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Rubrique Ce monde qui bouge

Hirak, où en est-il ?

Le Hirak est de retour, c’est un fait. Qu’il structure le champ politique, c’est une évidence. Qu’il ne parvienne pas à se donner une visibilité et un horizon, ou à se transformer en projet politique, et que ça fasse débat, c’est une vraie question. Qu’il ait ouvert un espace à un spectre de courants sociopolitiques et idéologiques comme l’islamiste Rachad notamment, qui ne veut pas être labellisé d’islamiste comme si c’était une honte, c’est un autre
fait : il est le plus cité et a tendance à vouloir imposer son leadership. Mais de là à affirmer que les islamistes, Rachad en tête, qui ont pris en marche le train de la mobilisation populaire en toute discrétion, se sont convertis aux idéaux et valeurs de la démocratie et de la citoyenneté, sans qu’ils aient fait leur aggiornamento, reste à démontrer. La question du statut des femmes, du code de la famille et de la séparation du religieux et du politique, des thèmes qu’il serait de bon ton de ne pas remuer pour ne pas froisser ou fâcher les islamistes, montre que le chemin vers la sécularisation et le changement radical reste parsemé d’embûches. 
Second constat, les clivages politico-idéologiques au sein du Hirak sont une réalité. À un moment ou à un autre, faute de clarifications politiques rendues nécessaires par le mouvement populaire, ces clivages ne pouvaient que refaire surface. Est-ce le fait d’une manipulation des services ? Ne faut-il pas plutôt se demander pourquoi ces clivages ont eu un certain écho maintenant, dans un contexte d’apparition de slogans discutables avec pour conséquence une baisse de la mobilisation populaire par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie ? Chacun a pu observer que les couches moyennes, les élites et même des militants de la première heure sont moins présents dans les marches du vendredi. On pourrait y voir clair si les autorités n’empêchaient pas les différents acteurs du Hirak de débattre librement dans une salle, en présence des médias, au lieu de les contraindre, pour échanger, à passer par la case des réseaux sociaux, dont on connaît les limites. Cela avait pourtant été le cas avant le 12 décembre 2019, avant que, sous divers prétextes, des salles aient été interdites aux différents acteurs se revendiquant du Hirak.  
En droite ligne de ces constats, depuis le retour du mouvement, les slogans —« État civil et non militaire » associés à d’autres plus clivants et dont la pertinence politique reste à démontrer — sont la dominante des marches du 26 février et des suivantes, excepté peut-être pour celle du 8 Mars. Un État civil – il ne faut pas être naïf — ne mène pas forcément et directement à un État de droit. Sans garanties et garde-fous consensuels préalablement établis dans le cadre d’une charte par tous les acteurs politiques, autour des libertés dont la liberté de conscience, de l’égalité citoyenne et de la séparation du politique et religieux, l’État civil tel que revendiqué est une coquille vide et une porte ouverte sur l’inconnu. 
Un État de droit ne peut être protégé que par la constitutionnalisation de la séparation des pouvoirs et par des textes de loi qui consacrent les libertés d’organisation, d’expression et de la presse et de conscience et, partant, la citoyenneté. Sans ces garde-fous politico-institutionnels clairement énoncés et acceptés par tous les acteurs et qui devraient figurer comme objectifs prioritaires du mouvement populaire du 22 février, comment empêcher la violation des droits du citoyen, assumer sans contrainte son droit à la différence et éviter que le religieux instrumentalisé ne vienne interférer, brouiller le jeu politique et le débat d’idées ? Et ainsi mettre à l’abri la démocratie, afin d’éviter qu’un courant, fût-il animé en paroles des plus belles intentions, n’accapare, au nom du peuple, la volonté de changement exprimée par des millions d’Algériens ? Le peuple ? Voilà une autre notion dont se parent, en guise de légitimité, les États autoritaires pour imposer leurs politiques au mépris des principes démocratiques et de liberté ayant permis à leurs dirigeants d’arriver au pouvoir…
Raisons pour lesquelles sans tous ces garde-fous, les libertés et le vivre-ensemble ne sont  pas possibles et resteront un vœu pieux. Ces questions-là doivent être tranchées maintenant, demain ce sera trop tard. À jeudi. 
H. Z.

 

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