Chronique du jour : DIGOUTAGE
Zangra


Par Arris Touffan
Dans la désertification intellectuelle et culturelle provoquée par la glaciation de notre époque corrompue par des zèles antagoniques, il pousse sur la glèbe asséchée une espèce nouvelle de commissaires politiques déguisés en intellectuels et compagnie. Ils se sont donné, comme Zangra, la mission sacrée de défendre le fort arc-bouté sur ce désert d’où l’ennemi viendra qui les fera héros. Tu peux attendre, mon vieux ! Justement, en attendant ce jour, ils s’ennuient quelquefois, alors, ils font des fours, et des procès en trahison à quiconque essaye de sortir du cercle vicieux de la médiocre servilité au Prince dauphin. Ils dressent des potences. Ils exécutent à vue quiconque essaye de s’élever, par le travail, l’effort, surtout s’il a la guigne de se faire reconnaître à l’étranger, et singulièrement en France. Tu es fichu, mon vieux, si jamais, surtout si tu es écrivain, il se trouve des jurys qui te reconnaissent, des lecteurs qui te trouvent, la notoriété qui te saisit. C’est que tu es forcément une fabrication du néo-colonialisme sionisé sur le bord. Tu n’as qu’un seul talent, la trahison contre ton peuple dont, eux, sont les représentants vigilants et parfaitement désintéressés, insensibles aux honneurs et aux questions d'ego. Quelle époque, mes aïeux ! On croyait avoir tout vu avec Ouettar !
Le meilleur moyen, mon petit, d’échapper à la vindicte de ces néo-nationalistes de la «mamelle» et de la vingt-cinquième heure (je pique l’idée à Boukrouh, et je le signale, sinon il me cloue au pilori comme tous ceux qui le «plagient» sans s'y référer nommément), c’est que tu restes dans ton Bir Ghebalou natal, tu gardes tes chèvres et tu lis, si tu sais lire, ce que te conseillent de lire ces types-là car, eux, vois-tu, ils veillent à ton hygiène mentale et à ta sécurité patriotique comme un certain Jdanov jadis veillait à la pureté prolétarienne dans les arts et les lettres. Ils feront de toi un bon Algérien, c'est-à-dire un Algérien cloné sur eux !
A. T.
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