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Rubrique Ce monde qui bouge

L’aube du 5e mandat, l’opposition et le bilan d’Ouyahia

Le temps où l’on exhibait le portrait du Président avec une banderole de soutien des comités de supporters juste avant le début d’un match de football, opposant des clubs drainant des dizaines de milliers de fans, est bien révolu. La crainte de cris hostiles au 5e mandat comme cela s’est déjà produit à Jijel ou à Béjaïa, où la colère des supporters, suite à la défaite de leurs clubs, s’est transformée en hostilité au pouvoir, n’y est pas étrangère. 
Reste, cependant, à se demander si cette fièvre anti-5e mandat s’exprimant via les réseaux sociaux, dans quelques stades de foot ou par des manifestations publiques, et ce, en dehors des partis, comme ce fut le cas à Kherata, Oum-el-Bouaghi, Jijel, Khenchela, avec en toile de fond cet appel à manifester le 22 février après la grande prière du vendredi, est un épiphénomène ou l’annonce d’un mouvement protestataire appelé à s’amplifier. Seule certitude, en dehors de la santé du Président, cette pré-campagne ne se déroule pas telle que prévue par les autorités.(1) 
En attendant, les partis politiques opposés au 5e mandat, y compris le RCD, auraient choisi de se voir à Paris dans les locaux de la chaîne islamiste al-Maghribiya. Pourquoi sur cette chaîne appartenant au fils de Abassi Madani ? Parce qu’elle est regardée par des millions d’Algériens et parce que la télé publique et les télés privées sont fermées aux opposants au 5e mandat, et qu’il leur est impossible de tenir des réunions publiques à Alger sans autorisation officielle, alors que Abdelmalek Sellal, déjà en campagne, libre comme le vent, bénéficie d’une large couverture. C’est aussi simple que cela. 
Quant au 5e mandat, lui, il est en route. Pour l’occasion, une apparition publique d’Abdelaziz Bouteflika n’est pas à exclure pour le 24 février, rapportent plusieurs sites d’information – il devrait inaugurer la Grande Mosquée et l’extension de l’aéroport international d’Alger... — et montrer à ses détracteurs qu’il est toujours là. Mieux encore, le lendemain, 25 février, Ahmed Ouyahia présentera «la déclaration de politique générale du gouvernement» devant les députés, suivie d’un débat général, histoire de permettre aux députés de l’opposition de s’offrir un petit «baroud» d’honneur. 
Accessible sur le site du Premier ministère, cette «déclaration de politique générale», un document de 43 pages plus trois annexes chiffrées, laisse à vrai dire le lecteur un peu sur sa faim. Ce qui frappe à la lecture des trois annexes statistiques - l’une porte sur «les réalisations 2017-2018», la seconde sur celles de 2014-2018 et la troisième sur la période 1999-2018, c’est qu’il s’agit d’un bilan physique – nombre de logements, de kilomètres d’autoroutes et de routes nationales, de barrages, d’universités, lycées et collèges construits, etc. — et non d’un bilan financier de ce qui a été engagé par rapport à ce qui a été réalisé.  
Ainsi par exemple sur la période 1999-2019, on ne connaît pas le montant des investissements engagés depuis 1999 par rapport aux résultats obtenus. Pour le dire crûment, combien ont coûté toutes ces réalisations quand on sait que les hydrocarbures ont engrangé plus de 700 milliards de dollars sur la même période ? 
Autre constat : il n’y a aucun chiffre sur l’économie informelle qui, tous les économistes en conviennent, a absorbé tout en se développant de manière tentaculaire une bonne partie des ressources tirées des hydrocarbures – plusieurs dizaines de milliards de dollars ou plus – ressources qui échappent au fisc. Rien non plus sur les transactions financières sur le marché informel de la devise qui brasse autour de 5 milliards de dollars par an sur des places financières informelles à ciel ouvert comme le square Port-Saïd à Alger.(2) Et qu’en est-il de l’économie réelle hors hydrocarbures, productive et créatrice d’emplois durables ?  
Cette déclaration de politique générale est en vérité illustrative de ce qui n’a pas changé en 20 ans, à savoir que les cercles de décision du pouvoir continuent de fonctionner sur le mode de la pensée unique et ont du mal à accepter, malgré leurs professions de foi, la pluralité et la diversité politique, le débat démocratique et, partant, l’alternance politique. Quand, par exemple, Abdelmalek Sellal assure qu’en dépit de sa santé, le Président Bouteflika «a accepté de poursuivre sa mission pour accomplir le transfert générationnel car il est le seul à pouvoir le faire», cela équivaut à dire qu’en dehors de ce système politique, moyennant quelques aménagements à la marge, il n’y a guère de salut. L’opposition ou ce qu’il en reste n’a qu’à aller se rhabiller. 
H. Z.

(1) Le FLN a appelé à une contre-manifestation le même jour, bonjour l’ambiance. 
(2) Voir ma chronique du Soir d’Algérie du 9 août 2018.

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