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Rubrique Ce monde qui bouge

28e vendredi, entre durcissement et apaisement

Avec les deux derniers discours du général Gaïd Salah, le fossé entre les revendications du Hirak et l’agenda du pouvoir politique centré sur l’élection présidentielle comme unique sortie de crise, risque encore de s’approfondir. Mais de là à affirmer que la tentation d’un passage en force ne relève plus d’une hypothèse d’école, cela ne semble pas partagé par tous les acteurs de la société civile et politique.
Cela dit, tous sont unanimes à considérer que les interdictions de l’université d’été du RAJ (Rassemblement action jeunesse), de la rencontre des partis de l’Alternative démocratique et les arrestations de manifestants pour port d’emblème amazigh et du vétéran de la guerre de Libération nationale le commandant Lakhdar Bouregaâ (86 ans), qui n’est plus d’une certaine jeunesse, ne sont pas de nature à apaiser la situation.
En effet, les Algériens attendent des gestes forts : la libération des détenus d’opinion, la cessation des interdictions de se réunir et de débattre. Excepté le FLN et le RND qui sont de fait disqualifiés, tous les acteurs politiques, y compris ceux favorables à l’option d’une élection présidentielle, le demandent. Même Karim Younès, le président du Panel – il vient de le réitérer – est sur cette ligne. Car un durcissement risque, au contraire, de conduire à radicaliser la crise dans un contexte où la situation socio-économique risque d’empirer si rien n’est entrepris, au moins à titre transitoire, dans les plus brefs délais.(1) Aussi l’heure est-t-elle à l’apaisement.
Pour autant, les lignes bougent. Les rencontres entre les acteurs de la société civile et politique se multiplient, ça débat, on assiste à l’émergence de propositions de sortie de crise, de projets de charte politique pour une alternative démocratique, toutes choses qui dénotent d’une réelle vitalité de la société algérienne, et qu’il convient d’examiner et d’y répondre sereinement. Car au point où en est l’Algérie, plus de six mois après le début du Hirak, et au regard de la complexité de la situation, personne ne peut prétendre détenir à lui seul les clés de la solution. Aussi convient-il de se parler et mettre toutes les options sur la table.
Le pouvoir, en l’occurrence l’armée, sait pourtant que l’Algérie de 2019, avec ses 42 millions d’habitants, une jeunesse éduquée et branchée sur son époque qui a pour elle l’avantage du poids du nombre, ne peut plus être gouvernée comme avant. On ne peut plus lui imposer des solutions et des choix du genre « c’est comme ça il n’y a rien à discuter », car le 22 février a changé la donne.
Tous, et pas seulement le pouvoir, doivent comprendre que l’Algérie d’avant le 22 février, c’est fini. Les jeunes, composante majoritaire du Hirak, seront encore là quand les gens de ma génération ne seront plus de ce monde. Or, certains acteurs de la société civile, au nom du dépassement des divergences politico-idéologiques, vont jusqu’à proposer un nouveau compagnonnage – une sorte de Sant’ Egidio relooké – avec des ex-fissistes non repentis tout heureux qu’on ne les ait pas oubliés, comme si l’Algérie s’était arrêtée en 1991 alors que nous sommes en 2019 !
Certes, il faut avancer et rassembler. Mais le consensus antisystème proposé doit être conditionné par des garanties consensuelles préalablement établies autour des libertés démocratiques et de conscience, de l’égalité citoyenne et de la séparation du religieux et du politique. Un pas qu’hésitent à franchir certains opposants par calcul et opportunisme alors que les Algériens sont prêts à le faire parce qu’ils ont tiré les leçons de la décennie noire. Sinon, ils auraient répondu aux sirènes de l’ex-FIS et de ses affidés.
Il ne faut pas être naïf, assumer le droit à la différence – c’est déjà un peu le cas dans les marches du vendredi et du mardi – restera un vœu pieux si des garde-fous politiques ne sont pas clairement énoncés et acceptés par tous les acteurs pour qu’à l’avenir, le religieux ne vienne pas interférer et brouiller le jeu politique et le débat d’idées.
H. Z.
(1) Selon l’AGEA (entrepreneurs) 175 salariés du BTPH sont menacés de chômage.

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