Actualités : FOYERS DE TENSION SUR LE CONTINENT AFRICAIN
Les vérités de Smaïl Chergui
Le Sénat s’est montré avide de détails sur les foyers
de tension qui minent la région. Smaïl Chergui, commissaire pour la paix
et la sécurité en Afrique, a dû faire face à de nombreuses questions s’y
rapportant lors de son passage hier au sein de la Chambre haute.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces questions n’ont pas toutes
trouvé réponse. L’invité de l’institution a fait en sorte de se
cantonner dans son rôle de représentant du continent africain chargé
d’une mission de paix et de sécurité. Mais certains sénateurs ont fait
passer leur message en démontrant une préoccupation particulière pour
les tensions générées par les récents propos tenus par de hauts
responsables marocains.
«Dites-nous comment vous interprétez les nouvelles déclarations
marocaines. Que cherche le Makhzen ?» martèle l’un d’eux malgré
l’insistance du président de la Commission des affaires étrangères à
vouloir limiter les intervenants à une seule question.
Smaïl Chergui se garde de tout commentaire sur le sujet. Sa réponse
s’est fait entendre quelques instants plus tôt lors d’une allocution où
il évoque l’existence de jeux malsains dans un Sahel pourtant menacé par
de nombreux dangers, tels que les groupes terroristes «et ni Al-Qaïda ni
Daesh ne sont de nos inventions». Réponse diplomatique, la seule du
genre, depuis les très graves propos tenus par un haut responsable à la
sécurité marocaine qui accusait l’Algérie d’avoir «créé des groupes
terroristes». Les sénateurs irrités par cette nouvelle provocation ont
fait entendre leur voix.
L’Algérie officielle refuse une nouvelle fois de se laisser entraîner
dans une polémique inutile qui ne servirait qu’à aider ses détracteurs à
détourner leur opinion interne des véritables problèmes auxquels est
confronté le Maroc.
Smaïl Chergui a cependant émis le souhait de voir le problème du Sahara
occidental se dénouer rapidement. L’adhésion du Maroc à l’Union
africaine où il siège à présent aux côtés de la RASD (République arabe
sahraouie démocratique) «me laisse espérer une solution immédiate au
conflit du Sahara occidental qui n’a que trop duré», dit-il. Il poursuit
: «Le Conseil pour la paix et la sécurité africain a affiché des
positions concernant la cause sahraouie et a proposé la relance d'une
commission présidentielle qui existait auparavant, dans une tentative de
trouver une solution à cette question (…) le peuple sahraoui n’a que
trop souffert (…)».
L’Afrique, comme la région du Sahel, sont, dit-il des zones où
s’exercent des influences qui retardent ou empêchent carrément les
solutions dans les pays en proie à de graves crises. La Libye en est un
exemple probant. «La Libye est un pays riche, convoité, et les
interférences peuvent aggraver la situation aux retombées immédiates sur
la région. Plus de 60 millions d’armes se trouvent dans ce pays, et il y
a plus grave, car des armes ultra-sophistiquées ont été introduites
dernièrement. C’est une véritable menace pour les Libyens et pour nous
tous car certaines de ces armes ont déjà été acheminées vers le nord du
Mali et le Sahel où se trouvent des groupes de terroristes et des
contrebandiers en nombre, de ce fait, ils pourraient devenir plus
puissants que des armées elles-mêmes. Ce n’est pas normal, il faut fair
vite pour résoudre la crise libyenne.» Le commissaire à la paix et la
sécurité en Afrique a ensuite annoncé que le Conseil préparait
actuellement une délégation ministérielle qui devrait se rendre, dans le
courant du mois de mai, en Libye pour apporter sa contribution au
règlement de la crise. Interpellé par un journaliste au sujet du rôle
trouble joué par les Emirats arabes unis en Libye, Smaïl Chergui a
répondu que ce pays n’était pas le seul à agir dans la région mais que
beaucoup d’autres Etats le faisaient aussi «ce qui risque d’aggraver la
situation (…) les Libyens doivent résoudre leur crise entre eux, sans
interférence».
Après un exposé global sur la situation prévalant en Afrique, le
conférencier revient une fois de plus sur le Sahel, le Mali plus
exactement où, dit-il, l’Algérie a joué un rôle qui a probablement évité
à ce pays une très grosse catastrophe. «A présent, il y a un processus
de paix qu’il faut relancer.» Smaïl Chergui a dit ses vérités…
A. C.
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