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Rubrique Ce monde qui bouge

Hirak, l’heure des clarifications

Pour le Hirak, le temps des nécessaires clarifications est arrivé. Les acteurs du mouvement populaire ne peuvent rester dans l’entre-deux. Ce qui s’est passé vendredi dernier, qu’il ne faut ni sous-estimer ni amplifier outre mesure, interpelle. Un simple recadrage ne suffit pas. Les questions du statut des femmes confinées dans un statut de quart de citoyenne depuis 1984, de la nécessaire séparation du politique et du religieux et de la liberté de conscience, ne peuvent être indéfiniment différées sous prétexte que cela nuit à l’unité des rangs du mouvement et que cela ferait le jeu du pouvoir politique. Ces questions sont par principe non-négociables et devraient faire l’objet d’un large consensus. Ce qui n’est sans doute pas sans rapport avec le peu de présence féminine constaté lundi et vendredi dernier par rapport au Hirak d’avant la pandémie.
Quant au mot d’ordre « État civil et non militaire », disons-le tout net, il n’a rien à voir avec le principe de « primauté du politique sur le militaire » proclamé par le Congrès de la Soummam en 1956 : il s’agit d’un détournement de sens visant à mettre entre parenthèses la forme républicaine, démocratique et sociale de l’État et à éviter tout débat sur la nature et le contenu de cet « État civil ». 
Les islamistes, qui visent à imprimer leur marque sur le Hirak, sont dans leur rôle, c’est de bonne guerre. Mais de là à supposer qu’ils se sont appropriés le Hirak – ce qui reste à démontrer – ne me semble pas correspondre à la réalité. Ils sont dans leur rôle comme le sont également ces islamo-conservateurs qui, à partir des institutions étatiques et sociales, tentent d’infléchir la forme républicaine de l’État vers une forme d’État à forte connotation politico-religieuse, et de faire prévaloir la primauté du religieux sur le politique comme on l’a vu à propos du vaccin anti-Covid-19 ou pour s’opposer à toute modernisation de l’enseignement public, domaine qui fait que l’Algérie est à la traîne de ses voisins marocains et tunisiens. 
Il n’y a qu’en Algérie que l’on voit dans certaines écoles des enseignants en tenue semi-afghane, des recteurs d’université interdire l’accès des cours aux étudiantes ne portant pas le hidjab ou le niqab ou encore comme cela s’est passé à Oran, un proviseur interdire à une élève, membre de l’équipe nationale d’escrime, l’accès au lycée en raison de sa coiffure ! Et que dire du dépôt de plainte contre l’universitaire Saïd Djabelkhir pour atteinte aux préceptes de l’Islam ou encore de la dernière sortie, une de plus, de l’islamiste Abdelkader Bengrina sans qu’il soit recadré ! 
L’islamisme sous ses diverses variantes, légale, semi-légale ou tolérée, est une réalité avec laquelle il faut compter. À ce propos, on notera d’ailleurs que même si le MSP et le mouvement Rachad se livrent une lutte à distance pour le leadership de l’islam politique, ces deux mouvements qui nourrissent la même sympathie envers la Turquie d’Erdogan, et pour lesquels le religieux doit primer en dernière instance sur le politique, évitent toute polémique entre eux. Dans un partage des tâches qui ne dit pas son nom, le MSP réserve ses coups au courant « laïque » qui aurait fait main basse sur le Hirak, tandis que Rachad, cette vitrine politique de l’ex-FIS, poursuit une stratégie visant à faire endosser aux seuls « services » et aux « généraux » la « décennie noire » et, partant, dédouaner totalement l’ex-FIS de ses responsabilités ! 
Avant de conclure, un mot sur la manifestation étudiante de mardi : si l’on en juge par les reportages vidéo diffusés par des sites d’info en ligne qu’on ne saurait suspecter d’être pro-pouvoir puisqu’ils sont censurés, il était impossible de se faire une idée de la mobilisation étudiante, et ce, en raison du trop grand nombre d’adultes ayant l’âge de leurs parents qui manifestaient par solidarité à leurs côtés ! Or, là aussi, on est face à un vrai problème. On aurait aimé voir les étudiants manifester dans la rue en tant que mouvement social autonome comme lors du printemps-été 2019 et comme on le voit dans de nombreux pays... Parce que la relève de demain, c’est eux ! 
À jeudi.
H. Z.

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