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Rubrique Anniversaire

Guerre du Golfe 1991 Le Soir sur le front de bataille

En ce début de l’année 1991, alors que l’Irak est soumis à un pilonnage en règle de ses infrastructures les plus stratégiques, ses populations exterminées au napalm, ses femmes et ses enfants anéantis à l’intérieur même des abris, censés les préserver de cet horreur, la coalition de pays arabes et occidentaux, sous la direction des  Américains, affichait de plus en plus sa détermination à faire payer chèrement à Saddam Hussein ses velléités expansionnistes.
Une mobilisation militaire exceptionnelle des meilleures forces armées au monde a été rendue possible grâce au financement exclusif des pays du Golfe, à leur tête l’Arabie Saoudite. 1,5 million de soldats issus de 35 pays, des milliers de chars d’assaut, de véhicules blindés, des avions avaient débuté une opération de libération des territoires koweitiens et l’envahissement des terres irakiennes. À l’origine de ce drame, la tentative de l’Irak de l’annexion du Koweït, dont il a toujours revendiqué l’appartenance historique. Un pays qui fut rayé de la carte, trois jours après le début de l’occupation des forces de Saddam Hussein. Plus que cela, c’était une menace directe pour toute la zone productrice de pétrole de cette région du monde particulièrement sensible. C’est ce qui explique la rapide et massive constitution de cette coalition internationale pour, non seulement, rétablir la souveraineté du Koweït, mais aussi infliger une correction, doublée d’un avertissement, à Saddam Hussein qui entendait affirmer sa supériorité militaire sur toute la région du Golf.
         
Une mobilisation H24
Le Soir d’Algérie avait mobilisé ses équipes pour assurer une large couverture de ce drame qui se jouait à des milliers de kilomètres de chez nous. Au niveau de la rédaction, une permanence H24 était assurée pour suivre l’évolution de la situation sur le champ de bataille, à travers les fils des agences de presse. Et en sa qualité de titre du soir, le journal avait, ainsi, l’avantage de pouvoir traiter en exclusivité  toutes les nouvelles qui tombent au cours de la nuit, sachant que les principales opérations de la «Tempête du désert» avaient lieu en soirée.
Le Soir d’Algérie avait, par ailleurs, dépêché sur le front des hostilités un envoyé spécial qui enrichissait les pages quotidiennes consacrées à cette guerre par des témoignages vivants de l’ampleur des destructions occasionnées à ce pays frère et aussi de l’état de misère auquel était réduit son peuple. Un pays privé d’eau, d’électricité, de vivres et de médicaments. Seules les aides internationales pouvaient être acheminées via le Croissant-Rouge jordanien, notamment. Dans l’un de ses comptes rendus, l’envoyé du Soir décrivait l’état de désolation dans lequel se trouvait la seule voie d’accès et d’acheminement de cette aide depuis Amman, à savoir une route des plus modernes, réalisée, à l’époque, par les Allemands.
Un ouvrage de plus de 500 km ravagé avec précision par les avions de la coalition, tuant des centaines de civils et autant de camions avec leurs précieux chargements humanitaires.
            
Seule référence, la Révolution algérienne
Le journaliste du Soir rapportait alors : «L’autoroute est, avant tout, une œuvre gigantesque avec toutes les commodités d’une voie rapide et moderne. Après les bombardements qu’elle a subis, elle n’est ouverte que pour les voitures de secours et du Croissant-Rouge.
Les véhicules doivent rouler à vive allure et ne s’arrêter qu’exceptionnellement. Nous n’avions donc que quelques secondes pour observer de près les dégâts occasionnés au kilomètre 210, nous sommes horrifiés par le spectacle de la carcasse du bus qui transportait une quarantaine de Soudanais, tous exterminés  par le missile qui les avait atteints et les rafales de tirs qui fauchèrent les survivants qui tentaient de s’enfuir loin du véhicule en flammes.»  Évoquant la résilience du peuple irakien face aux déluges de feu et d’explosions, il nous apprenait que «des villes et des villages que nous traversons se dégage une impression de dignité, de calme  et de sérénité qui en dit long sur les capacités de résistance de ce valeureux peuple dont l’idéal et la référence historique restent  la Révolution algérienne».
L’envoyé spécial, poursuivant son chemin vers la capitale, a marqué un détour par une localité entièrement détruite par des bombardements deux jours auparavant.
«À une cinquantaine de kilomètres de Baghdad s’étale la ville de Falluja, sur les rives du Tigre, dont le principal viaduc a été endommagé et n’est plus ouvert à la circulation. La traversée du fleuve se fait par un vieux pont métallique. Une halte s’imposait dans cette ville martyre. Nous ne pouvions nous empêcher de constater les traces macabres des missiles lancés sur le marché principal, par un bel après-midi d’un printemps naissant. Il y eut, ce jour-là, pas moins de 400 morts. Du marché, il ne reste que la structure métallique ondulée et pliée comme un vulgaire caoutchouc.»

Entrée mouvementée à Baghdad
Quelques kilomètres plus loin, c’est l’arrivée dans la capitale irakienne. «En fin de journée, nous atteignons enfin la ville d’El-Rachid, Baghdad. Une ville majestueuse dont les principales constructions semblent narguer les avions des alliés. De larges avenues, des voies rapides, des rues proprement entretenues, confèrent à Baghdad une stature mondiale. L’hôtel El-Rachid, où logent tous les journalistes accrédités en Irak, est une autre œuvre architecturale sublime. Le soir, alors que nous venons juste de prendre possession des lieux, nous sommes surpris par le bruit strident des sirènes qui annoncent un raid aérien. Trois, peut-être quatre fois, ce même appel se répétera durant notre première nuit.»
B. B.

Les analyses du général Saad Eddine Chazly
«Rien n’arrêtera les Américains»

Pendant une bonne période de cette offensive généralisée des coalisés sur l’Irak, Le Soir avait pris l’initiative de donner la parole à un des héros de la guerre israélo-arabe de 1973, en l’occurrence le général égyptien Saad Eddine Chazly.
 Il apportait ainsi un éclairage important et attendu sur l’évolution de la situation sur le front, sur la portée des tractations régionales et internationales pour éviter l’embrasement, sur l’éventuelle réaction de la rue arabe, sur les stratégies militaires envisagées dans ce conflit, sur les capacités guerrières des forces irakiennes… En fin stratège, il affirmait notamment que le cours des événements pourrait être modifié si «la rue arabe et musulmane se mobilisait en masse en faveur de l’Irak ; le peuple américain rejetterait avec force cette option ; une position moins neutre de l’Iran ; et une attitude de l’URSS plus vigoureuse pour la paix…».
À contrario, le général exilé en Algérie décrétait alors : «À mon avis, si aucune de ces quatre hypothèses ne venait à être réalisée, aucune autre force sur terre ne serait en mesure d’arrêter les Etats-Unis et leurs alliés  de persévérer dans leur stratégie.»
B. B.

Des unes et des évènements
Année 1991

État de siège à Alger
Alger s’est réveillée ce vendredi matin (16 juin 1991) sur l’apparition, pour la première fois depuis l’instauration de l’état de siège, de commandos, en tenue de camouflage, armés de fusils d’assaut kalachnikov et d’autres de lance-roquette RPG, qui ont pris position dans les points stratégiques de la capitale et aux abords des mosquées traditionnellement acquises au FIS. Ainsi, à Bab-El-Oued, Kouba, Belcourt, on a pu constater un redéploiement des forces militaires, chars et véhicules blindés stationnés canons et mitraillette au point…
Une journée particulièrement tendue du fait de l’information confirmée par l’autorité faisant état de groupes armés tirant sur la foule à partir de véhicules banalisés. Des contrôles stricts et sévères ont commencé dès la nuit de jeudi. Véhicules et piétons suspects sont systématiquement soumis à une fouille approfondie
La veille, dans un communiqué rendu public, l’autorité militaire a recommandé «par précaution et mesure de sécurité envers les fidèles à ce que la prière d’el djoumouaâ (14 juin 91) ne s’accomplisse qu’à l’intérieur des mosquées… ceci en raison des risques résultant de la présence d’éléments armés toujours résolus à incriminer, à la suite de tirs isolés embusqués, les forces de l’ordre dans des actions de répression».

Gouvernement-partis, retour aux vrais débats
Pour la seconde journée consécutive, les travaux de la rencontre gouvernement-partis politiques se sont poursuivis avec cependant moins d’engouement de la part des journalistes. Leur nombre s’est nettement réduit. Prévue pour clore les interventions sur les deux points inscrits à l’ordre du jour, cette deuxième journée a été marquée par des interventions qui replacent un tant soit peu le débat dans son contexte original. Kasdi Merbah, président de Majd, tente d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à exiger des élections présidentielles anticipées : «Nous pensons qu’il n’y a qu’un seul responsable à la situation de crise que nous vivons.»  Il rappelle aussi que «la crise-mère, c’est bien une crise politique, avant d’être économique».
M. Merbah insista d’autre part sur «le blocus médiatique imposé à son parti par les organes du secteur public».

 

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