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Selon les communiqués de la justice Ouyahia recevait des pots-de-vin des hommes d’affaires

Apprenant la nouvelle de son incarcération, le 12 juin dernier, Ahmed Ouyahia ignorait, sans doute, que son entrée en prison ne faisait qu’augurer du début d’un long calvaire qui semble bien loin d’être terminé. Le pire était à venir : des comparutions à la pelle dans les affaires de corruption les plus incroyables qu’ait connues le pays.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il ne se passe plus trois jours successifs sans que le nom de l’ancien Premier ministre le plus impopulaire de l’histoire de l’Algérie soit cité dans l’une des nombreuses affaires en charge des tribunaux d’Alger ou qu’il soit lui-même présenté devant des magistrats spécialement désignés pour la prise en charge de ses dossiers. Des dossiers lourds dont on apprend plus à chaque nouvelle publication de la justice sur le sujet. Le dernier communiqué, datant de ce jeudi, émane de la Cour suprême et nous renseigne on ne peut mieux sur les faits reprochés au prévenu dans les affaires KIA et Sovac, d’abord, mais aussi et surtout sur la manière dont l’ancien Premier ministre «gérait» les affaires du pays.
Ouyahia, nous dit en somme le texte, recevait des pots-de-vin en échange des contrats conclus avec les entreprises gérées par deux oligarques réputés très proches des cercles de décision. La pratique semble avoir en fait été érigée en règle avec l’ensemble des hommes d’affaires ayant prospéré durant ses longs mandats à la tête de l’exécutif, puisque le même chef d’inculpation est signalé dans tous les communiqués rendus publics le concernant : dans l’affaire Haddad et son groupe ETRHB, celle de Athmane Mazouz, Mahieddine Tahkout, Arbaoui et très probablement celle des frères Kouninef du moment qu’il a eu à comparaître dans une affaire les concernant, il y a quelques semaines de cela.
Le communiqué publié ce jeudi par la Cour suprême, et au terme d’une nouvelle comparution d’Ouyahia, nous apprend également que celui-ci octroyait des avantages, sans doute énormes, ayant permis une expansion fulgurante de leurs affaires, et qu’une bonne partie des contrats menés dans le cadre de l’automobile ont été conclus de manière illégale.
La justice évoque explicitement «une mauvaise utilisation volontaire» du poste qu’il occupait et des atteintes «volontaires» à la législation et des textes en vigueur dans le contexte commercial. En d’autres termes, et le communiqué l’exprime explicitement en parlant de «violation» de la loi et de «conflits d’intérêt» et de dilapidation de biens publics.
Depuis son incarcération, Ahmed Ouyahia a comparu près d’une dizaine de fois auprès du procureur de Sid-M’hamed. Outre sa comparution dans les affaires liées à celles des oligarques et patrons d’entreprises de montages automobiles, il était également présent le jour où Abdelhamid Melzi a été auditionné et placé sous mandat de dépôt avec deux de ses fils et lors du traitement de la longue enquête judiciaire qui ont conduit plusieurs cadres des œuvres universitaires en prison également. A chaque nouveau dossier, le procureur annonce son inculpation dans les faits qui lui sont reprochés. Sa mise en détention provisoire a été, jusque-là, prononcée dans sept affaires différentes. «Il est là, hagard, assis, sans réaction, et sans doute vidé par tous ses déplacements, témoignent des avocats qui ont eu à le croiser. Les déplacements de la prison vers le tribunal et le retour sont ce que redoute tout prisonnier. C’est infernal, ils doivent se lever très tôt et attendre de longues heures avant de monter dans des fourgons cellulaires, il fait très chaud là-dedans surtout dans ces périodes de canicule. Une fois arrivés au tribunal, ils attendent dans un sous-sol qu’on les amène devant le procureur ou le juge d’instruction. Naturellement, Ouyahia n’est pas mêlé au reste de la population carcérale, que ce soit en prison ou au tribunal et ce, pour des raisons de sécurité».
La même source nous fait savoir que l’ancien Premier ministre passe parfois 23 heures consécutives au niveau du tribunal de Sidi-M’hamed. La majorité des dossiers dans lesquels il a été inculpé ont, cependant, été transmis à la Cour suprême. Désormais, c’est vers cette nouvelle direction que Ouyahia sera dirigé pour plusieurs séances d’audition dans les prochains jours.
A. C.

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