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Rubrique Ce monde qui bouge

Amazighité, islamisme et dattes saoudiennes

Question emblème, après la réponse massive de vendredi dernier, des étudiants ont répondu à leur manière en peignant sur leurs visages la lettre « Yaz » qui figure au centre de l’emblème interdit. Et cette guéguerre, dont on aurait pu se passer, peut durer aussi longtemps que durera l’interdiction de brandir l’emblème amazigh, ce qu’aucune loi d’ailleurs n’interdit comme l’ont indiqué de nombreux juristes (1). 
Dès lors, où est le problème alors que cela fait plus de 20 ans que l’identité amazighe est consacrée constitutionnellement ? En vérité, le mouvement populaire né le 22 février dérange par son caractère national, massif et non violent et parce qu’il est porteur de changements démocratique et citoyen. Il n’a pas faibli. Et de plus, il échappe aux manipulations et aux provocations. 
L’amazighité, ce sont nos racines.  Je ne comprends donc pas que ceux qui chantaient naguère l’Irak de Saddam trouvant normal que l’ex-Président irakien se soit réclamé de l’héritage de Nabuchodonosor (roi de Babylone, 605-562 av. J.-C.), réhabilitant, à coups de millions de dollars, le passé mésopotamien de l’Irak jusqu’à reconstruire Babylone, bref qu’il assume ses racines, s’obstinent à vouloir tirer un trait sur le passé berbère (et phénicien) du pays. Et ce, comme si Massinissa, Jughurta, Juba, Syphax venaient d’une autre planète ou avaient été étrangers à leur terre natale. 
Reproche-t-on au mégalomane Tayyip Erdogan, qu’Abderrezak Makri cite en modèle, de glorifier le passé turco-mongol de la Turquie à des fins islamo-nationalistes et impériales ? Dans le gigantesque palais présidentiel qu’il s’est fait construire à Ankara, le visiteur étranger emprunte un monumental escalier sur lequel se tiennent de chaque côté seize gardes habillés en guerriers d’époque symbolisant les seize empires et États turco-mongols, depuis Attila roi des Huns qui n’était pas musulman jusqu’aux Ottomans ! Et que dire de l’Egypte dont on a beaucoup à apprendre en matière de restauration et de valorisation de son prestigieux passé pharaonique ? 
Dès lors, assumons sans complexe notre passé. Mais ne laissons pas faire l’islamiste Abdallah Djaballah, qui n’a pas condamné la sanglante répression de Khartoum le 3 juin par le régime militaro-islamiste, le seul à qualifier les arrestations de jeunes d’« urgentes et nécessaires », sans réagir.  Et dire que c’est avec ce type qu’on convie les Algériens à changer de système. 
« Novembria badissia » a de nouveau été brandi ce mardi. Loin de moi l’idée de remettre le couvercle sur la marmite mais aucun des six membres fondateurs du FLN – Boudiaf, Ben M’hidi, Krim Belkacem, Didouche Mourad, Ben Boulaïd, Rabah Bitat – n’a été membre de l’association des Oulémas ou s’en revendiquait. Bien au contraire.  Ce qui ne veut pas dire que les Oulémas étaient dénués de tout esprit patriotique. Alors ne travestissons pas l’Histoire. Et n’essayez pas, à travers cette falsification de l’histoire du mouvement national, de nous imposer un renversement radical de perspective historique en faisant de Ben Badis, comme l’a écrit Ahmed Halli, le 23e membre du groupe des 22 à l’origine du 1er Novembre 1954. J’en parle aussi parce que j’en ai beaucoup discuté avec feu Mohamed Mechati (que j’ai interviewé en 2012), ancien du «groupe des 22» et de l’OS (Organisation spéciale) mise en place par le PPA-MTLD alors dirigé par Messali Hadj. 
Terminons avec le don de dattes saoudiennes.  Pourquoi avoir choisi l’Algérie, le pays de Deglet Ennour, la reine des dattes ? Pourquoi ne pas avoir fait un don identique au Maroc, à la Tunisie ou la Mauritanie ? Un oubli ? En vérité, avec la publicité tapageuse orchestrée par les Saoudiens autour de ce don de dattes, ils ont voulu humilier l’Algérie et les Algériens. Rien de plus. 
Si c’était pour les Sahraouis – ce qu’auraient affirmé des officiels algériens – pourquoi ne l’avoir pas fait via le Croissant-Rouge sahraoui ? Et si c’était le cas, en quoi 350 tonnes de dattes saoudiennes vont-elles améliorer le sort des Sahraouis que les Saoudiens ne reconnaissent pas puisque Riyad est pour la «marocanité» du Sahara ? 
Au fait, ces dattes saoudiennes, sont-elles bonnes et bio au moins ? 
H. Z. 

(1) Cette chronique est dédiée à la mémoire de Matoub Lounes, assassiné le 25 juin 1998, à ses proches et à tous ceux qui sont restés fidèles à son combat.  

 

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