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Rubrique A fonds perdus

Le statu quo permanent

Pris de la page d’un ami facebookiste, ancien journaliste : « Il y a trois mois, ils interdisaient les cafés littéraires. Aujourd’hui, ils supplient les gens pour aller à leur conférence exclusive .»
Lakhdar Brahimi est chargé de revenir sur le « chemin de croix » de feu Mohamed Seghir Babès, alors président du CNES, pour la convocation d’une énième concertation nationale dont la seule mission semble être de meubler l’abysse du vide institutionnel ouvert par le viol de la Constitution et le report des élections du 18 avril 2019.
La compétence de Lakhdar Brahimi ne peut être mise en cause : il est l’un des membres du groupe restreint des Elders et la seule personnalité politique nord-africaine à en faire partie.
Egalement connu sous le nom de « Les anciens » ou « Sages universels » les Elders est une organisation non gouvernementale regroupant des personnalités publiques reconnues comme hommes d'État, activistes politiques pour la paix et avocats des droits de l'Homme rassemblés par Nelson Mandela le 18 juillet 2007, à Johannesburg. Etaient notamment conviés le milliardaire Richard Branson, le musicien Peter Gabriel, Lakhdar Brahimi, Graça Machel et Desmond Tutu.
Au-delà de la personne, il faut questionner les intentions, l’opportunité de la chose et la méthode. L’initiative part de l’idée, complètement éculée, qu’en associant une opposition de façade, déchiquetée et insignifiante, enfant adultérin de la « maison de l’obéissance » —comme disait feu Abdelhamid Mehri — on absorbera le mécontentement de plusieurs générations de citoyens harcelés, brimés, humiliés au nom de scabreuses légitimités.
Pour rappel, à la tête du Conseil national économique et social, M. Babès est arrivé au terme d’un exercice, sincère et compétent, à la tenue de la consultation nationale sur le développement local et les attentes des citoyens jeudi 29 décembre 2011. Aux rencontres de wilaya avaient succédé des assises régionales, et enfin les rencontres nationales, pour finaliser les recommandations inscrites dans le programme national des réformes en vue de leur mise en œuvre par le gouvernement.
Il était attendu du Cnes – et il l’a fait —qu’il formule des « recommandations appropriées à même de concourir à l'amélioration de la gouvernance des collectivités locales ainsi que celle des relations de l'administration et des citoyens ».
Dans le contexte historique particulier de l’époque, il était attendu du Cnes qu’il panse et soigne dans le prolongement de la politique de dialogue et de réconciliation nationale les lignes de fracture ayant affecté la société, d'une part, les rapports de celle-ci à l'Etat, d'autre part. Ce faisant, il consolidait le front intérieur à un moment de fortes tensions et menaces extérieures immédiates de fragmentation sociale et territoriale. Il s'agissait d'œuvrer à la reconfiguration et à la construction d'un Etat efficace, anticipateur, innovant, garant de la justice sociale et de la légalité.
Le développement local passait alors par le prisme de la gouvernance d'un Etat solidaire, fort  et  responsable ; l’objectif étant de surmonter la déligitimation de l'Etat, la violation de son impartialité, la désorganisation des services publics et d'autres maux et insuffisances qui entravent encore le fonctionnement démocratique consensuel des institutions.
Dans cet exercice, une attention particulière avait été accordée au Grand Sud, aux Hauts-Plateaux, aux zones frontalières et de montagne, lourdement frappées par la décennie rouge et le terrorisme.
Les assises tenues à l'échelle régionale avaient pris la forme de quatre ateliers dédiés aux questions suivantes dont le seul intitulé  indique les pistes d'effort proposées : - les pré-requis d'un développement local rénové (tropismes institutionnels, ressources et infrastructures) ; - les réformes à engager pour un service public performant et de qualité dans un contexte extérieur de démantèlement (avec la nécessaire réhabilitation de ce service public dans des espaces aussi divers que l'éducation, la formation professionnelle, l'environnement, l'énergie, etc) ; - les articulations des espaces de gouvernance du développement local (relations élus, exécutifs locaux, administrations centrales) ; - la participation inclusive et normée de la société civile (population et mouvement associatif). 
De ces écoutes croisées, larges et inclusives, il en est ressorti quelques idées forces que les assises nationales avaient projetées en termes programmatiques sous la forme de cinquante recommandations.
L’accent était particulièrement mis sur l’intervention de la société civile dans la voie idoine d’une démocratie participative qui accorde un soin particulier à la jeunesse, afin qu’elle soit entendue et que ses attentes soient prises en compte, les questions de sa libre expression et de son organisation étant jugées « cruciales ».
Ses expériences, ses réflexions et ses espoirs constituent des éléments déterminants dans la définition d'une politique de développement», relevait le Cnes en insistant sur des éléments de diagnostic qui  interrogent  trois niveaux :
- l'accès aux sphères sociales, politiques et économiques ;
- l’adhésion active au sein des organisations qui influencent la vie ;
- et l'implication dans l'action publique et sa planification.
Ces idées resteront immortelles.
Elles représentaient ce que nous avions écrit ici même « une ultime chance » pour les détenteurs du pouvoir.
La véritable menace venait et vient toujours de l’absence des populations dans l’acte de gouvernance. La note d’organisation de la concertation nationale prévenait contre « les rencontres alibis, la routine, la vision bureaucratique, ainsi que contre toute hégémonie de vue des pouvoirs publics ».
Il s’agit, indique-t-elle, d’une « ingénierie de contact direct » qui implique« d’être en mode écoute optimum de sorte à élargir le spectre de réfraction de la parole restituée à toutes les populations cibles répertoriées ».
Il s’agissait d’apprécier de façon critique le mode de constitution, de gestion, d’affectation/mobilisation/répartition des ressources « que ces ressources soient de nature financière, humaine ou de pouvoirs/prérogatives.
400 communes restent encore en déficit budgétaire et vivent de subventions d’équilibre, les postes communaux sont des voies de garage humiliantes, rétribués au rabais et qui rebutent les compétences les moins exigeantes.
La déligitimation de l’Etat, la violation de son impartialité, la désorganisation des services publics ont fini par faire baisser les bras aux plus téméraires. Le développement résulte d’un processus continu et cumulatif, deux qualités qu’il n’a jamais retrouvées chez nous. D’échec en échec, de gâchis en gâchis, nous n’avons jamais été assidus à la tâche et la vertu de chacun s’arrêtait à la règle « après moi le déluge » sans se soucier des autres, toutes générations confondues.
A. B.

 

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