me fait voter ou fait amender par le Parlement et
qui, dans le texte d�j�, limitent drastiquement les libert�s
individuelles et collectives, toute association de la soci�t� civile
reste suspendue � la d�livrance d�un acte administratif d�nomm�
�certificat de conformit� par les autorit�s en charge des associations
sous peine d��tre frapp�e de nullit� aux yeux des institutions
publiques. Sur instruction du d�sormais ancien ministre de l�Int�rieur
de la d�cennie 2000, les services du minist�re de l�Int�rieur continuent
de ne plus d�livrer aucun certificat de conformit� � quelque association
que ce soit, celle-ci d�t-elle s�occuper d�ornithologie ou de quelque
autre inoffensif hobby. Divis�e en deux courants antagoniques sur la
question du projet de soci�t� (la�que pour l�un, th�ocratique pour
l�autre), la soci�t� civile appara�t �clat�e, infiltr�e qu�elle est par
les agents du gouvernement jusqu�au sein des groupes dirigeants. Un
champ politique verrouill� par une pr�tendue alliance pr�sidentielle aux
ordres d�on ne sait qui, un champ associatif r�duit aux soutiens
circonstanciels d�un Pr�sident �vanescent, us� par l��ge, la maladie et
les intrigues de palais, une administration client�liste, corrompue et
incomp�tente, une justice ne poss�dant pas la technicit� n�cessaire pour
traiter des affaires de corruption qui la submergent, soumise de
surcro�t aux ordres de l�ex�cutif, tels sont, avec le d�sert culturel
ambiant que l��chec du projet �ducatif n�a fait qu�accentuer, les
aspects saillants de la situation de l�Alg�rie en ce d�but du
vingt-et-uni�me si�cle, pourtant si prometteur � son av�nement. Il n�est
pas �tonnant que les �meutes soient devenues la seule forme d�expression
d�une jeunesse en mal de vivre, priv�e de travail et de loisirs, sans
revenus, sans logement et sans perspective de fonder un foyer ; elle que
le matraquage d�un discours religieux mortif�re et culpabilisateur a
pourtant presque vid�e de sa vitalit�. Plusieurs interrogations
interpellent l�observateur de la sc�ne politique alg�rienne, de quelque
profil ou tendance qu�il soit.
1� Un r�gime autoritaire qui se nourrit de ce qu�il d�pense en
pr�bendes. On peut s�interroger en premier lieu sur les raisons de la
permanence d�un mode de gouvernance qui proc�de par la r�pression des
droits et libert�s des citoyens et qui d�nie toute forme d�existence �
la soci�t� civile tout en se targuant de pratiquer la d�mocratie
(r�duite en v�rit� � des �lections pluralistes truqu�es, dont attestent
les taux ubuesques de suffrages exprim�s en faveur des �lus-d�sign�s).
Bien qu�h�ritier d�un r�gime non moins autoritaire (dont l�actuel chef
de l�Etat avait �t�, au demeurant, une des figures marquantes), le
r�gime pr�sidentiel instaur� par Abdelaziz Bouteflika se distingue par
maints traits pourtant de celui de Houari Boumedi�ne auquel nous faisons
r�f�rence ici. Au populisme de ce dernier qui, en d�pit de tout ce qu�on
a pu ou qu�on pourra lui imputer comme crimes politiques et humains (le
livre de Sa�d Sadi est �difiant sur ce sujet ), a cherch� � donner au
pays les bases d�un d�veloppement �conomique dont on pouvait attendre, �
d�faut de libert�, un certain progr�s social, le r�gime actuel a
substitu� le n�potisme et la corruption comme forme de gestion des
affaires de l�Etat sur fond de distribution de pr�bendes, de privil�ges
et de passe-droits dans un climat g�n�ral de gabegie. Sans doute a-t-il
aussi h�rit� des deux r�gimes pr�sidentiels qui l�ont pr�c�d� (celui de
Houari Boumedi�ne et celui de Chadli Bendjedid) la pratique honteuse du
bourrage des urnes, que les Alg�riens associaient, avant la guerre, au
nom de triste m�moire de l�un des gouverneurs g�n�raux de l�Alg�rie
coloniale � le socialiste Naegelen. Mais au moins ces deux r�gimes ne se
pr�valaient-ils pas de la d�mocratie pluraliste comme c�est le cas de
l�actuel. Jamais, except� peut-�tre sous le r�gime finissant de Chadli
Bendjedid, le pays n�a connu pareille d�cr�pitude sociale, ni un tel
degr� de corruption du personnel politique et administratif. Par-del�
les similitudes des trois r�gimes pr�sidentiels (qui ont en commun le
m�me noyau dur constitu� par les anciens du MALG ), le r�gime
autoritaire actuel se distingue par un degr� inou� de concentration des
responsabilit�s publiques entre les mains d�un personnel
politico-administratif corrompu, issu en quasi-totalit� d�une seule et
m�me r�gion du pays (voire en majorit� d�une seule localit�) � celle
dont est originaire le Pr�sident lui-m�me. Une r�ponse partielle �
l�interrogation ci-dessus est � rechercher dans l�existence de la rente
p�troli�re dont le r�gime use comme d�une manne providentielle.
Co�ncidant avec la phase ascendante des prix du p�trole sur le march�
mondial, le r�gime pr�sidentiel de Bouteflika s�est instaur� sous les
meilleurs auspices. Noy� sous une masse d�argent qui d�passe de loin les
capacit�s d�absorption de l��conomie du pays (dont le potentiel
productif a �t� an�anti plut�t que revigor� par le programme
d�ajustement structurel adopt� en 1995 sous la f�rule du FMI), il a
pouss� jusqu�� l�absurde la pratique de la sous-estimation syst�matique
des prix du p�trole dans l��laboration du budget de l�Etat. Le r�sultat
aberrant recherch� (et obtenu) peut �tre formul� comme suit : tandis que
le dit budget est fortement et structurellement d�ficitaire au point que
le fonctionnement normal de certaines institutions et organismes publics
ne peut �tre r�guli�rement assur�, les banques publiques et les
institutions financi�res croulent litt�ralement sous le poids des
surliquidit�s qu�elles n�arrivent pas � placer en la forme habituelle de
cr�dits � l��conomie. Une �pargne oisive s�est donc constitu�e,
grossissant chaque ann�e de sommes faramineuses qui ne demandaient qu��
�tre d�pens�es ; ce que les soutiens du Pr�sident allaient s�atteler �
faire pour assurer une base sociale �largie au r�gime � et, le cas
�ch�ant, une succession dynastique. Soustraite aux contr�les
institutionnels les plus �l�mentaires d�s lors qu�elle n�est pas
inscrite en ressources au budget, retir�e du circuit �conomique pour
�tre accumul�e dans les coffres des banques publiques agissant en autant
de doublures du Tr�sor sans �tre soumise aux m�mes r�gles de contr�le de
la d�pense que les ressources de ce dernier, cette �pargne est livr�e �
tous les app�tits. Outre les d�tournements d�argent en la forme de
commissions sur march�s publics, de faux en �criture, de passation de
march�s de complaisance, de cr�dits � des entreprises sans fonds propres
etc., des sommes faramineuses ont �t� d�pens�es � l�occasion des
�lections pr�sidentielles dans ce qui s�apparente � un achat massif des
voix des �lecteurs dans toutes les r�gions du pays. Sur simple
instruction du Pr�sident, les dettes des agriculteurs (dont de riches
propri�taires terriens qui se sont lanc�s dans des investissements de
reconversion sur cr�dits publics) ont �t� effac�es lors des pr�campagnes
�lectorales de 2004 et de 2009. Des octrois de fonds � des
institutions-relais du r�gime (telles les zaou�as) sont effectu�s tandis
que de pr�tendus programmes r�gionaux de d�veloppement non inscrits au
budget de l�Etat ont �t� financ�s � fonds perdu sur d�cision
intempestive de la m�me autorit� lors de ces m�mes pr�campagnes ou �
d�autres occasions. Ne parlons pas des investissements pharaoniques dont
les co�ts exorbitants int�grent commissions et int�ressement des parties
alg�riennes contractantes (autoroute Est-Ouest, projets de Sonatrach,
etc.), ni des projets de pur prestige d�un co�t estimatif d�passant
l�entendement (Grande Mosqu�e d�Alger). Tels sont quelques-uns des
proc�d�s par lesquels l�argent public a servi (et sert encore) � �tendre
la base sociale du r�gime sans que personne ne soit redevable de comptes
� la nation.
2� L�effet boomerang de la lib�ralisation �conomique. On peut se
demander en second lieu pourquoi la lib�ralisation n�a pas produit les
effets attendus sur l��conomie et sur la soci�t�. D�cr�t�e lors d�une
p�riode de contraction drastique des recettes de l�Etat cons�cutive � la
chute brutale des prix du p�trole et du gaz, la lib�ralisation a d�abord
consist� � d�manteler des pans entiers du secteur public �conomique
repr�sent� par les entreprises de production de biens et services.
Instrumentalis�es par le r�gime de Chadli Bendjedid dans sa qu�te de
l�gitimit� pour octroyer pr�bendes et privil�ges en situation de
p�nuries, ces entreprises �taient devenues des gouffres financiers pour
le budget de l�Etat qu�elles �taient cens�es alimenter en ressources.
Comme, de surcro�t, elles �taient sous la tutelle administrative des
minist�res qui les obligeaient � contribuer � une pr�tendue politique de
plein emploi, elles se sont vite trouv�es en situation de sureffectifs ;
situation dont les effets pervers n��taient pas que d�ordre financier :
souffrant grandement de l�impossibilit� d�organiser efficacement la
combinaison productive des facteurs, ces entreprises ont vu leur
productivit� tomber en chute libre et le principe de comp�tence ne plus
d�terminer les niveaux de hi�rarchie, de responsabilit� et d�autorit�.
Client�lisme et n�potisme �taient �rig�s en crit�res de gouvernance des
administrations publiques � et des entreprises d�Etat ! Le d�mant�lement
de ces derni�res a lib�r� une masse de travailleurs de tous �ges, de
toutes conditions et de toutes qualifications, venus grossir les rangs
des ch�meurs effectifs (personnes en demande d�emploi) et potentiels
(�tudiants, lyc�ens, jeunes en formation et autres futurs exclus de
l��cole). Par suite, la lib�ralisation a bien eu pour effet de lib�rer
les initiatives. Mais c�est pour faire exploser litt�ralement le
commerce d�importation de produits de base (monopolis� par les barons du
r�gime usant de noms d�emprunt et acc�dant sans formalit�s aux
ressources en devises du pays) et le commerce informel consistant en la
revente non contr�l�e des produits d�importation de toutes natures. Ni
les entreprises publiques ayant �chapp� au d�mant�lement ou � la
privatisation, ni les entreprises priv�es de production n�ont pu faire
face � la d�ferlante des produits d�importation comprenant p�le-m�le les
biens alimentaires (dont la date de p�remption �tait parfois
contrefaite), les biens durables, les biens interm�diaires et les biens
d��quipement ; le tout envahissant le march� alg�rien dans une anarchie
propice � tous les trafics et � toutes les arnaques. La part de la
production industrielle hors hydrocarbures dans le PIB chuta de 16-20% �
4-5% entre 1980 et 2010. Subissant les contrecoups des importations
massives en provenance de Turquie, de Chine et des autres pays
asiatiques via Duba�, les activit�s artisanales connurent un d�clin
brutal, ajoutant � la situation dramatique des sans-emploi, leur lot de
nouveaux ch�meurs, compos�s de familles nombreuses soudainement priv�es
de tout revenu. Des r�gions enti�res du pays, traditionnellement vers�es
dans telle ou telle activit� artisanale, se sont retrouv�es plong�es
dans la d�solation, tandis que les jeunes qui en sont issus n�avaient
plus pour perspective que l�exil � parfois en payant de leur vie leur
r�ve chim�rique de quitter le pays pour l�Europe.
3� D�mocratisation des besoins, creusement des �carts de revenus et
d�valorisation du pouvoir d�achat des salari�s. La situation sociale et
politique bri�vement d�crite ci-dessus para�t d�autant plus intenable �
moyen terme que, sous l�effet de la mondialisation, il y eut, au cours
des deux derni�res d�cennies, une d�mocratisation irr�pressible des
besoins. Cha�nes de t�l�vision satellitaires �trang�res, internet et
autre t�l�phonie mobile ont successivement d�ferl� sur le pays, ouvrant
pour les jeunes Alg�riens de toutes conditions une fen�tre virtuelle sur
le monde. Si l�effet imm�diat produit sur eux a �t� de g�n�raliser une
perception �d�nique du monde v�hicul�e par le mod�le de consommation des
pays riches dont, d�j� dans les ann�es 1980, la voiture �tait le
produit-phare, ce changement de perception a gagn� les sph�res sociale
et politique. Bien que de fortes contradictions se font jour dans la
sph�re sociale o� s�affrontent deux projets de soci�t� antagoniques, la
m�me exigence d�ouverture du champ politique �mane des deux versants de
la soci�t� civile depuis que les forces int�gristes ont �t�
militairement vaincues et que leurs succ�dan�s islamistes (dits mod�r�s)
ont accept� de jouer la carte de la l�galit�. Mais le r�gime a moins �
faire � la soci�t� civile dans ses formes traditionnelles d�organisation
et d�action qu�� une jeunesse d�bordante de vie, peu encline aux
conciliabules de salon, dont la situation �conomique tranche avec le
mod�le de consommation auquel tout la convie � se conformer. Ni sur le
plan social, ni sur le plan politique, ni sur le plan �conomique, le
r�gime ne r�alise ne serait-ce que le smic des conditions exig�es par le
nouveau mod�le de consommation.
- Au plan social, le creusement des in�galit�s de revenus se double d�un
acc�s discriminant aux ressources et aux produits soutenus par l�Etat
(comme le logement) en raison de la pr�valence des rapports personnels
sur la r�glementation au sein m�me de l�administration publique.
- Au plan politique, la contradiction est criante entre le poids de la
composante �Jeunes� dans la population totale (et plus encore dans la
population active ) et le monopole du pouvoir par une g�rontocratie qui
n�en finit pas de s�accrocher � une l�gitimit� historique qu�elle a au
demeurant confisqu�e aux vrais acteurs de la guerre de Lib�ration
nationale.
- Au plan �conomique, le mode de gouvernance tel que d�crit ci-dessus ne
cesse d�accro�tre l��cart des revenus, de rogner sur le pouvoir d�achat
des salari�s et d�accumuler les frustrations des jeunes sans emploi
�pisodiquement pourchass�s pour exercer quelque activit� informelle de
subsistance.
Telle est, bri�vement d�crite, la situation potentiellement explosive de
l�Alg�rie en ce d�but 2011, aggrav�e par des tensions soudaines sur les
produits de premi�re n�cessit� � fort contenu en importation (lait,
c�r�ales, huiles v�g�tales), dont l�augmentation des prix sur le march�
mondial a �t� r�percut�e sans transition sur les prix int�rieurs.
En guise de conclusion
Ironiquement, l�on voit appara�tre de temps en temps dans la presse
nationale et les revues d��conomie, des discussions byzantines sur la
n�cessit� de r��valuer le dinar pour les uns, de lever les obstacles
administratifs devant sa convertibilit� compl�te pour les autres, chacun
se pr�valant d�enseignements de la th�orie �conomique dont ni les uns,
ni les autres ne per�oivent le ridicule de leur simple transposition au
cas alg�rien. Pris dans la nasse des contradictions de la logique de
l��conomie de rente qu�il a pouss�e jusqu�� son extr�me limite, le
gouvernement ne sait plus, quant � lui, s�il faut d�valuer le dinar pour
pr�server un tant soit peu la production nationale (quitte � r�duire
d�autant le pouvoir d�achat des salari�s et susciter un plus grand
m�contentement social aux cons�quences impr�visibles) ou le r��valuer
pour pr�server le pouvoir d�achat des salari�s (quitte � porter un
nouveau coup dur � la production nationale qui se r�duit comme peau de
chagrin sous le poids des importations bon march�). Dans cette �quation
de l�absurde, et en attendant que les jeunes manifestent de nouveau
leurs frustrations et leur d�sarroi face � l�avenir de la seule fa�on
qu�il leur soit donn� de le faire � c�est-�-dire par les �meutes �
chacun s�emplit les poches comme il peut. Sait-on jamais en effet o�
tout cela peut d�boucher ? Le syndrome tunisien est dans toutes les
t�tes tandis que se profile d�j� l��ch�ance du troisi�me mandat d�un
Pr�sident qui pourrait vouloir � en d�pit du bon sens et de la sagesse �
se succ�der � lui-m�me ou pis, amorcer une succession dynastique dans un
pays r�fractaire � tous les pouvoirs ill�gitimes.
A. A.
*Universitaire, enseignant-chercheur en �conomie
1 La derni�re �lection pr�sidentielle (avril 2009) aurait �t�
remport�e par Abdelaziz Bouteflika � plus de 90% des voix exprim�es, le
second en nombre de voix � Madame Louisa Hanoune � n�ayant obtenu qu�un
peu plus de 4%.
2 Amirouche, une vie, deux morts, un testament. Une histoire alg�rienne,
mai 2010, (sans Maison d��dition), imprim� sur les presses Les Oliviers,
Tizi-Ouzou, Alg�rie. L�auteur impute � Boum�diene le d�terrement des
ossements de deux h�ros l�gendaires de la guerre de lib�ration nationale
� les colonels Amirouche et Si El Houes � pour les s�questrer dans les
caves de la gendarmerie nationale � Alger o� ils ont �t� d�couverts en
1983 (r�-inhum�s dans le carr� des martyrs au cimeti�re d�El Alia �
l�est d�Alger). Notons en outre que sous le r�gime de Boum�diene, de
grandes figures de la guerre de lib�ration nationale ont �t� assassin�es
dans plusieurs capitales �trang�res o� elles ont trouv� refuge contre
l�emprisonnement et la torture.
3 Il est �difiant de constater combien les anciens du MALG sont nombreux
aujourd�hui encore dans les rouages de l�Etat : dans une contribution
�crite publi�e en r�ponse � un article de presse de Azzedine Mabroukine
paru dans le Quotidien El Watan des 26 et 27 d�cembre 2007, Dahou Ould
Kablia, actuel ministre de l�Int�rieur et n�anmoins Pr�sident de
l�Association des anciens du MALG, citait pas moins de 150 membres (non
compris l�actuel Pr�sident qui en �tait issu) exer�ant ou ayant exerc�
des responsabilit�s politiques ou militaires. VoirEl Watan du 3 janvier
2008.
4 Les liquidit�s dormantes accumul�es dans les banques publiques ne
cessent d�augmenter : plus de 4 200 milliards de dinars (soit environ 60
milliards de dollars) � fin 2008 selon l�ancien ministre des finances
Abdellatif Benachenhou, plus de 5 200 milliards de dinars (soit environ
75 milliards de dollars) � fin 2009 selon le secr�taire g�n�ral de
l�Association des Banques et Etablissements financiers (ABEF).
5 Au plus fort de la phase ascendante des prix du p�trole (qui ont
atteint 147 dollars en 2008), les autorit�s ont continu� � estimer les
recettes budg�taires sur la base d�un prix du baril de 37 dollars.
6 On estime � plus de 70% de la population active les jeunes de moins de
trente ans.
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