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Rubrique Anniversaire

Le Soir : 4 septembre 1990 - 4 septembre 2020 Mes trente années du Soir

«El-Bareh kan fi omri aâchrin», languissait feu Hadj El-Hachemi Guerouabi! Et de mes vingt ans, je me souviens comme si c’était hier. Un jour de septembre 1990. Je rentrais de Pologne, pays que j’ai pu visiter grâce à un concours organisé lors de la CAN d’Alger par le défunt hebdomadaire sportif El-Mountakheb dirigé par Messaoud Kadri. Durant mon absence, un ami à l’Institut de journalisme, Amar Abderrahmane, passera me voir chez moi et laissera un message, en fait deux, chez ma regrettée maman. Aussitôt rentré, je l’appelle sur le «fixe» (le portable n’était pas accessible pour la majorité des Algériens) et j’apprends que l’institut organise un concours de magister. «Dahmane» m’annonce aussi que des journaux vont voir le jour sous peu et qu’il faille faire un saut du côté du Champ-de-manœuvres. C’était l’aubaine que j’espérais, suivre des études en post-graduation n’était pas ma première préoccupation.
Début septembre, je débarque avec mon ami au niveau de ce qui constituait une des annexes du ministère de l’Éducation située à côté du Central téléphonique Aïssat-Idir. Pas vraiment le site qui fait référence à un building abritant les grands journaux américains ou ceux d’Europe. Une file de baraques stylées sur les écoles de montagne se dresse sans que l’on sache quelle serait celle qui nous ouvrira ses portes : El-Watan, Alger républicain, El-Khabar et bien sûr Le Soir d’Algérie. Là où Djamel Saïfi que je «voyais» dans colonnes des pages sportives d’El-Moudjahid m’accueillait d’un regard perçant, sous une paire de lunettes d’intello et des moustaches à la turque. Malgré ma boule à zéro et ma forte carrure, il m’ordonna de m’asseoir pour lancer mon «œuvre». J’ai pris peur et j’ai répondu : «Excusez-moi monsieur, mais j’ai mon concours de magister à passer dans 3 jours. Puis-je revenir après ?»
La réponse est sèche mais pleine de bon sens : «Tu veux faire des études universitaires ou une carrière dans la presse ?»
M. Djamel semblait me connaître mieux que je me connais. Il accepte toutefois de me «libérer». Le journal venait juste d’être lancé avec son numéro 0. Le 3 septembre marquera le début d’une nouvelle ère dans l’écriture de presse, seule à rivaliser avec la propagande des médias lourds.
Le Soir d’Algérie, dont l’équipe fondatrice traînait 116 ans de vécu dans les médias, marquait la libération des tons avec des chroniqueurs hors pair : Chaâbane Ouahioune décrivait sa Kabylie et Zoubir Souissi décryptait un quotidien sociopolitique qui sentait la poudre. Les unes confectionnées par Maâmar Farah accrochent presque tout le monde, des lecteurs qui avaient soif de «boire l’eau d’une autre rivière». Société, politique, sport, culture et loisirs sont des thèmes qui revenaient à chaque numéro étalé par les buralistes et les revendeurs de journaux ambulants et dans des espaces de fortune.

Feux croisés et intimes convictions !
Entre midi et treize heures, l’attente se fait longue tellement le nouveau tabloïd faisait sensation et construisait son lectorat aussi large que diversifié. À l’intérieur du journal, l’ambiance est à son paroxysme. Les télescripteurs crépitent et les machines à écrire «vieux modèle», «butin» égaré par les anciens locataires de l’éducation (en fait, le site est une propriété de l’ANP) dégagent de fortes charges sonores. Les journalistes, pour la plupart des «bleus» comme votre serviteur, ont à peine le temps de «pondre» leurs papiers commandés lors de la réunion matinale qu’ils sont appelés à d’autres fonctions : qui pour prendre les articles des correspondants, qui en découpant les dépêches d’agences sinon pour aller couvrir un évènement, un fait divers soit-il, qui venait de se produire. La toile d’araignée avait bien planté le décor sous les ordres d’une équipe dirigeante mobile et pensante. Et c’est comme ça que Le Soir d’Algérie vivait ses premières années : intenses et sans répit. L’avènement du terrorisme islamiste n’y changea presque rien aux habitudes, même s’il faut faire remarquer qu’une forme d’instabilité s’installera au sein du staff rédactionnel : de nombreux journalistes nés et élevés au sein du doyen de la presse indépendante vont prendre d’autres destinations. En rejoignant d’autres titres de la presse qui avaient vu le jour après Le Soir ou bien en optant pour d’autres métiers et fonctions moins exposés à la vindicte des terroristes islamistes. Car, exercer dans les médias entraînait menaces et liquidations physiques. Yasmina Drici, une correctrice au sein du journal, fera la première les frais de la promesse faite par les sanguinaires de l’ex-FIS d’éliminer tous ceux qui n’ont pas la même philosophie. En trois années, le journal pleura plusieurs de ses membres. L’attentat à la voiture piégée de février 1996 anéantira le bloc qui abritait les locaux du Soir qui perdra également son directeur de la rédaction Allaoua Aït Mebarek, le chroniqueur Mohamed Dorbane et le cruciverbiste Djamel Derraza, victimes parmi les victimes du lâche attentat. Depuis, Le Soir d’Algérie commençait à manger son pain noir. Non seulement marqué par les exactions terroristes, Le Soir subira de plein fouet son extrême désir de défier les autocrates et les bricoleurs. L’instruction «17» d’Ahmed Ouyahia, alors chef de gouvernement, privera le journal de la publicité institutionnelle. Et cela durera douze années, avec tout ce que cette «punition» provoquera sur le plan de la gestion et des investissements. Les projets pensés par les fondateurs du journal ont été réduits en cendres.
Un coup de massue qui n’aura cependant pas raison de la volonté de ceux qui avaient cru à l’esprit Pulitzer. Des années sont passées, des personnes sont mortes, d’autres ont changé de cap mais Le Soir d’Algérie ne s’essouffle point. Trente ans après, le célèbre El-Bareh kan fi omri aâchrin du chantre du Chaâbi qui était Hadj El-Hachemi Guerouabi continue de bercer les nuits d’un lectorat renouvelé d’un quotidien qui, malgré le poids des ans et des souffrances, maintient sa «ligne».
Mohamed Bouchama

Des unes et des évènements : Année 1998

Massacres en série
Ici et là, depuis quelque temps, les terroristes s’acharnent sur les populations. Aux quatre coins du pays, d’innocentes victimes sont sacrifiées sur l’autel de la bêtise. Une bêtise nourrie durant de longues années par l’islamisme politique. Relizane se contorsionne encore dans la douleur. Saïda a vécu l’horreur la nuit de samedi à dimanche. Sept citoyens ont été ravis à la vie par les hordes sanguinaires. Médéa, elle, a connu le cauchemar en plein jour. Six personnes ont été assassinées dimanche matin dans un faux barrage. Les terroristes ont revisité Raïs, la bourgade par qui le génocide a commencé. D’autres citoyens auraient été assassinés n’était la vigilance des patriotes. Au même moment, la question du terrorisme était au centre des débats à Tunis à l’occasion des ministres arabes de l’Intérieur et des réactions affluent suite aux terribles massacres perpétrés dans les différents endroits du pays. De cette rencontre, il était attendu qu’un projet d’accord soit adopté et portant sur plusieurs volets dont, notamment, celui ayant trait à «l’extradition des terroristes recherchés ou condamnés».
De même, les pays qui auront ratifié ce projet seront tenus de ne plus «permettre aux groupes terroristes d’utiliser leurs territoires pour planifier et commanditer des attentats». La Ligue arabe a, de son côté, appelé la communauté internationale à adopter de fermes résolutions pour combattre un «phénomène transfrontalier».

Menaces sur la presse
L’argument commercial constamment invoqué par les autorités pour justifier la suspension de titres de la presse écrite n’a pas convaincu grand monde. Au contraire, cette «punition» a plus été perçue comme une mise en application des menaces, dont l’auteur est le porte-parole du gouvernement. Le 15 octobre 1998, les imprimeries envoient des fax à l’adresse des quatre titres de la presse indépendante.
Ces correspondances interviennent à la veille d’un week-end, et moins de trois heures après les menaces émanant de HHC (Hamraoui Habib Chawki), sommant les destinataires de s’acquitter sous 48 heures de toutes leurs créances.
Partant de là, d’aucuns ne pouvaient s’empêcher d’établir un lien avec les scandales qui ont éclaboussé de hautes personnalités, dont Mohamed Betchnine et Mohamed Adami, sont très certainement à l’origine de ces sanctions.
Pour ces créances, il y a lieu de signaler que celles-ci étaient l’objet d’un accord préalablement établi entre les imprimeurs et les éditeurs. Un échéancier a été effectivement fixé entre les parties sur des factures en retard datant des années 1996 et 1997. Au début, la sanction concernait Le Matin, La Tribune, Le Soir d’Algérie et El Watan, avant d’être élargie à d’autres supports, Liberté, El Khabar, Le Quotidien d’Oran et El Alam Essiassi.

Album du Soir

Lors du lancement du journal, une soirée conviviale avait réuni les membres fondateurs avec des invités de divers horizons. Sur la photo, on peut apercevoir
de gauche à droite, M. Ghrib, ancien ministre des Affaires sociales, un des artisans du développement de la presse indépendante, en compagnie de Maâmar Farah, feu Mohamed Bederina et Djamel Saïfi.

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