Chronique du jour : Tendances
Ça craint !


Youcef Merahi
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Depuis ma dernière chronique, je n’ai pas trouvé grand-chose à me mettre sous la dent, en matière d’infos chocs. Ailleurs, il y a bien sûr les ouragans, Irma et José, qui font leur ronde macabre. Ça craint ! Quand on voit les dégâts causés par ce monstre de la nature, il y a de quoi se poser des questions, quant au devenir de notre planète bleue. Au fait, pourquoi nomme-t-on ces typhons et autres ouragans ? Et qui est chargé de cet état civil ? Autre interrogation : pourquoi ne pas nommer également les tremblements de terre, comme celui du Mexique ? L’homme déglingue la planète ; au moment où celle-ci réagit, comme touchée en son centre nerveux, l’homme – toujours lui — s’amuse à prénommer ces phénomènes. Il y a de quoi s’arracher les cheveux, non ?
En Birmanie, une partie de la population se fait éjecter manu militari, au motif qu’ils ne sont pas birmans. Au nom d’un nationalisme qui n’a plus lieu d’être, les Rohingyas, de confession musulmane, faut-il le souligner, se font carrément massacrer par l’armée birmane. Et dire que le premier ministre est prix Nobel de la paix ! De quelle paix s’agit-il ici, Madame ? En attendant, la paix en Palestine demeure une utopie, tant que les grandes puissances de ce monde ne font pas leur boulot ; lesquelles puissances se font un sang d’encre, parce que la Corée du Nord dispose de la bombe atomique. Je ne suis pas loin d’applaudir la prouesse des coréens ; basta de la hogra américaine, et autres supplétifs qui courbent et l’échine devant Trump.
Ici, l’info la plus préoccupante, me semble-t-il, réside dans la volonté de notre gouvernement de recourir à la planche à billets. J’ai entendu certains spécialistes mettre en garde contre cette décision, qui peut mener le pays au chaos économique. Puisque l’endettement extérieur est exclu, on recourt aux raccourcis financiers dangereux. La banque d’Algérie va imprimer des billets, qui n’auront aucun correspondant de richesse, afin de rafistoler ce qui peut l’être. Si je me souviens de mes leçons d’économie, à chaque billet émis par la Banque d’Algérie doit correspondre un étalon (or ou devise). Qu’on me corrige, si je me trompe. Est-on à ce point en faillite pour passer à ce mode de financement ? Qu’a-t-on fait du temps de l’embellie ? Y a-t-il eu des investissements structurants ? Qu’on ne vienne pas me parler des logements, des autoroutes et autres chemins de fer ! A-t-on produit de la richesse du temps où le porte-monnaie débordait de sous ? Le pétrole ? Quoi, le pétrole ? Notre pétrole est une forme d’œillère qui empêcha nos gouvernants de voir plus loin que l’horizon des dépenses immédiates. Ah, la sacro-sainte paix sociale ! Désormais, on la financera avec quoi, cette paix sociale ? On risque de nous rendre avec un couffin plein, à ras bord, de billets «planchés» pour acheter un morceau de viande. Ce n’est pas une simple boutade, de ma part. Il faut revenir vers le passé économique de certains pays du monde. Et dire qu’on nous a bassinés des années durant ; pas de soucis ; la crise est passée, pas très loin, mais elle est passée. L’algérien n’est pas prêt de revenir à la situation des années quatre-vingt ; là non plus, ce n’est pas une simple boutade. Car il faut la payer, cette paix sociale. Je voudrais bien qu’on me dise de quelle manière. A moins que l’or noir (ne faut-il plutôt l’appeler «la misère noire») ne revienne au prix des 120 dollars ; et ce n’est pas gagné, les amis ! Personnellement, cette situation me donne des cauchemars ; je ne sais pas ce qu’il en est pour vous. Le pire est à craindre pour l’année à venir. Il faut en convenir, rien n’est conventionnel dans ce pays ; là, c’est une boutade !
Madame la Ministre de l’Education réclame un plan Marshall pour son école. C’est peu dire ! A chaque rentrée, les mêmes problèmes ressurgissent, comme si l’administration concernée n’a rien fait durant l’année écoulée. Les affectations. La surcharge des classes (on en parle encore en 2017, on en reparlera encore en 2018, le pari est tenu). Les départs à la retraite. Puis, les manuels ! Ah, les manuels ! Qui se font désirer. A chaque année, c’est la même chose. On ne peut pas s’en occuper sérieusement une bonne fois pour toutes. Alors, appliquez ce fameux plan, et qu’on se débarrasse des scories qui bouffent les perspectives de l’école algérienne. Une question à un dinar «planché» : comment financer ce plan Marshall ? Quand au redoublement, c’est toute l’Algérie qui redouble depuis les années soixante.
L’article 102 est sur toutes les lèvres. Un sacré morceau, cet article ! Les proches du pouvoir ne cessent pas de répéter, à l’envi, que notre Président se porte bien et qu’il dirige le pays. Le hic, c’est que l’algérien ne voit pas souvent son Président ; il ne lui parle plus, sinon par missive interposée. Il ne l’entend plus. Mais il se porterait comme un charme, selon ses proches : la preuve, c’est qu’il a présidé un conseil des ministres récemment. Et il présidera le prochain. Comme il se pourrait qu’il se présente à sa propre succession, si l’envie lui prenait. Pourquoi pas un cinquième mandat ? Oui, pourquoi pas? Chut, il ne faut pas en parler ; le patron du FLN nous recommande la prudence ; d’abord, les élections locales ; ensuite, il sera toujours temps de fignoler un cinquième mandat. En attendant, la planche à billets aura fait son œuvre : c’est un cauchemar récurrent chez moi. Je la vois cette planche, comme un ogre, en train de taper des billets à n’en plus finir. En veux-tu, en voilà ! Non, ce n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller. Comme il n’y aura ni article 102 ni cinquième mandat ! Pourtant, ça discute ferme, ces derniers temps. Notre Président ne préside plus, il faut agir en conséquence. Il y eut d’abord les «19» (moins quelques membres) qui voulaient vérifier si, réellement, notre Président préside et qu’il se porte bien. La tentative fut vaine ! Ce n’est pas faute d’avoir essayer, en tous les cas. Maintenant, Boukrouh (ancien chef de parti, ancien ministre et penseur) va plus loin ; il a la certitude que notre Président ne préside plus et qu’il faut, par conséquent, en tirer les conséquences. Qui a tort ? Qui a raison ? Le seul qui peut répondre à cette question, c’est bien le Président lui-même. Un petit discours à la télé (même privée) remettra les choses à leur place. Juste un petit discours !
En attendant ces miracles du discours et de la planche à billets, l’équipe nationale a bouffé sa chique à Constantine. Parce que certains joueurs cadres n’ont pas fait leur boulot. M’bolhi a cafté, non ? Il a eu le courage de le faire. Et le patron du foot algérien nous promet une «révolution» au sein et autour de l’équipe nationale. D’abord, une purge ! Ensuite, on verra. Sauf que la révolution doit toucher tous les secteurs de la vie nationale. Ah, la révolution s’est faite à la JSK : il y a un nouveau président (c’est son premier mandat) qui a ramené sa baraka, puisque l’équipe a gagné à l’extérieur.
Que les spécialistes des visas m’expliquent comment me rendre au Qatar ! Il me faut un visa Schengen pour me rendre au Qatar. C’est une question, chers amis. Pourquoi me rendre au Qatar si j’ai un visa Schengen ? Un petit tour en Espagne ne me ferait pas de mal. Je pourrais y bâtir des châteaux, pour falsifier mes cauchemars.
Y. M.



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