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Produits agricoles et produits alimentaires «Les prix ne se stabiliseront qu’en 2022»

Le consommateur algérien, soumis à très rude épreuve depuis plusieurs mois maintenant par les augmentations de prix à tout-va, risque de vivre encore une année difficile. Tant les perspectives mondiales des marchés des produits de première nécessité, entre autres des produits agricoles et des produits alimentaires, tout comme les perspectives des marchés des matières premières, à l’exemple du pétrole, n’incitent pas vraiment à l’optimisme pour la suite de l’année.
Les répercussions de la Covid-19 sur la sécurité alimentaire se confirment et devraient perdurer en 2021 et 2022, selon la Banque mondiale. De plus en plus de pays sont confrontés à des niveaux croissants d’insécurité alimentaire aiguë, réduisant ainsi à néant des années de progrès en matière de développement, se lamente l’institution née des accords de Bretton Woods dans son semestriel Commodity markets outlook (Perspectives des marchés des produits de base), publié il y a quelques jours. «Même si les marchés des produits alimentaires de base sont bien approvisionnés à l’échelle mondiale, la Covid-19 a de profondes répercussions sur la main-d’œuvre et les marchés alimentaires locaux dans le monde entier, induisant une baisse des revenus, perturbe les chaînes d’approvisionnement, et aggrave la situation sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Problèmes qui affectaient avant même que survienne la pandémie. Il est grand temps que les responsables politiques s’attaquent aux causes sous-jacentes de l’insécurité alimentaire», constate et préconise Ayhan Kose, vice-président par intérim du groupe de la Banque mondiale pour la division croissance équitable, finance et institutions et directeur du groupe Perspectives. Donc, les prix des produits de base ont continué à se redresser au premier trimestre 2021, et devraient rester proches de leurs niveaux actuels jusqu’à la fin de l’année, à la faveur du rebond de l’économie mondiale et de l’amélioration des perspectives de croissance économique. En attendant, et cela depuis plus de six mois maintenant, en Algérie, le consommateur s’est retrouvé pris en otage par des spéculateurs, comme accusait le ministère du Commerce, et de la réalité induite par la pandémie, comme c’est le cas pour le prix du blé dont le coût de son importation a pris des ailes pour se répercuter sur les prix de vente au consommateur des produits alimentaires. Une augmentation endurée partout dans le monde, mais qui a été un peu plus prononcée chez nous, du fait que sont venus se greffer des raisons exclusivement propres à l’Algérie, pour faire monter les prix un peu plus qu’ailleurs. En effet, tout le monde évoquait, au moment où les prix «chauffaient» sur les étals, la fermeture d’usines appartenant à des patrons parmi ceux impliqués dans des affaires de corruption. Selon la Banque mondiale, les prix des matières premières agricoles ont enregistré une hausse soutenue cette année, en particulier en ce qui concerne les produits alimentaires, en raison de l’insuffisance de l’offre en Amérique du Sud, et de la forte demande de la Chine. Cependant, l’approvisionnement est suffisant pour la plupart des marchés mondiaux de produits alimentaires, au regard des niveaux historiques, et les prix devraient se stabiliser en 2022. Ainsi, l’indice des prix agricoles de la Banque mondiale a augmenté de plus de 9% au premier trimestre 2021, porté par l’élan de la fin de l’année dernière lorsque les prix ont commencé à s’envoler. En tout, sur l’année 2020, toujours selon la BM, les prix ont augmenté de 20% au cours de la dernière année et sont même proches d’un sommet jamais atteint depuis 7 ans.  
L’augmentation des prix au cours du 1er trimestre 2021 était attribuable aux  déficits de production, suivis des huiles et des farines. Les prix agricoles devraient augmenter en moyenne de 14% en 2021 par rapport à 2020, suivis d’une légère hausse en 2022. L’indice des prix des céréales de la Banque mondiale a fait un bond de plus de 17% au premier trimestre de 2021, et est 25% plus élevé qu’il y a un an, poussant l’indice des prix alimentaires à un sommet sur sept ans, donc.
Le marché des céréales, faudrait-il le rappeler, dont l’Algérie est l’un des plus «assidus» animateurs en sa qualité de client parmi les plus recherchés pour le blé, a vu les prix augmenter d’environ 10% au premier trimestre 2021. Selon l’évaluation d’avril du département de l’agriculture des États-Unis, la production mondiale des trois principales céréales — le blé, le maïs et le riz — devrait croître de 1,7% cette saison (de septembre 2020 à août 2021), ce qui a entraîné une baisse d’un point de pourcentage du ratio stocks-utilisation (une mesure approximative de l’offre par rapport à la demande). Malgré la baisse, ces ratios demeurent à des niveaux historiquement élevés pour la plupart des produits alimentaires, ce qui réduit les risques de nouvelles hausses de prix en cas de conditions météorologiques défavorables. Les prix du blé ont poursuivi leur élan à la hausse au début de 2021. Cela fait suite, selon l’analyse de la Banque mondiale, à des problèmes météorologiques dans les principaux pays exportateurs, y compris l’Ukraine et l’Argentine.
Bien que les prix se soient stabilisés en mars et au début d’avril, la moyenne du premier trimestre de 2021 est plus de 15 % plus élevée qu’il y a un an, mais cela n’a pas empêché l’Algérie d’être fidèle à sa réputation de gros acheteur que des producteurs se disputent, comme l’illustrent les dernières acquisitions du 1er trimestre qui dépassent les 500 000 tonnes achetées auprès de fournisseurs allemands et de pays baltes, et les 200 000 tonnes pour inaugurer le 2e trimestre 2021 achetées auprès de négociants européens. La production au cours de la saison en cours devrait atteindre un nouveau record, avec de bonnes récoltes au Canada, dans l’UE et en Ukraine, selon les indications de la Banque mondiale. Ce qui devrait conduire les prix à amorcer une «décrue» au bonheur des gérants de nos réserves de change.
Azedine Maktour

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