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ELLES DISPOSENT DÉSORMAIS D’UNE GOUVERNANCE BICEPHALE Banques : ce qui va changer

En attendant la grande réforme du secteur des finances dans sa globalité, les banques algériennes du secteur public vont-elles enfin entamées leur mue? Quoi qu’il en soit, ce qui a été décidé ce dernier week-end, en dehors de la question du changement de noms de patrons de banques, incite à croire qu’en haut lieu, on a enfin décidé de passer aux actes dans la perspective de la réforme bancaire.
Selon plusieurs sources dans le milieu des finances, des chantiers sont ouverts et des experts planchent depuis quelque temps déjà sur des questions aussi diverses que la gouvernance des banques, l’adaptation du système monétaire et financier aux mutations économiques que connaît le monde déjà et que devra connaître le pays, même si les archaïsmes ont encore la peau dure. Ou encore l’épineuse question de la réglementation des changes et tout ce qui en découle comme revue de dispositifs et de réglementations, à l’instar de ceux régissant les questions financières liées à l’exportation. Ainsi, jeudi dernier, Aymen Benabderrahmane, le ministre des Finances, a procédé à des changements à la tête des six banques publiques. Plus encore, le ministre a inauguré une nouvelle ère dans la direction et la gestion des banques du pays, en annonçant la fin de vie du tout-puissant président-directeur général (P-dg) qui, désormais, est remplacé d’un côté par un président du conseil d’administration et, de l’autre, un directeur général. Une nouvelle organisation qui rompt avec le vieil organigramme, que l’on croyait inamovible, et grâce auquel il a été décidé de séparer les missions des deux autorités de la banque ; celle qui décide de l’orientation et de la stratégie de la banque, et celle qui assume la gestion de la même banque. Autrement dit, dans le jargon choisi par le ministère des Finances, «la dissociation des rôles de surveillance et de management des banques publiques à travers la nomination d’un président du conseil d’administration et d’un directeur général et ce, afin de hisser le niveau de la gouvernance de ces banques au niveau des standards internationaux, et de s’aligner sur les meilleures pratiques». 
C’est en tous les cas une action qui constitue un des principaux axes de la réforme bancaire et financière voulue par les nouvelles autorités du pays, a assuré le ministre Aymen Benabderrahmane, qui a également affirmé que le fait de doter la banque de deux «têtes» permet l’amélioration de l’action des banques publiques, en matière de définition des stratégies et de développement des produits et des services bancaires et ce, dans un but d’amélioration de leur contribution au financement de l’économie et de l’inclusion financière, ainsi qu’en termes d’efficience et de transparence. Il reste à savoir maintenant comment cette question de gouvernance sera résolue lorsque sera effectivement ouvert au privé le capital des deux banques publiques annoncé par les autorités en charge des questions économiques et financières du pays il y a quelques mois de cela. En attendant que l’on sache un peu plus sur cette opération, voire si l’option de l’ouverture du capital de ces deux banques est toujours maintenue. Quoi qu’il en soit, il est attendu que l’adoption de ces «normes de bonne gouvernance» soit de nature à contribuer au renforcement de l’efficience, de la crédibilité et de la compétitivité des banques publiques en particulier, ainsi qu’à l’amélioration de l’attractivité du secteur bancaire dans sa globalité.
Les nouveaux patrons des banques publiques algériennes n’ont sans doute pas besoin que l’on s’étale sur la très sensible mission qui les attend en ces temps marqués, sur le plan financier, par une conjoncture où la banque n’arrive pas à susciter suffisamment d’attrait pour espérer capter ne serait-ce qu’une partie de l’argent en circulation dans les méandres de l’économie parallèle. Ou que la banque et l’établissement financier n’obligent pas la Banque d’Algérie à encourager, à travers la production de notes émises de manière cyclique, les banques de la place à plus d’inclusion financière, ou encore comme c’était le cas récemment, lorsque la même Banque d’Algérie avait tapé fort sur la table pour enjoindre aux P-dg, DG et présidents de directoire des banques et établissements financiers du pays de veiller à l’application des mesures d’assouplissement et allègements exceptionnels adoptés par la Banque d’Algérie, dans l’objectif de soutenir et de préserver la résilience des banques, face aux difficultés auxquelles seraient confrontée leur clientèle impactée par la crise sanitaire. Il reste à espérer que l’intronisation du président du conseil d’administration et du directeur général des banques d’Algérie, en lieu et place de l’unique patron qu’était le P-dg, soit le début de la réforme tant promise et espérée et, du coup, en finir avec cette image qui fait passer les banques du pays, selon la vieille caricature, à tout juste des coffres-forts. 
Azedine Maktour

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