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Trafic de psychotropes en Algérie La «drogue du pauvre» fait des ravages

La saisie régulière de quantités impressionnantes de psychotropes soulève aujourd’hui de nombreuses questions sur l’origine de ces substances et le trafic dont elles font l’objet.
Alger 8 janvier 2022 : dans un communiqué publié en milieu d’après-midi, la DGSN annonce la saisie de 24 000 psychotropes de différentes natures par les services de police d’El-Harrach. C’est le premier bilan de l’année, proportionnel au trafic qu’enregistre le pays depuis de longs mois, de longues années, proportionnel aussi à la lutte qui se mène inlassablement sur le terrain pour tenter d’endiguer le phénomène. Ce bilan vient grossir d’autres chiffres fournis au cours des deux mois précédents 2022 : 8 000 puis 17 000 comprimés saisis dans différentes zones d’Alger entre novembre et décembre 2021.
Il s’ajoutera aussi aux dernières statistiques fournies par l’Office national de lutte et de répression contre la drogue : 3 110 379 comprimés de substances psychotropes de différentes marques, 193 flacons de solutions psychotropes et 29 545 saisis durant les six premiers mois de l’année écoulée, annonce cet organisme.
Les psychotropes sont en tête de liste des drogues circulant en Algérie. Lyrica est le produit le plus largement recherché mais aussi consommé en raison de ses fortes propriétés euphorisantes lorsqu’il est consommé à un certain dosage. C’est le fameux «saroukh», appellation donnée par la jeunesse algérienne à cet analgésique prescrit pour soulager la douleur dans certaines pathologies de formes graves. Vendu entre 600 et 800 DA le comprimé, il est surnommé la «drogue du pauvre».
En Algérie, Lyrica se trouve le plus souvent sous une autre appellation, la Prégabaline (générique). Cette substance concurrence l’extasy et le Tramadol, un autre analgésique à base de codéine généralement associé au «saroukh» pour l’obtention d’un effet euphorisant maximal. Au cours des mois précédents, différentes interventions de la police sur le sujet ont mis l’accent sur le trafic de grande ampleur généré par l’addiction à ces substances, mais aussi l’agressivité et la perte de contrôle des consommateurs. «Ces drogues provoquent des délires, des hallucinations, quand elles sont prises en grande quantité, nous explique le docteur Chekroune. Elles entraînent les consommateurs dans un monde où ils se retrouvent seuls, sans repères, sans délimitations. Lorsque deux substances différentes sont associées, c’est le départ vers une autre dimension. Les capacités du cerveau et même physiques sont totalement modifiées.»
Sur les hauteurs d’Alger, un autre médecin refuse de livrer son nom : «Il m’est arrivé de recevoir des patients qui disaient se présenter au nom de leur parent, d’une vieille tante souffrante et incapable de se déplacer pour obtenir une ordonnance pour avoir de la Prégabaline, du Tramadol. A une certaine période, c’était très courant. On a même vu des personnes âgées et ne présentant aucune pathologie nécessitant ces substances venir en réclamer, sans doute sous la pression de leurs enfants. Les drogués peuvent développer des symptômes sévères en cas de manque et des familles impuissantes ou terrorisées viennent en chercher.»
Les témoignages les plus incroyables se trouvent chez des pharmaciens. «On a vu passer de fausses ordonnances, des personnes qui supplient, celles qui sont prêtes à doubler le prix d’une boîte de comprimés analgésiques, et même ceux qui envoient leur vieille mère supplier en prétextant avoir perdu l’ordonnance et ne pas avoir assez d’argent pour repartir chez le médecin», nous dit l’un d’eux sous couvert de l’anonymat. Comme beaucoup, il redoute d’être mêlé à une enquête policière. Au cours de l’été dernier, les plus hautes autorités sanitaires ont établi une nouvelle fois une liste de médicaments à risque avéré interdite de vente sans contrôle scrupuleux des officines pharmaceutiques. Cette liste comporte trois noms de médicaments : la Prégabaline (Lyrica) le Tramadol et la Trihexyphenidyle (la fameuse Artane surnommée «el hamra»). Toutes les substances contenant de la codéine (détournée en drogue) à forte dose sont aussi étroitement surveillées.
Cette mesure entre dans le cadre de l'application du décret exécutif fixant les modalités de contrôle des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes. «La vente de ces médicaments ne peut se faire sans présentation d’une ordonnance qui sera ensuite vérifiée, l’identité du client et le numéro de sa carte d’identité sont mentionnés dans un registre qui fait quotidiennement l’objet d’un contrôle de la DSP et des services de la police», apprend-on.
Lors des séminaires spécialement consacrés au sujet, les professionnels de la santé et les pharmacies ont été également mis en garde contre la prescription de ces médicaments, notant que « les consommateurs se trouvent facilement en situation de dépendance». Des enquêtes menées au cours de l’année écoulée ont conduit à l'arrestation de médecins et de pharmaciens. Des sources proches du dossier nous apprennent, par ailleurs, la récente arrestation de deux pharmaciens dans les domiciles desquels (Bab-el-Oued et Bouzaréah) avaient été retrouvées des quantités de psychotropes.
Les spécialistes de la question nous apprennent que les psychotropes qui circulent dans le pays ne sont pas ceux fabriqués en Algérie. Ils sont acheminés à travers les frontières sud, nous dit-on. Il est aujourd’hui prouvé que l’extasy provient du Maroc «qui contourne les frontières ouest et fait remonter sa drogue par les frontières sud», beaucoup d’autres substances aussi de cette manière. Des migrants subsahariens sont utilisés dans ces opérations.
«Lorsqu’il s’agit de psychotropes pouvant être réduits en poudre, ou même liquide, ils enveloppent cette substance dans un contenant hermétique. Ce sont des spécialistes, ils l’ingèrent, puis le récupèrent dans leurs déjections une fois arrivés à destination», nous font savoir des spécialistes de la question. «C’est aussi pour cela qu’on l’appelle la « feyha», celle qui ruine la vie de milliers de jeunes et de leur famille.»
A. C.

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