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PRÉLÈVEMENT D’ORGANES POST-MORTEM Un challenge à relever

Pour le Pr Rayane, le prélèvement d’organes sur personnes en mort encéphalique est un problème de santé publique «à fortes charges émotionnelles». Il est convaincu que la généralisation du prélèvement post-mortem permettra de sauver de nombreuses vies mais aussi de réduire considérablement la facture des soins.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Avec un bilan de 2 500 greffes effectuées en 30 ans en Algérie et uniquement 163 greffes rénales réalisées au premier semestre 2019, l’activité de greffe d’organes reste un problème de santé publique énorme.
«Peu de greffes sont faites à cause d’une pénurie d’organes», explique le professeur Tahar Rayane, chef de service de néphrologie, dialyse et transplantation rénale au CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) de Hussein Dey et président élu du Conseil scientifique de l'Agence nationale des greffes d'organes et de tissus.
Précisant que la loi permet de prélever des organes sur des personnes vivantes et des personnes décédées, il souligne qu’actuellement, les prélèvements post-mortem ne se font pas.
Seule expérience, rappelle-t-il, celle menée en collaboration avec l’hôpital militaire de Constantine où un prélèvement sur une personne décédée a permis de sauver deux personnes en insuffisance rénale chronique (dialysées) et un patient qui a reçu un foie. «Le prélèvement d’organes sur personnes décédées est un problème de santé publique à fortes charges émotionnelles et c’est aussi un sujet social», dit-il.
Selon lui, l’abord des familles du défunt pour un prélèvement d’organes dans la sérénité et la compréhension cause, aujourd’hui, problème. «Cette étape est difficile et doit se faire d’une façon très progressive avec le soutien d’un personnel qualifié et formé». Il assure, à cet effet, que l’Agence nationale des greffes s’attelle depuis 2016, à la préparation et la formation des équipes médicales pour cette mission.
Intervenant jeudi dernier sur les ondes de la Radio Chaîne 3, à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, le Pr Rayane estime que le prélèvement sur des personnes en mort encéphalique est un challenge qu’il faudrait relever. Pour ce faire, il insiste sur l’implication de tout le monde. «Dix mille patients vont être sur liste d’attente dont l’Agence nationale des greffes qui œuvre justement pour sa mise en place ainsi que le registre national des patients souffrant d’insuffisance rénale chronique et le registre du refus», fait-il remarquer. Pour lui, ce challenge n’est pas uniquement social et de santé publique mais c’est aussi un challenge économique. «L’Algérie dépense actuellement près de 25 milliards de dinars par an pour la dialyse alors que la greffe de 2 000 patients par an coûtera près d’un milliard de dinars», explique-t-il.
Le chef de service de néphrologie, dialyse et transplantation rénale au CHU Nafissa-Hamoud précise, par ailleurs, que l’activité de greffe d’organes et de prélèvement sur des personnes vivantes ou décédées est bien contrôlée. «Cette activité est contrôlée par l’Agence nationale des greffes sous l’autorité du ministère de la Santé. Chaque année, il y a un audit des équipes de greffes. C’est une activité bien contrôlée qui ne permet pas le détournement des organes», assure-t-il.
Evoquant l’institut du rein mis en place à Blida, il affirme qu’il a été équipé et devrait répondre à certaines missions bien spécifiques afin de booster la transplantation d’organes dans notre pays. Seulement, poursuit-il, «pour des raisons politiques qui nous dépassent, l’institut a été transformé en EHS de transplantation d’organes et de tissus qui a entamé son activité de greffe de rein».
Selon lui, le projet qui a, certes, pris du retard, n’est pas encore abandonné. «Les équipes médicales sont en train de se mettre en place et les équipes chirurgicales aussi. Restent encore les problèmes administratifs et organisationnels à régler», assure-t-il encore.
Ry. N.

 

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