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Rubrique Ce monde qui bouge

Le gaz de schiste s’invite dans le Hirak

Revoilà le gaz de schiste qui s’invite dans le Hirak ! Il y a cinq ans, en janvier 2015, les habitants de In Salah étaient bien seuls quand ils sont sortis clamer leur opposition à l’exploitation du gaz de schiste. Avec le Hirak, ce ne sont pas quelques dizaines d’écolos perdus dans la foule des manifestants du vendredi et du mardi qui ont exprimé leur refus du gaz de schiste, mais des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes. 
Cette réaction populaire n’est pas si étonnante en soi. En effet, à partir du moment où il existe une opinion publique qui s’exprime chaque vendredi et mardi — c’est cela qui a fondamentalement changé depuis le 22 février – tout ce qui concerne le devenir du pays suscite l’intérêt des Algériens. C’est ce qui s’est déjà passé le 5 novembre dernier, lorsqu’ils sont sortis par milliers pour dénoncer l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures que des députés ayant soutenu le 5e mandat avaient voté à la va-vite et sans débat, avant qu’il soit entériné par le gouvernement Bensalah comme s’il y avait urgence absolue ! 
Ce rejet populaire du gaz de schiste témoigne d’une vraie prise de conscience. Pour rappel, les débats sur cette question à la télé publique étaient particulièrement suivis quand ont éclaté les manifestations à In Salah. Les Algériens sont, depuis lors, de plus en plus nombreux à penser que l’énergie solaire, une énergie disponible, inépuisable et donc renouvelable, non polluante et économique, est une alternative viable au gaz de schiste. 
D’autant que sur ce sujet, il y a unanimité parmi les experts : la récupération d’une fraction de l’énergie solaire, couvrant le Sahara, peut produire de l’électricité pouvant couvrir les besoins du Maghreb et une partie des besoins de l’Europe. Il se trouve que les Algériens savent que leur pays est doté du plus important potentiel solaire du nord de l’Afrique. Comme ils ont appris que plusieurs milliers de milliards de m3 d’eau douce dorment dans le sous-sol saharien.  
Transformer l’énergie solaire en énergie électrique via la réalisation de centrales solaires et son transport vers le nord de l’Algérie et l’Europe pose la question de la faisabilité d’un tel projet. Et là, également, il est admis qu’en termes de coût et délais de réalisation, le solaire est plus avantageux que le gaz de schiste. Au début des années 2000, l’Allemagne, via le projet Desertec, y avait pensé. Quoique tombé à l’eau, sans doute sous la pression des lobbies pétroliers, il n’en reste pas moins que le solaire comme énergie alternative est plus que d’actualité. Et puis, il y a l’eau, ces immenses nappes phréatiques du sous-sol saharien sur lesquelles il faudra bien se pencher un jour. 
Le mérite du Hirak est d’avoir remis sur la table ce besoin d’une énergie propre et non polluante couplé à l’exigence d’un changement démocratique pacifique. 
Sur ce dernier point, on peut faire deux constats. Le premier est que le pouvoir politique s’en tient à sa feuille de route : il est dans une posture post-Hirak. Pour ses partisans, le fait que l’élection présidentielle ait eu lieu constitue une victoire sur le Hirak. Le second est que, loin de s’essouffler, le Hirak, qui reste un mouvement populaire de masse sans autre représentativité que lui-même (les partis étant absents ou peinant à s’imposer), se poursuit pacifiquement sur tout le territoire national avec une même détermination et les mêmes revendications, et ce, en dépit des interpellations et des arrestations.  Ce mouvement populaire se poursuit dans un contexte régional porteur de menaces, qu’on aurait bien tort de sous-estimer ou de négliger, car l’Algérie risque à tout moment d’être entraînée malgré elle dans la crise libyenne.  
A ce propos, il est plus question dans nos médias de la Turquie que des Emirats arabes unis dont on sous-estime le degré de nuisance et qui disposent de bases militaires en Libye, au Niger et, dit-on, en Mauritanie ! L’armée émiratie n’est-elle pas encadrée, formée et conseillée par d’anciens officiers Marines US ? L’ex-ministre de la Défense américain de Donald Trump, ex-général et commandant des Marines en Irak, le faucon Jim Mattis, n’était-il pas conseiller militaire des Emirats arabes unis jusqu’en 2015 ? 
H. Z.

 

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