Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Un trublion chez la ligue des observateurs


Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com

Apr�s avoir �t� La Mecque de la R�volution, Alger serait-elle en passe de devenir la Calcutta de la c�cit�, conjugu�e � une obstination autiste ? Relisons l'actualit� de ces derniers jours, presque enti�rement domin�e par les �v�nements en Syrie : apr�s avoir h�sit�, tergivers�, atermoy�, et j'en passe, cette ch�re Ligue arabe se d�cide enfin � r�agir. Des centaines d'observateurs arabes sont envoy�s au pays de Bachar Al-Assad pour t�moigner, � d�faut d'agir, pour arr�ter le massacre.
Bien s�r, tous ces observateurs ne sont pas des anges, et encore moins des saints, p�tris d'humanisme et d'amour du prochain. Ils ne sont pas tous d�sign�s de la m�me mani�re, ni choisis selon des crit�res purement objectifs. La mission avait �t� d'ores et d�j� entach�e de suspicion avec la nomination d'un �ancien� du Darfour � sa t�te. Tr�s vie, trop vite, des esprits malintentionn�s et hostiles � toute initiative venant d'en haut ont fait le rapprochement avec ce qui s'�tait pass� dans cette r�gion du Soudan. Ils se sont malencontreusement souvenus de cette mission d'observateurs m�dicaux �gyptiens, b�nis par la Ligue, qui avaient �carquill� les yeux en vain au Darfour, mais n'avaient rien vu. Toutefois, on se disait que m�me mal nomm�s, les observateurs devraient avoir au moins quelques moutons noirs parmi eux, des hommes refusant de se couvrir les yeux, ou d'�tre �blouis par je ne sais quel artifice. Elle �tait donc mal partie cette mission de la Ligue arabe, accept�e et bien accueillie par les autorit�s de Damas, mais il �tait dit qu'un homme, un seul, allait se dresser contre l'imposture et la compromission. Un homme seul, et contre tous les personnels des chancelleries appoint�s pour ob�ir au doigt et � l'�il, s'est lev� pour dire non ! Que cet observateur r�tif et consciencieux, soit alg�rien, ne peut que nous donner des motifs de fiert�, au moment o� cette denr�e manque cruellement sur nos �tals. Oui, nous pouvons l�gitimement nous enorgueillir du fait que Malek Anouar est le seul Alg�rien � avoir rendu le tablier. Son seul tort, � mon avis, est de s'�tre exprim� sur le plateau de la cha�ne qatarie Al-Jazeera, la seule arme de destruction massive dont dispose le Qatar � l'heure actuelle. Mais on ne peut pas reprocher ind�finiment � cet ancien officier, reconverti dans le journalisme (voir son blog : http://www.anouarmalek.com/), de ne pas utiliser une telle tribune. Sinon, les arguments de notre compatriote tiennent la route et sont corrobor�s par plusieurs t�moignages qui accusent le r�gime syrien. Il affirme avoir claqu� la porte parce que les faits constat�s sur place l'ont convaincu du caract�re despotique et meurtrier du gouvernement de Damas. Il a estim� que dans les conditions actuelles, la mission des observateurs arabes ne pouvait que servir de paravent aux pratiques r�pressives du r�gime et � ses manigances. Malek Anouar a d�nonc� les manipulations des autorit�s qui n'h�sitent pas � faire tuer leurs propres sympathisants afin d'en faire endosser la responsabilit� � l'opposition. La semaine derni�re, la t�l�vision syrienne en a fourni, en effet, l'�clatante d�monstration en diffusant par erreur des images accablantes sur l'attentat de Damas. Ces images montrent des pseudo-reporters de la t�l�vision d'�tat effectuant une mise en sc�ne apr�s l'attentat. Sans compter que les cam�ras de la t�l�vision �taient d�j� pr�sentes sur les lieux deux heures avant la d�flagration. D'aucuns accuseront mon ci-devant confr�re, Malek Anouar, d'appr�cier un peu trop les apparitions � la t�l�vision, et donc de vouloir tirer la couverture � lui. On peut l'admettre, mais sans vouloir me faire son avocat, j'ai pour ma part deux arguments en sa faveur. Le premier est la r�action quasi instantan�e du chef des observateurs arabes, Mustapha El-Dabi, dont on se demande s'il ne m�riterait pas qu'on lui retire la derni�re lettre de son patronyme. Le g�n�ral soudanais au pass� sulfureux et trouble a accus� Malek Anouar de mensonge et a affirm� que ce dernier n'avait pas quitt� l'h�tel durant six jours � Homs. Deuxi�me �l�ment qui milite en faveur de l'ancien officier de l'ANP, la r�action disproportionn�e de notre ministre des Affaires �trang�res. Dans cette r�action, on peut relever la manifestation de ce qui est devenu d�sormais l'inconstance alg�rienne. D'une part, Malek Anouar ne repr�sente pas l'Alg�rie, ce qu'il n'a jamais pr�tendu �tre du reste, et donc que l'Alg�rie officielle se lave les mains de cette initiative. Effectivement, il se trouve que ce trublion n'a pas �t� d�sign� par le gouvernement, mais agr�� par la Ligue arabe, pour le compte d'une organisation internationale. D'autre part, il est dit le r�gime syrien serait sur la bonne voie, ce qui montre que le chef de la diplomatie alg�rienne n'a pas vu lui aussi le panneau �Sans issue� � l'entr�e de cette voie tortueuse. Il ne le dit pas clairement, fa�on milicien du Darfour comme le g�n�ral cit� plus haut, mais le d�saveu public de M. Mourad Medelci ressemble, � s'y m�prendre, � l'accusation de mensonge prof�r�e par Mustapha El-Dabi. Deux r�actions, deux points de vue �fr�res� de l'Alg�rien officiel et du Soudanais officieux qui contribuent � me faire appr�cier davantage ce monsieur Malek Anouar. Sans oublier, bien s�r, le tour pendable qu'il a jou� aux services marocains qui lui ont ouvert toutes les portes, croyant l'avoir retourn�, et qui ont �t� mis � nu dans un livre br�lot. J'ai gard� le meilleur pour la fin : Malek Anouar a d�pos� une plainte en 2009 contre le dey Soltani qu'il avait accus� d'avoir supervis� des actes de torture pratiqu�s contre lui. L'ancien militaire avait r�cidiv� en 2011 en d�posant une nouvelle plainte aupr�s des autorit�s grecques, en pr�vision de l'arriv�e du leader du MSP � Ath�nes, pour le d�part de la flottille pour Ghaza. On sait que l'idylle avec le Turc Erdogan, ent�rin�e par un accord de p�che, a r�ellement pris son essor avec l'�pisode des bateaux pour Ghaza, qui a fait chavirer le c�ur des pauvres Kurdes. Pour toutes ces raisons, et particuli�rement celle impliquant Bouguerra Soltani, je ne peux que saluer la d�cision de Malek Anouar, y compris s'il en tire un b�n�fice personnel. J'aurais tendance � en faire plus encore s'il daignait nous expliquer les raisons r�elles du retrait de sa plainte contre le chef du �n�o-Hamas�, qui se voit d'ores et d�j� comme le premier exorciste d'Alg�rie, apr�s les l�gislatives �propres et honn�tes� de mai 2012.
A. H.

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