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Professeur Arezki Issolah, chef de service des urgences médico-chirurgicales au CHU Mustapha-Pacha d’Alger : «La situation n’est pas encore irréversible»

©ANIS-BELGHOUL
©ANIS-BELGHOUL

Entretien réalisé par Massiva Zehraoui 

Dans cet entretien, le professeur Arezki Issolah nous livre sa vue d’ensemble sur la situation sanitaire qui prévaut actuellement. Tout en évaluant l’ampleur de la propagation du Covid-19 en Algérie, il revient sur la gestion et la surveillance du coronavirus dans les structures de santé.
Le Soir d’Algérie : L’Algérie fait face à une crise sanitaire sans précédent. Vous qui êtes plus ou moins proche du terrain, comment évaluez-vous la situation induite par la propagation du Covid-19 ?
Arezki Issolah :
Nous vivons effectivement une situation inaccoutumée. Cela étant, il faut dire que l’Algérie a cet avantage d’avoir vu tous les scénarios possibles notamment en Chine, en Corée du Sud, à Singapour ou encore en Suisse. Par conséquent, il n’ y a pas lieu de tergiverser sur la meilleure attitude à adopter pour limiter la propagation massive de ce virus parmi la population.
Tout ce qui nous reste à faire, c’est de rejouer le match. Néanmoins, nous ne sommes pas en mesure de définir l’ampleur réelle de ce virus, car imprévisible, en sachant qu’au début, on le comparait à une simple grippe et aujourd’hui, c’est devenu un SARS 2, ce qui a engendré approximativement entre 15 et 20% de cas graves. Et autant dire que ces chiffres sont pour le moins inquiétants.
Justement, pensez-vous que la situation est hors de contrôle ou, au contraire, elle est encore maîtrisable ?
Tout ce que je peux dire, c’est que d’après les données qui s’offrent à nous, principalement dans l’enceinte des différents hôpitaux, c’est que les choses sont pour l’heure contrôlables. Naturellement, la situation est amenée à évoluer, mais impossible de dire avec exactitude l’orientation qu’elle prendra dans les jours qui viennent. J’estime que les autorités ont certes pris certaines mesures préventives à temps. Je citerai la fermeture des écoles, des universités… mais au même temps, d’autres aspects importants ont été négligés, ce qui, à mon avis, a entraîné la propagation rapide du coronavirus. Pour commencer, il aurait été judicieux d’isoler la wilaya de Blida dès l’apparition des premiers cas de Covid-19, pour contenir l’épidémie afin d’éviter qu’elle ne s’étende au reste du territoire. En parallèle, il aurait également fallu, après avoir constaté que plusieurs cas de coronavirus ont été importés d’Europe, que tous les Algériens venus de l’étranger soient automatiquement dépistés, de sorte à isoler les malades de la population saine.
Qu’en est-il de la gestion et de la surveillance du coronavirus dans nos structures de santé à l’exemple de CHU Mustapha-Pacha ?
Les hôpitaux ne souffrent pas pour le moment d’un flux conséquent de patients atteints de Covid-19. Nous sommes loin des scènes catastrophes vues ailleurs. Cependant, on pense que cette semaine peut être décisive dans la mesure où on s’attend à ce que le pic soit atteint bientôt, du moins on le souhaite. Seulement, encore une fois, impossible de prévoir avec précision l’évolution des choses. Il faut rappeler que chez nous, vu le manque de moyens et de tests, le dépistage n’est pas systématique et ne se fait qu’aux personnes qui présentent des signes apparents de la maladie (toux, forte fièvre, détresse respiratoire). Ce que je suggère, en revanche, c’est une réorganisation dans la prise en charge des malades. Les structures sanitaires doivent être appelées à faire la part des choses, et à différencier une urgence liée au Covid-19 d’une quelconque autre urgence de tous les jours, et de ce fait, traiter les premières de façon plus spécifique et isolée. L’idéal serait de renvoyer les cas bénins de coronavirus à la maison, mais à condition qu’ils bénéficient d’un suivi médical à distance. Les hôpitaux ne prendraient en charge que les cas très graves qui nécessitent une assistance respiratoire.
Le service des urgences médico-chirurgicales a-t-il été impacté par l’apparition de l’épidémie ?
Absolument, oui. Il y a beaucoup moins de monde que d’ordinaire. Les citoyens ont visiblement peur de pénétrer dans des structures de santé par crainte de contracter le virus. Mais je pense que cet état de fait revient aussi en partie à l’application des mesures restrictives dont le confinement partiel. S’il y a moins de circulation sur les routes, il y a automatiquement moins d’accidents. L’affluence est donc moindre dans les urgences.
Pensez-vous que cette crise a eu de graves répercussions sur notre système de santé déjà fragilisé, notamment en matière de gestion des hôpitaux ?
Une chose est sûre, c’est que la crise du coronavirus a révélé les limites de tous les systèmes de santé dans le monde et même les plus développés. Par contre, je pense que des leçons seront tirées de cette épidémie, et que, par conséquent, ces systèmes n’en seront que plus revigorés à l’avenir.
M. Z.

 

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