Périscoop : HUMEUR
Le pas sage de la mer Rouge


Par Tarik Aït-Menguellet
Je me souviens de la fois où je suis allé à Djeddah, un port d'Arabie, avec deux amis, Jacob Solète, un juif, et Luc Jessuitonper, un chrétien qui était de retour à Djeddah après une longue absence. Nous visitâmes la ville puis le port, et restâmes là à contempler la mer Rouge, qui n'est pas du tout rouge.
- J'ai bien envie d'aller de l'autre côté, leur dis-je. Il n'y a pas une sorte de passeur ? Car on a besoin d'un bateau pour traverser. Luc se mit à ricaner.
- Tu sais, nous les chrétiens, on n'a pas besoin de bateau pour aller sur l'eau, regarde plutôt. Et, devant mes yeux ébahis, il se mit à marcher sur l'eau !
- C'est extraordinaire ! fis-je, figé. Jacob se mit à rire à son tour.
- Hé, tu n'as encore rien vu, fit-il.
Tu vas voir la blague que je vais lui faire. Alors, il prit un long bâton dans ses mains et, d'un geste théâtral, en frappa le sol. Et, devant mes yeux ébahis à nouveau, un long sillon se creusa dans la mer de part en part et elle se fendit en deux. Le pauvre Luc sentit la mer se dérober sous ses pieds et tomba dans le vide et se fracassa la tête sur le fond marin asséché miraculeusement. Jacob éclata de rire, content de la blague, et j'avoue que j'ai trouvé ça très amusant aussi.
- Va le chercher, au lieu de rigoler, le sermonnai-je. Alors Jacob prit son échelle (c'est bien connu, Jacob a toujours une échelle sur lui) et descendit au-dedans de la mer. Mais à peine arrivé au fond que la mer se referme sur eux, les pauvres. Les voies maritimes du Seigneur sont impénétrables. Moi, j'en rigole encore.
T. A.-M.

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