Actualités : L’année 2016 a enregistré 6 000 cas dont 6 décès
Les chiffres effarants des intoxications alimentaires


Le président de l’Apoce, M. Mustapha Zebdi, a choisi le forum du Moudjahid, pour annoncer le lancement de sa nouvelle campagne nationale pour la prévention de la toxi-infection alimentaire qui a lieu, la plupart du temps, lors de repas collectifs (fêtes de mariages ou restaurants), mais spécialement lors du mois sacré. La conférence de presse, qui s’est tenue hier matin, a énuméré bien des situations auxquelles le consommateur est assujetti quasi quotidiennement.
Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir) - Cette campagne qui a commencé il y a trois jours alerte le consommateur non seulement quant à la prévention contre l’intoxication, mais appelle tous les consommateurs à éviter le gaspillage qui devient critère spécifique au mois sacré. Le Dr Naziha Djedaini a déclaré que «malheureusement, le taux d’intoxications, selon les médecins, passe du simple au double, quelquefois au triple, durant le mois de Ramadhan. Pour éviter cela, il est recommandé aux consommateurs de ne pas changer de magasins durant ce mois sacré. Il faut rester fidèle à son boucher, son boulanger pâtissier, son marchand de légumes etc. Aussi, nous appelons les consommateurs à éviter d’acheter les plats précuits, comme les boureks préparés, le h’mis etc, surtout que le Ramadhan coïncide, depuis quelques années déjà, avec la saison chaude ; ce qui pousse les consommateurs à acheter les fameuses boissons au citron, appelées charbet, faites à base d’acide citrique et non de citron frais».
Concernant les familles qui préparent des boureks ou du pain maison lors du Ramadhan, «je ne le leur interdis pas, surtout si c’est pour arrondir les fins de mois, seulement, si elles étaient soumises à des contrôles d’hygiène et de traçabilité, ce serait plus rassurant pour le consommateur».
Le docteur a également pointé du doigt ces commerces qui se travestissent en magasins de pâtisseries le temps du mois sacré, alors qu’ils activaient, quelques jours avant, dans tout autre chose.
Le phénomène le plus répandu depuis quelques Ramadhans déjà, c’est la vente sauvage des grillades, «que ce soit des brochettes de viande, de poulet que nous voyons au bord des routes. Il faudrait savoir que durant le mois sacré les abattoirs non officiels pullulent et aucune traçabilité n’est garantie. En deçà du problème de la traçabilité, le feu de ce barbecue de fortune est fait de bois de palettes lesquelles sont généralement pleines d’acariens et vernies, ce qui représente un énorme danger pour la santé du consommateur».
M. Mustapha Zebdi, après que des flyers et affiches furent distribués à l’assistance, a déclaré que «l’Apoce veillera à ce que ces affiches soient distribuées au niveau de toutes les communes du pays, a-t-il insisté, dans l’espoir de voir le nombre de consommateurs subissant les catastrophes sanitaires, dans lesquelles ils se retrouvent souvent, à la baisse».
Toujours dans le cadre du mois sacré, le président de l’Apoce appelle les citoyens à éviter le gaspillage «pourquoi est-ce que le seul repas journalier, lors du Ramadhan, dépasse la dépense journalière des autres mois de 50% ? Je comprends qu’on mette de la viande dans tous les plats, mais cela est énorme que ce soit du point de vue économique ou d’éthique. Nos plats traditionnels sont faits sur la base de la récupération. Il faut savoir que notre association a discuté avec bien des départements universitaires pour inculquer le sens de l’économie à nos étudiants. Il est temps de revenir à nos sources et d’abandonner ces achats du m’as-tu vu !».
«En tant qu’association au service du consommateur, nous avons pour ambition d’élaborer un label de recommandation qui sera mis sur certains produits et j’en appelle à tous les spécialistes, organismes et ministères concernés pour établir un cahier des charges, afin de travailler dessus», déclare-t-il, appelant M. Halès, le directeur général de l’Ianor de bien vouloir transmettre les listes des produits labellisés et souhaite la voir médiatisée, dans le cadre de la prévention, mais également pour éviter au consommateur de se rabattre sur les produits de moindre qualité.
Le président de l’association a également déclaré que dans les quelques semaines à venir, la campagne pour lutter contre la spéculation reprendra, «il est inconcevable qu’il y ait encore des personnes qui tiennent des aires de stockage et des chambres froides, dans le but de maintenir les prix forts. Nous dénoncerons toutes ces malfaçons et ces violations de la loi à travers nos réseaux de communication», s’indigne-t-il, ajoutant que «la campagne après le mois sacré sera celle du ciment dont le prix légal est de 400 DA le sac, alors qu’il frôle les 900 DA. Nous lancerons, s’il le faut, une campagne de boycott, comme celle faite pour la semoule, il y a quelques semaines, ce qui a ramené les prix à la juste valeur».
Quant à la crise de lait, avec le document à la main, M. Zebdi déclare que «nous avons reçu un courrier de l’Office national du lait attestant qu’il n’y a aucun manque dans la quantité de poudre de lait qui couvre le besoin national en la matière. Seulement, le manque cruel de ce produit se fait sentir un peu partout à travers les 48 wilayas. Le problème est à clarifier», ajoutant que «le lait qui se vend à 25 DA le sachet n’est pas aussi bon que le lait cru qui se vend entre 45 et 50 DA le litre, seulement, même les gens qui peuvent se permettre le lait cru, préfèrent celui de 25 DA, question de goût ou de sous, le consommateur a droit à porter son choix».
Concernant les viandes, le président de l’Apoce a salué le ministre du Commerce qui a interdit l’importation de la viande congelée laquelle demande un sérieux suivi dans la chaîne de froid qui n’est pas toujours respectée, «surtout que certains commerçants malveillants, comme les restaurateurs et fast-foods, la présentent souvent comme viande fraîche». Le président de l’association a également salué cette décision quant à l’affichage de la traçabilité de la viande rouge.
«Avec toutes ces démarches, l’Apoce souhaiterait voir la courbe des chiffres des intoxications et des prix à la baisse, lors du mois sacré, mais également toute l’année», conclut-il.
M. A.-S.



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