Contribution : Le monolithisme de l’État Algérien à l’épreuve du
pluralisme de la société
Le cas de Ghardaïa (2013-2014)
Professeur Abderrezak Dourari, université Alger 2/CNPLET
«(…) la conception quasi mystique du «corps» souverain de la
nation fait naître un peu partout le «problème des minorités» : ceux qui
ne parlent pas la même langue ou ne pratiquent pas la même religion à
l’intérieur d’une «nation» sont ainsi transformés en un «corps»
étranger, une «minorité» regardée avec suspicion.»
(George Corm, La question religieuse au XXIe siècle, p.49)
Dans Ghardaïa vivent globalement deux communautés algériennes, l’une
d’origine arabe (Banu Sulaym) et l’autre mozabite, d’origine amazighe
zénète. Si la première est venue dans le cadre de l’invasion hilalienne
du Maghreb au XIe siècle sous l’instigation du califat fatimide du
Caire, la deuxième est autochtone. Les deux communautés sont musulmanes
puisqu’on n’entend plus parler de la petite communauté juive qui y
vivait. La première est sunnite malikite sous l’influence grandissante
du wahhabisme ambiant dans le monde islamique d’aujourd’hui, alors que
la deuxième est ibadite. La première a pour langue maternelle l’arabe
algérien et la deuxième parle le tamazight mozabite. La première vit
essentiellement de bédouinisme ; la deuxième est plutôt sédentaire et
s’adonne à l’agriculture (culture du palmier dattier et maraîchère), au
commerce et à quelques industries. Ces deux communautés, algériennes,
différenciées par l’origine, le rite, la langue et le mode de vie, ont
vécu côte à côte depuis des siècles. Même si l’on observe très peu de
rapports matrimoniaux entre eux et l’existence d’espaces propres à
chaque communauté (des villes proprement mozabites ou proprement
arabophones), des espaces de contact urbains (l’école, l’université, les
moyens de transport aérien et routier, l’hôpital, les places
commerciales, l’administration locale…), mais aussi les échanges
économiques, commerciaux et… le chômage, la malvie, et le sentiment
d’abandon par l’Etat, les réunissent.
Cependant, le modèle d’Etat algérien, qui n’a pas été le fruit d’une
cogitation intellectuelle sur les faits anthropologiques et historiques,
est une construction juridique en déphasage complet avec les réalités
sociales. Il est bien le produit de l’urgence ressentie par les
indépendantistes au début du XXe siècle de se doter d’un Etat aussi
unifié que celui du colonisateur, et n’a pas tenu compte de l’histoire
sociale, culturelle, linguistique et religieuse des Algériens. Le modèle
d’Etat colonial, notamment son centralisme jacobin et autoritaire, était
prégnant tant et si bien que c’était l’Emir Abdelkader (figure
arabo-islamique opposée à la France coloniale) qui s’est imposé pour en
représenter l’ancrage historique, plutôt que les royaumes-Etats de
Syphax, ou de Massinissa (autochtones et antéislamiques), ni même celui
des Rustumides (autochtone islamique ibadite), ni encore moins celui des
Hammadites, ou celui des Almoravides ou celui des Almohades (autochtones
et islamiques chiites ou sunnites)…
Le jacobinisme français, autoritaire et fusionniste, a été transposé
mutatis mutandis à la perspective d’Etat algérien. La France était
perçue à travers la lorgnette réductrice de la langue et de la religion
: elle était représentée comme reposant sur la langue française et la
religion chrétienne — traits survalorisés tant et si bien que l’Etat
algérien en perspective devait alors reposer sur la langue arabe
classique et le sunnisme islamique (malikisme), globalement et
exclusivement.
La table de Procruste étant mise, les premiers couacs s’étaient fait
ressentir dans le PPA-MTLD en 1949 quant à la place de l’algérianité.
L’Etoile nord-africaine, puis le PPA et le PPA-MTLD, constitués à partir
de l’émigration algérienne kabyle, essentiellement, et premier noyau du
nationalisme indépendantiste algérien, secrète paradoxalement une
direction politique qui fait dans le déni identitaire le plus
élémentaire : seule l’idée «d’Algérie arabe» est retenue contre l’idée
«d’Algérie algérienne» dont certains de ses partisans ont été éliminés
physiquement par leurs propres compagnons de combat.
A l’indépendance, cette obsession de «fabriquer» un Algérien nouveau
appartenant à une nation d’individus identiques —singletons
mathématiques — a fourni la légitimité à toutes les violences menées par
le FLN parti unique, de l’Etat unique, de la nation unique, d’une
religion unique, s’exprimant dans une langue unique… Elle exigeait une
amnésie historique : l’histoire des Algériens devait commencer le jour
où elle est mise sous domination des troupes arabes sous l’étendard de
la religion islamique. Cet «événement-avènement» est lui-même
transcendantalisé et est exclu des faits historiques humains
(impensable) : confusion entre mythologie et histoire, entre unicité et
unité ! L’une des conséquences en est que d’aucuns iront, aujourd’hui
anachroniquement, jusqu’à oser traiter de traîtres les ancêtres
amazighes (Koceila, musulman, et Dihya) qui avaient défendu leur terre
contre les troupes arabes.
Le costume ainsi taillé était trop étroit pour qu’une algérianité
historique plurielle et bien plus grande puisse s’y accommoder, d’autant
que les gestionnaires de cet Etat souffraient et souffrent toujours
d’une illégitimité patente et d’une culture d’Etat indigente. Ce ne sont
d’ailleurs pas les textes fondateurs de la Révolution ouverts sur la
citoyenneté et le concept d’Etat-nation moderne (XIXe-XXe siècles) qui
ont inspiré les tenants du pouvoir depuis l’indépendance. Le texte de la
plate-forme de la Soummam, qui insiste sur la reconnaissance de la
citoyenneté des différentes communautés algériennes d’origine européenne
et autochtone, au-delà de leurs convictions religieuses, couplé au rejet
explicite de la théocratie, est scotomisé depuis l’assassinat de Abane
Ramdane.
Les différents coups d’Etat postindépendance, à commencer par celui
contre le GPRA qui a conduit la lutte armée jusqu’à l’indépendance, pour
réduire l’Etat à une surenchère d’allégeance au chef surpuissant, les
institutions à un décorum et l’identité à un carcan déréalisé en
conformité avec les fantasmes idéologiques des chefs.
En ne prenant pas en compte les composantes culturelles, linguistiques,
religieuses… réelles des Algériens, en refusant de reconnaître dans les
faits la liberté de conscience et les libertés individuelles, ce
paradigme d’Etat avait inscrit la tendance centrifuge dans sa
philosophie fondatrice, ainsi que dans ses modes de gouvernance. La
crise de Ghardaïa comme celle de Kabylie, ou des Aurès ((affrontements
récents entre Nememcha (amazighs), et Ouled Yahia (d’origine arabe)), ou
des Touareg (affrontements récents entre Touareg et Arabes) — régions
constituées de spécificités non prises en compte — n’en sont que les
symptômes apparents.
L’Etat algérien, constitué contre sa propre histoire et contre la
citoyenneté, avec des institutions factices, qui contrôlent plus
qu’elles ne gèrent les intérêts des différentes composantes de la
société, contient une obsolescence programmée.
Les Mozabites ibadites face à leur mode d’organisation
L’Etat algérien est un cadre juridique, politique et linguistique qui
n’intègre pas les minorités et les spécificités représentées comme
menaces à l’unité de la nation. Les Mozabites amazighs et ibadites
représentent une double spécificité qui n’ entre pas aisément dans ce
cadre étriqué. Mais les structures politiques traditionnelles mozabites
(majlis al-‘a’yân, conseil constitué des ‘I’azaben-chargé de maintenir
le dogme ibadite dans sa
pureté ; majlis cheikh Abderrahmane al-Karthi, conseil chargé de la
gestion des choses laïques ; et majlis ’ami Saïd, conseil supérieur de
coordination entre les différentes villes y compris Ouargla) sont de
moins en moins opérationnelles et font souvent doublure avec les
structures modernes de l’Etat (mairies, daïras, wilayas, ministères)
sans en avoir la puissance d’action. Ces conseils ancestraux des
Mozabites ibadites ne sont plus si crédibles et il se crée des conseils
de coordination élus par les acteurs à chaque fois que la conjoncture
l’exige.
La tradition des Mozabites de ne pas intégrer les structures militaires
et de police les rend encore plus vulnérables. En Algérie, on ne connaît
quasiment aucun général, colonel, wali, ministre mozabite (il y en a eu
quelques-uns pour ce dernier poste) contrairement aux Kabyles et Chaouis,
par exemple. Cette auto-marginalisation par crainte d’altération de leur
identité ancestrale, et pour maintenir la loyauté des individus attachée
à la seule autorité des structures traditionnelles mozabites, agit
aujourd’hui dans le sens opposé de celui attendu.
Leurs concitoyens et voisins arabophones s’inscrivent dans une
perspective contraire et le fait qu’ils se définissent déjà dans le
cadre de la formule identitaire étatique officielle (arabo-islamique
sunnite malikite), donc anti-khâridjite et antiberbère, minimise leur
origine allochtone et les met en position de force au double plan
stratégique (intégration des rouages décisionnels de l’Etat) et tactique
(intégration des instruments opérationnels de police locaux et
nationaux). D’où ce sentiment, sans doute vraisemblable, des Mozabites
que les services de police (dont la composante humaine est communément
essentiellement locale) se rangent du côté du voisin arabophone. Les
Mozabites appartiennent donc à l’autochtonie amazighe majoritaire en
Algérie (non reconnue comme telle par le pouvoir), mais sont
minoritaires dans la vallée qui porte leur nom (vallée du M’zab) aux
plans démographique, religieux et linguistique. Par ces critères, ils
sont minoritaires à l’échelle nationale, mais aussi dans le cadre plus
restreint de l’amazighophonie.
Un haut responsable algérien, en visite à Illizi (début mars 2014), pour
lequel «il n’existe pas de minorité en Algérie», et au lieu de dire que
les ibadites étaient des citoyens algériens au même titre que les
autres, déclare, comme dans un élan lyrique de générosité : «Les
ibadites sont nos frères, ils sont d’ailleurs sunnites» !
Ibadisme contre khâridjisme
Les ibadites sont accusés par le wahhabisme (car en fait le malikisme
n’a plus d’école visible, ni de leader reconnu) de khâridjite. Même
historiquement infondée, cette accusation les met psychologiquement dans
la défensive face au voisin malikite plus nombreux et tirant profit des
critères identitaristes chers au pouvoir. La haine anhistorique cultivée
contre le khâridjisme, dans le discours religieux officiel dominant,
renforce par ricochet l’inimitié agressive du salafisme — prisonnier de
l’atmosphère réifiée (habitus et hexis : habillement, postures
corporelles, pseudonymes) des clivages théosophiques, politiques et
religieux du VIIe siècle de l’ère chrétienne où son horloge
civilisationnelle semble s’être définitivement arrêtée.
Le conflit politique entre Muawiya Ibn Abî Sufyân et Ali Ibn ‘Abî Tâlib,
suite à la guerre de Siffîn (657), et l’arbitrage qui tourna à
l’avantage truqué du premier, est hypostasié, rendu atemporel et
conditionne à nos jours les conflits sanglants entre musulmans.
A Nahrawayn (658) la guerre opposa Ali et les khâridjites qui rejetaient
l’arbitrage. La guerre entre l’imam Hassan (fils de Ali et de Fatima) et
Muawiya après l’assassinat de Ali par un azraqi (khâridjite),
cristallisa les oppositions islamiques par-delà l’histoire et la
géographie ! Muawiya, le plus contesté des califes pour les musulmans,
est paradoxalement perçu comme le représentant atemporel «des gens de la
sunna et du consensus» (ahl as-sunna wa l-djamâ’a) ; alors que le calife
Ali, le looser, est paradoxalement célébré pour sa probité (et pour être
un ahl al-bayt, gendre et cousin du Prophète), mais est anathématisé par
les sunnites pour être le référent du chiisme et par les kharidjites,
notamment de la secte azraqiyya, pour avoir accepté l’arbitrage. Mais y
a-t-il des paradoxes dans la pensée mythique ?
Ceux parmi ses partisans qui l’ont combattue pour avoir accepté
l’arbitrage, les khâridjites azraqi, sont combattus autant par les
sunnites, partisans de Muawiya, que par les chiites restés fidèles à Ali
!
C’est dans cette atmosphère idéologique électrique et confuse que les
ibadites — qui étaient en désaccord politique pacifique avec Ali, tout
en ayant combattu dans les rangs de son armée, puis dans l’armée de son
fils Al-Hassan contre Muawiya — sont embarqués indistinctement comme
khâridjites et leur vouent une haine injustifiée. C’est ce qui conduisit
Abu Yazid (l’homme à l’âne) ou Obaïd Al-Lah, le chef guerrier fatimide,
à les combattre, et, pour le dernier cité, à écraser la cité ibadite de
Tihert au Xe siècle. En fait, les muhakkima, dont fait partie le
fondateur manifeste de l’ibadisme (Abdellah Ibn Ibâdh), n’étaient
d’accord ni avec Ali ni avec son fils Al-Hassan, et encore moins avec
Muawiya, mais s’étaient rangés militairement contre ce dernier ! Les
gens qui n’avaient pas cautionné l’arbitrage entre Ali et Muawiya
s’appelaient les muhakkima (qui déclarent ne reconnaître la capacité
d’arbitrage qu’à Dieu). Le fondateur manifeste de l’ibadisme, Abdellah
Ibn Ibâdh at-tamîmî al-murrî de la tribu de Mudar, était membre des
muhakkima et s’était opposé au leader des kharidjites radicaux comme Abu
Rachîd Nâfi’ bnu l-‘Azraq dont il réfuta explicitement les idées. Ces
conflits politiques du VIIe siècle en Arabie (Asie) sont essentialisés
et transposés tels quels dans cette Algérie (Afrique du Nord) du XXIe
siècle et constituent la trame de l’excessive agressivité des salafistes
à l’égard des ibadites, mais certainement aussi l’indifférence implicite
probable des agents de l’Etat et de ses institutions locales. C’est
connu, les salafistes ne tiennent aucun compte de l’espace et du temps.
Seule leur façon de voir est vraie.
Tout le reste est totalement faux, hypocrisie et apostasie, selon eux.
Le fait qu’en 1990, le FIS n’ait obtenu aucune commune à Ghardaïa
n’est-il pas une chose à méditer dans ce sens ? Mais en quoi l’Etat
algérien moderne (on est en 2014 !) est-il concerné par cet écheveau
politico-religieux d’un autre temps et lieu ? En quoi les Algériens
amazighs mozabites, qui ne vivaient pas en Arabie, au temps de ces
conflits entre Arabes d’Arabie, mais bel et bien en Afrique du Nord
(dans cette vallée du M’zab), seraient-ils en quoi que ce soit
responsables de ce qui s’y passa à cette époque si lointaine
géographiquement et historiquement ? Les Mozabites ne sont devenus
ibadites qu’un siècle après cet événement !
De même, en quoi les Algériens d’origine Banu Soleim, qui vivent ici
depuis 1000 ans, seraient-ils en quoi que ce soit tenus pour héritiers
des actes des bédouins de l’époque qui n’étaient pourtant pas connus
pour être entrés en Islam parmi les premiers ? Mes amis des deux côtés
savent bien le fond de ma pensée : tous sont des Algériens et uniquement
Algériens et la seule loyauté à proclamer est celle due à la République
algérienne, dont l’Etat voit ses institutions péricliter chaque jour
pour devenir progressivement impuissant face au crime et aux lobbys. On
voit bien la nécessité d’une réforme de l’Etat et du système éducatif
pour l’enseignement de l’histoire de la religion /des religions en
enracinant l’identité algérienne dans l’histoire scientifique, dans l’algérianité
non mythique, dans le territoire, dans la géographie, avec la nécessité
de la présence physique d’une carte du monde et du globe terrestre dans
les salles de classe. L’hypertrophie du discours identitariste ressassé
par le FLN-parti-Etat depuis 1962 (en cela continuateur de la position
du PPA-MTLD) a abouti aujourd’hui à ces conséquences logiques. La crise
à Ghardaïa est une crise du modèle d’Etat algérien tout autant qu’une
crise du pouvoir FLN-parti archaïque et de son idéologie déréalisée.
Seule une solution basée sur la refonte de l’Etat algérien, sur la
séparation et l’équilibre des pouvoirs, sur la citoyenneté assumée par
le pouvoir réel et par ce qui reste des institutions de l’Etat et des
citoyens, mais aussi une véritable refonte d’une politique linguistique
pluraliste, en phase avec une politique culturelle, et éducative
citoyenne, est à même, sur le long terme, de re-stabiliser l’Etat et la
société dans le respect des différences.
Quelques actes urgents utiles
Considérant que ce rite islamique est inconnu en vérité de la majorité
des Algériens, et que cette ignorance est manipulée pour discréditer nos
concitoyens mozabites ibadites :
1- il serait utile de faire une campagne intense d’explication du rite
ibadite à travers les mosquées et les TV publiques et privées, par le
biais d’imams ibadites qui passeraient dans les mosquées sunnites des
grandes villes pour vulgariser leur rite à leurs collègues et aux
croyants ;
2- organiser un grand colloque scientifique à Ghardaïa même ou dans la
capitale sur l’ibadisme et sur la vie en société, le pluralisme et le
vivre ensemble pour apporter des éclairages de la science sur cette
question ;
3- Mettre en place un collectif de juges connus pour leur impartialité
qui ne doit tenir compte que du droit en considérant que tous sont des
citoyens égaux devant la loi : punir et non couvrir les fauteurs de
troubles filmés en plein acte, y compris les agents de l’ordre ;
4- mettre en place une commission nationale indépendante d’enquête
composée de personnalités reconnues pour leur probité et impartialité
(style commission Issad pour la Kabylie), avec un délai raisonnable de
reddition du rapport et des recommandations ;
5- assurer la sécurité des hommes et des biens de manière impartiale par
un corps de sécurité sous contrôle de la loi et n’obéissant qu’à la
loi ;
6- contraindre les institutions de l’Etat dans la région à un
fonctionnement conforme à l’Etat de droit (bannissement de l’impunité).
7- sanctionner les agents de police et de l’Etat impliqués dans le
soutien d’une partie des citoyens contre l’autre et ceux impliqués dans
des exactions inhumaines que la loi et la morale réprouvent : il s’agit
de rétablir l’ordre républicain et légal et non pas de semer les graines
du désordre ;
8- libérer les citoyens arrêtés alors qu’ils défendaient leurs biens
contre le pillage et la destruction par l’incendie pour effacer les
traces ;
9- maîtriser les réseaux salafistes et le cartel de la drogue et
empêcher leurs activités provocatrices agressives contre les Mozabites
et ibadites et plus largement de toute la société ghardaouie ;
10- reconnaître officiellement l’ibadisme comme un rite musulman et le
défendre en tant que composant de l’algérianité et en tant qu’expression
de la liberté de culte et de conscience garantie par la Constitution de
l’Etat algérien contre l’agression du salafisme ;
11- assurer à la région un développement économique et social à même de
rendre l’espoir et la vie à la jeunesse de la région (arabophones et
amazighophones, malikites, ibadites, etc.) et l’orienter vers l’avenir
et non vers le passé, vers la construction et non la destruction.
Modus operandi
Ces aspects pourraient être formulés dans un discours officiel de la
plus haute autorité de l’Etat sous la forme d’assomption de ces idées
citoyennes, conformes à l’Etat de droit, et de promesses
constitutionnelles et légales et d’actions immédiates (planning de
réalisation) en partenariat avec la commission de coordination dont la
population locale s’est dotée.
A. D.
Voir Ali Yahia Abdennour, 2014, La crise berbère de 1949, Quelle
identité pour l’Algérie ?, Barzakh, Alger
Ceci est d’autant plus vrai que la thèse de l‘origine arabe yéménite
Himyarite des Amazighs est toujours d’actualité dans les sphères
officielles et compte en sa faveur un lobby arabiste puissant.
V. A. Dourari, 2014, Amazighs in the Algeria : an ethnic majority yet a
linguistic minority, Routledge, USA, GB
Dans la dernière crise à Ghardaïa, des slogans, dupliqués à la manière
des révolutions arabes, demandaient le départ des kharidjites ! : «Irhal
ya khawaridj !»
V. A. Dourari, Algeria : Cultural Multiplicity and Unity Dialectics, in
Multiculturalism in the Maghreb, Edited by Moha En-Nâjî, Routledge, 2014
; pour une étude sérieuse des hadiths apocryphes sur l’ibadisme, voir
Al-Khawaridj wa l-haqîqa al-ghâ’iba (= Les Kharidjites et la réalité
oblitérée) de Nâcir b. Sulaymân b. Sa’îd as_Sâbi’, université Sultan
Qabus, Oman.
L’ancien ministre des Affaires religieuses, dans certaines de ses
interventions, leur fait porter le chapeau du terrorisme alors que
l’actuel affiche une ouverture d’esprit favorable à une vie citoyenne
apaisée.
Ceci ne les empêche pas de profiter de gadgets modernes du nec plus
ultra en matière de voitures, de smartphones, de montres, de
micro-ordinateurs…
Les kharidjites étaient de trois tendances : an-Najdiya, al-‘Azâriqa et
al-Muhakkima
Voir Ibn Hazm, Djamhrat ansâb al-‘arab
V. Al-Ibâdhiya, a study of the Islamic sect of Nefusa, Omar Khalifa Al-Nâmi
(pdf) ; La zenatia du M’zab de Ouargla et de l’Oued Rhir, René Basset,
Paris, Ernest Leroux, éditeur, 1893 (pdf)
|