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PROVOCATIONS PAR-CI, SURENCHÈRE ET MARCHANDAGE PAR-LÀ Le jeu trouble des islamistes

À croire vraiment qu’ils se partagent les rôles et les missions, eux qui, de temps à autre, s’échangent des amabilités sans, néanmoins, perdre de vue le stratégique, alliant admirablement provocations et surenchère.
Après les propos le moins que l’on puisse dire provocateurs, frisant le racisme le plus primitif, du président du mouvement el Binaa, ou encore les scènes ubuesques offertes par son compère du Mouvement de la société pour la paix durant la campagne électorale pour les élections législatives anticipées de samedi dernier, ne voilà-t-il pas Abderrezak Makri s’adonner à ce qui semble constituer l’un des sports favoris du parti qu’il dirige et de la mouvance verte en général, la surenchère, le marchandage et une véritable guerre avant de s’y lancer, se fiant, dit-il, aux engagements du chef de l’État en vue d’influer sur le sort de ce scrutin. Une élection à laquelle, pourtant, il a longtemps fait semblant de tergiverser quant à la régularité de ce scrutin.
Et avant-même que les résultats préliminaires de cette consultation populaire ne soient officiellement proclamés par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections et ce, en conformité avec une disposition de la loi portant régime électoral, le chef du MSP monte au créneau pour crier à une victoire éclatante de son mouvement se fiant aux résultats récoltés par ses représentants au niveau des bureaux de vote et accompagne sa sortie d’une menace. 
«Dans la majorité des wilayas et dans l'émigration, nos listes arrivent largement en tête», a, en effet, écrit, avant-hier dimanche, Makri sur sa page Facebook. Ceci, sans oublier de dénoncer des «tentatives de changement des résultats, selon les vieux usages frauduleux du système». Et d’avertir contre «les risques dangereux de ces velléités de changement des résultats, tant sur l'opération électorale elle-même que sur l'avenir du pays», s’en remettant, encore une fois, au chef de l’État à l’effet de «protéger la volonté populaire exprimée concrètement dans les urnes, en vertu de ce que vous avez-vous même promis».
Une sortie dont le «message» semble avoir été bien «saisi» par l’autorité que préside Mohamed Charfi qui, dans un communiqué diffusé un peu plus tard, a estimé que cette déclaration du président du MSP porte atteinte à l’éthique de l’État et constitue un «appel sournois à l’anarchie et au doute».
Il faut rappeler que cette salve de Makri à l’encontre de l’Anie n’est pas la première pour avoir été précédée d’une première attaque en mai dernier. Le président du MSP avait, en effet, tenu pour responsable l’autorité que préside Charfi de l’exclusion d’une trentaine de candidatures du parti à ces élections.  
Pour Makri, «les accusations sur lesquelles s’est appuyée l’Anie représentent une violation constitutionnelle et légale flagrante de la dignité et de l’intégrité des personnes concernées, de leurs familles et de leurs droits fondamentaux, et ne peuvent être acceptées et ne seront aucunement tolérées», accusant ladite instance d’«unique responsable de la fraude électorale et ainsi que de l’atteinte à la liberté de candidature des membres de son parti».
Et avant cette sortie du président du MSP, son compère d’El Binaa s’est tristement distingué en excellant dans le propos perfide, provocateur, voire raciste. Après avoir étalé sans aucune retenue son apathie à l’endroit d’une région du pays, la Kabylie pour ne pas la nommer, Abdelkader Bengrina a poussé la provocation jusqu’à qualifier tamazight de «chose», ce qui aurait dû le faire tomber sous le coup de la loi, cette langue multimillénaire étant consacrée langue nationale et officielle dans la loi fondamentale du pays. Plus grave encore, le chef islamiste a accusé toujours la Kabylie d’avoir été «privilégiée au détriment des autres régions du pays», et d’avoir retardé le déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre 1954 pour ne l’avoir rejointe qu’à la dernière minute.
Une sortie qui, si elle n’a pas suscité un rappel à l’ordre de l’Anie dont le président s’est, au contraire, félicité de l’évolution positive du discours lors de la campagne électorale pour ces législatives, a fait réagir des avocats. Me Tarek Mektoub et Me Abdelkader Chohra ont, en effet, déposé une plainte contre le chef du parti islamiste qui a, selon eux, «dépassé ses limites». Une plainte basée sur la loi n°20-​05 de 28 avril 2020 relative à la prévention et à la lutte contre le discrimination et de discours de la haine. «Nous estimons qu’il a violé la loi lors de son discours de 6 juin dernier durant lequel il a tenu des propos dangereux qui portent atteinte à l’unité nationale», ont déclaré les deux avocats.
D’apparence distinctes et sans aucun lien, les sorties de ces deux chefs islamistes, chacun dans son segment d’intervention, se complètent dans le fond en ce sens qu’elles participent du même souci de provoquer, de surenchérir, voire de marchander leurs places sur l’échiquier politique en cours de «reconstitution» ou supposée comme telle. 
Pour Makri tout comme pour Bengrina, il s’agit là d’une occasion inespérée de prendre possession de l’exécutif. Un dessein qui a toutes les chances de virer au cauchemar pour le duo qui devra se contenter, à ne point douter, des seconds rôles dont ils s’accommodent à merveille, eux les partisans de la stratégie du petit pas en attendant l’heure de la gloire.
M. K.

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