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Larbi Ouanoughi, conseiller du ministre de la Communication : «L'assainissement du secteur de la presse est une priorité»

Corruption, distribution clientéliste de la publicité publique, création d’organes par des individus qui n’ont aucun lien avec la profession et qui ne répondent à aucun critère fixé par la loi : le secteur de la presse a plongé ces 20 dernières années dans une grande anarchie, ayant failli anéantir toutes les valeurs censées fonder le métier, n’était la résistance de quelques titres qui peuvent être comptés sur les doigts d’une seule main.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le règne de Bouteflika a porté un coup dur à la presse algérienne. Son assainissement est devenu une nécessité vitale pour les professionnels. Une nécessité qui semble être partagée par le nouveau régime. « La presse a connu un grave dérapage ces dernières années et ce, à tous les niveaux, excepté quelques titres qui ont résisté », a affirmé Larbi Ouanoughi, conseiller du ministre de la Communication, sur le plateau d’une chaîne TV privée.
Ce dernier a dressé un constat alarmant de la situation de la presse nationale, notamment la presse écrite, plaidant pour l’assainissement de la situation en toute urgence. Selon lui, l’Algérie compte 133 quotidiens dont six publics (58 francophones et 75 arabophones) dont « la grande majorité n’a aucune existence dans les kiosques ». Pourquoi ? Les propriétaires sont des businessmans qui ne sont motivés que par les pages de la publicité de l’Anep qui est l’un des nids de corruption codifiée dans le pays ».
Larbi Ouanoughi a expliqué que l’on s’est écarté des nobles objectifs qui fondent la presse, qui est devenue un moyen de business au mépris des lois. Ainsi, des entrepreneurs, des ministres, des députés se sont retrouvés patrons de journaux non imprimés, non distribués et non lus : tout ce qui les intéresse est la rente que l’Anep leur garantissait. « Les lois sont claires mais elles n’étaient pas appliquées. N’importe qui pouvait créer un journal. L’objectif était la publicité. Les bandes qui se sont ramifiées dans tous les secteurs, dont la presse, ont piétiné les lois. Nous étions dans une anarchie totale », a souligné M. Ouanoughi.
En effet, l’article 23 du code de l’information stipule que pour créer un quotidien, le responsable doit remplir certains critères, comme justifier d’une expérience d’au mois 10 ans dans le domaine.
L’article 31 interdit la création de publication par des prête-noms. Malgré cette clarté juridique, créer un journal était devenu comme ouvrir une gargote.« Nous sortons d’un terrain miné. L’assainissement du secteur de la presse des intrus est une priorité », a affirmé le conseiller du ministre de la Communication, estimant que , « attenter à la presse était planifié dans le cadre d’une stratégie de destruction du pays ».
Soulignant que la carte du journaliste professionnel a été attribuée à « n’importe qui », l’orateur a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la question. Il a fait savoir, en outre, que le ministre de la Communication a adressé une correspondance officielle aux imprimeries, les instruisant de ne pas imprimer les journaux qui ne contiennent pas l’identité des responsables, comme exigé par la loi. Il a rappelé que la majorité des titres imprimés n’est pas distribuée. « Il y a des journaux qui ont fait perdre au pays des milliards de dollars dans l’importation du papier sous prétexte de gonfler le tirage et de se targuer d’être premier journal du pays », a-t-il encore dit, en déplorant le taux excessif d’invendus des six quotidiens publics. Il a annoncé, dans ce contexte, une restructuration du secteur public.
Larbi Ouanoughi a indiqué que durant le règne de Bouteflika, où 19 ministres se sont succédé sur le secteur de la communication, 2 milliards de dollars ont été dépensés dans le secteur de la presse. Il a affirmé qu’un projet de loi relatif au soutien de la presse est en cours d’élaboration et sera relancé après la fin de la crise sanitaire.
En matière de soutien direct, la priorité sera donnée, selon lui, à la presse de proximité, en plus du soutien indirect à travers la publicité étatique.Il a annoncé également la révision prochaine de la loi sur la publicité.
La corruption dans la presse a été régie par l’Anep, qualifiée par M. Ouanoughi de « nid de la corruption ». Il a dénoncé des « dépassements dangereux » dans cette agence qui détient le monopole de la publicité étatique. Et d’affirmer qu’une enquête sur la gestion de l’Anep est actuellement en cours, menée par les services de l’IGF (Inspection générale des finances), et la Gendarmerie nationale.
K. A.
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