Actualités : Colloque au parlement européen à Bruxelles sur le
pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental
«Made in conflict, goods from Western Sahara»
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Le Parlement européen (PE) a abrité mardi un colloque sur les
conséquences de l’arrêt de la Cour de justice européenne de décembre
2015 sur l’accord agricole UE-Maroc.
Organisé par des eurodéputés du Groupe socialiste, le symposium a pu
écouter plusieurs intervenants, experts, spécialistes, hommes et femmes
de droit sur la question. Parmi eux, Ingolfur Friorikson, Premier
secrétaire de l’ambassade d’Islande à Bruxelles et membre de la mission
islandaise auprès de l’Union européenne, qui a évoqué «la légalité
internationale et les perspectives politiques». Sara Eyckmans,
coordinatrice des Réseaux de protection des ressources naturelles du
Sahara occidental, Mohamed El Baikam de l’Association de défense des
richesses halieutiques de la ville sahraouie occupée Dakhla (Fisheries
Association in Dakhla) et Andres Gon Gora, responsable du secteur des
fruits et légumes de l’Union espagnole du commerce agricole (Spanish
Trade Union) ont été, en quelque sorte, les témoins à charge du Maroc
dans sa politique —planifiée — du pillage des ressources naturelles du
Sahara occidental, tant halieutiques, agricoles, archéologiques,
minières, historiques, ou autre.
Il n’est pas jusqu’aux traces mémorielles de la civilisation sahraouie
que le colonialisme marocain n’ait voulu éliminer et ou phagocyter. Les
participants au séminaire, tant les intervenants que l’auditoire,
connaisseur, trié sur le volet, ont volontairement évité les formules à
l’emporte-pièce ou les déclarations inutiles. L’objectif était et est
toujours d’amener l’Union européenne à appliquer, dans les plus brefs
délais et sans triche, l’arrêt des magistrats de Luxembourg invalidant
l’accord agricole passé avec Rabat parce qu’englobant le Sahara
occidental, territoire non-autonome, relevant de la doctrine des
Nations-Unies en matière de décolonisation. C’est d’autant plus
conséquent pour Bruxelles parce qu’il permet l’anticipation sur les
arrangements halieutiques contractés avec le Maroc incluant la façade
maritime du Sahara occidental et qui, nul doute, subissent le même
triste sort que le brigandage sur les fruits et légumes. La Cour de
justice européenne cassera pour les mêmes raisons l’accord halieutique
conclu avec le Maroc. La jurisprudence est ce qu’elle est en Europe. Il
est vrai que la Commission européenne sous pression française a
introduit un recours pour éviter l’application de l’arrêt rendu par les
magistrats de Luxembourg. Les premiers signaux qui parviennent aux
décideurs de l’UE laissent apparaître un scepticisme grandissant chez
ceux qui attendent que quelque chose bouge en faveur de la continuité
des actes de brigandage, hors la loi européenne, hors de la légalité
internationale et contraire aux valeurs et à l’ethique que le Vieux
Continent ne cesse d’évoquer s’agissant des autres. Sur le dossier
sahraoui, la Commission européenne, le gouvernement de l’Union en
définitive, ne peut plus continuer d’assister le cambrioleur (Maroc) et
de pleurer avec sa victime (le peuple sahraoui) (tesraq maâ essareq ou
tebki maâ mouleddar).
Le thème du symposium d’avant-hier à Bruxelles est à lui seul
significatif «Made in conflict goods from Western Sahara».
A. M.
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