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Rubrique Ce monde qui bouge

Cuba dans la tempête ? Qu’en est-il ?

Qui aurait imaginé que Cuba serait à son tour touchée par des manifestations anti-régime ? Même si elles n’ont pas eu l’ampleur escomptée par les anti-castristes et leurs soutiens américains, ces manifestations n’en constituent pas moins un sérieux avertissement, tant et si bien que le Président cubain Miguel Diaz-Canel, qui a accusé « la mafia cubano-américaine » d’en être à l’origine, a appelé les Cubains à sortir pour « les affronter de manière décidée, ferme et courageuse ». Si prompte à dénoncer le régime cubain, la Maison Blanche n’en a pas moins indiqué qu'elle ne laisserait pas entrer les Cubains qui tenteront de fuir par la mer leur pays en crise ! 
Ces manifestations inédites surviennent dans un contexte de conjonction de plusieurs facteurs. Au blocus imposé par Washington depuis 1962 interdisant aux entreprises US toute transaction commerciale et tout investissement avec Cuba, s’est ajoutée la loi Helms-Burton promulguée en 1996 qui sanctionne toute entreprise, quelle que soit sa nationalité, qui investirait dans le pays de feu Fidel Castro. Ce qui a conduit de nombreuses entreprises et banques européennes à renoncer à investir dans ce pays disposant d’un système de santé, éducatif et universitaire ainsi que de compétences parmi les meilleurs au monde. 
Bien qu’en dépit de la disparition de l’URSS en 1990, Cuba ne soit plus considérée comme une menace par Washington, le blocus de l’île, quelque peu atténué sous la présidence d’Obama, s’est cependant poursuivi, avant d’être de nouveau aggravé sous la présidence de Donald Trump : ce dernier a promulgué 243 sanctions supplémentaires comme par exemple la suspension du service Western Union, très utilisé par les Cubains pour recevoir de l'argent en provenance de la diaspora cubaine vivant aux États-Unis, privant des milliers de familles cubaines d’un réel appoint. 
En effet, «avant toute autre chose, ce pays est victime depuis 62 ans de sanctions économiques absolument effarantes », souligne Janette Habel, maître de conférences à l'Institut des hautes études d'Amérique latine (IHEAL) de Paris, interrogée par la chaîne publique Franceinfo-tv. Ce sont ces sanctions, conjuguées aux effets d’une crise sanitaire qui a par ailleurs provoqué l’arrêt du tourisme, source importante de devises, et ralenti la mise en œuvre des réformes économiques, qui ont aggravé la situation. De fait, l’économie a chuté de 11% en 2020, avec pour conséquences un rationnement de la distribution électrique, des pénuries de médicaments et de produits alimentaires… détérioré le quotidien déjà difficile des Cubains et accru d’autant le mécontentement social. 
Terminons ce tableau sur Cuba par cet article du journal Le Monde daté du 26 novembre 2018 titré : « Ces 638 fois où la CIA a voulu se débarrasser de Fidel Castro (…) Stylo et cigares empoisonnés, LSD, poison pour faire tomber sa barbe… La CIA a tout essayé pour tuer ou faire disparaître le dirigeant cubain .» Certes, écrit Le Monde, « la plupart n’ont pas été mis à exécution, mais les moyens auxquels ses auteurs avaient pensé sont dignes des meilleurs romans d’espionnage : des plus classiques, comme des fusils très puissants, aux plus élaborés comme des pilules empoisonnées, le fameux stylo ou des armes bactériologiques ». Parmi ces projets d’assassinat projetés par la CIA, outre une attaque aérienne sur le palais présidentiel ou le recours à la maffia, il a aussi été envisagé d’empoisonner la tenue de plongée de Castro, fervent amateur de pêche sous-marine, d’imprégner sa boîte de cigares d’un produit chimique mortel… Moralité : Fidel Castro, le dirigeant le plus ciblé au monde, est mort naturellement le 25 novembre 2016, dix ans après avoir quitté le pouvoir. 
Quant aux États-Unis, ils ont bel et bien recouru au terrorisme d’État, qu’ils se plaisent à dénoncer quand il s’agit de l’Iran, ou de Vladimir Poutine qualifié de « tueur » par le Président Joe Biden à propos de la tentative d’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny. 
Les manifestations de colère de dimanche dernier à Cuba sont à prendre au sérieux. Si les complots fomentés contre le régime socialiste sur fond de durcissement du blocus américain ne font l’objet d’aucun doute, ces manifestations posent la question des libertés sur laquelle il est impensable de faire l’impasse, d’autant qu’il s’agit d’une question qu’instrumentalisent Washington et ses alliés, à des fins autres que la recherche du bonheur et du bien-être social du peuple cubain.
H. Z.

N. B. : à Lyazid Khodja que je n’ai plus revu depuis mars 2020 et à qui est dédiée cette chronique. Mes condoléances attristées à sa famille et ses proches. 

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