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Rubrique Ce monde qui bouge

MAK, GIA, France et perversion de l’Histoire

Après Saïd Djabelkhir, c’est au tour d’Amira Bouraoui d’être condamnée, pratiquement pour les mêmes motifs que pour l’islamologue. En toile de fond, une ébullition du front social,  SOS Bab-el-Oued contraint de baisser rideau.., et dans les rangs du Hirak ces slogans qui sèment le trouble. Après « DRS terroriste » scandé chaque vendredi, on a eu droit à « MAK-GIA création du DRS » !!! Et pire, on a entendu « 60 ans sous domination française, ya ouled Bigeard » !!!
« Ouled Bigeard »? Est-ce la France de De Gaulle qui a soufflé au pouvoir de Ben Bella la nationalisation des terres coloniales en 1963 ? Et la nationalisation des mines et des intérêts français en 1966 et celle du pétrole et du gaz en 1971, qui figuraient comme objectif du FLN dans le Programme de Tripoli de 1962 et la Charte d’Alger de 1964, est-ce la France aussi qui l’a susurrée aux oreilles de Boumediène ?   
Autres manipulations ressassées par Rachad et amplifiées par Almagharibiya-tv, le GIA créé par le DRS. Or, le « djihad » a commencé en 1982 (et non en 1992) par l’attaque de l’école de police de Soumaâ (Blida) par le MIA (Mouvement islamiste armé) fondé en 1981 par Mustapha Bouali (tué en 1987), Mansouri Miliani, Abdelkader Chebouti, Bâa Azzeddine.., qui furent arrêtés, condamnés à mort, avant d’être graciés et libérés en 1989, après que l'Algérie se soit dotée d'une nouvelle Constitution consacrant le multipartisme. 
Le MIA a été réactivé à la suite de la rencontre de Zbarbar en juin 1991 par les anciens du MIA dont Chebouti, Miliani, et Saïd Makhloufi membre fondateur du FIS et d’autres. Le MIA a éclaté ensuite en divers groupes : le GIA alors parrainé par Mohamed Saïd et Abderezak Redjam – tous deux membres fondateurs de l’ex-FIS – et dirigé successivement par Abdelkader Layada, Mourad si Ahmed dit Djaafar al-Afghani, vétéran de la guerre d’Afghanistan, Cherif Gousmi ; le MEI (Mouvement de l’État islamique) fondé par Saïd
Makhloufi ; les Fidèles du serment (Baqoun al’Ahd) de Kamredine Kherbane, lui aussi membre fondateur de l’ex-FIS, l’un des responsables avec Boudjemaâ Bounoua (futur dirigeant du FIS) à Peshawar (Pakistan) en 1984 du bureau des services (Mektab al-khadamat) qui supervisait, entre autres, les « afghans » algériens en Afghanistan. Et ce, sans compter l’AIS de Madani Mezrag, le FIDA (Front islamique du djihad armé) spécialisé dans l’assassinat des journalistes, artistes et intellectuels, et que des responsables de Rachad connaissent bien.
Le GIA, avant même la mort d’Antar Zouabri en 2002, a donné naissance en 1997 au GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) dirigé par Hassan Hattab, lequel GSPC va faire allégeance à la Qaïda et se transformer en Al-Qaïda pour le Maghreb islamique  (AQMI) en 2006 sous la direction d’Abdelkader Droukdel (ancien de l’ex-FIS) tué au Mali en juin 2020 et Mokhtar Belmokhtar dit le borgne lui aussi ancien du FIS et du GIA et qui se trouve aujourd’hui quelque part dans le Sahel ! 
Ces groupes djihadistes et leurs relais logistiques, c’étaient des dizaines milliers d’hommes, qui contrôlaient, entre 1993 et courant 1997, des régions entières, une partie de la Mitidja, la banlieue Est d’Alger, Boumerdès, la région de Médéa, le Chenoua. Tant et si bien qu’en 1995,  Washington, par la voix du chef du Département d’État, Robert Pelletreau qui, soit-dit en passant, a assisté à la rencontre de Sant’Egidio, faisait pression sur les militaires algériens afin de partager le pouvoir avec les islamistes à l’exemple du Soudan militaro-islamiste de Omar el-Bachir : les USA et leurs alliés étaient alors persuadés d’une chute imminente du régime avant la fin 1995 ou du moins courant 1996 ! 
Dire alors que l’armée et le DRS ont infiltré et manipulé des milliers d’hommes tenant les maquis de l’Algérois, de Médéa, Boumerdès, un coin de la Kabylie, les hauteurs de Jijel, Batna, Tébessa, les régions de Chlef, Bel-Abbès, Relizane et Mascara, et j’en oublie, ne tient pas la route : on voit mal le couple ANP-DRS scier la branche sur laquelle ils étaient assis. Autrement comment expliquer que l’armée et le DRS aient mis dix ans pour en venir à bout – et encore – et que pour ce faire, ils aient été contraints de négocier avec l’ex-FIS, une première fois en 1993-94 avec A.Hachani, une deuxième fois dans le cadre du dialogue national en 1995 avec le duo Abassi-Benhadj, puis avec le duo Rabah Kebir-Madani Mezrag en 1996-97, même Anouar Haddam a été approché… pour finalement aboutir à la trêve de l’AIS et des groupes dissidents du GIA de Kertali (Larbaâ), de Sid-Ali Benhadjar (Médéa) et de Ahmed Benaïcha (Chlef-Relizane) et… à la réconciliation nationale sous Bouteflika qui a eu pour seul résultat de jeter le voile sur cette période 
sanglante ! 
Tous ces faits, que j’évoque, sont connus, ils ont été relatés à l’époque par Al-Khabar, La Tribune, Le Matin, El Watan, Le Soir d’Algérie, Liberté et d’autres comme le Jeune indépendant, par de nombreux médias étrangers et les organes clandestins de l’ex-FIS comme Etbcira, Saout el Djebha, El-Qital, Wafa la radio clandestine de l’ex-FIS et… les nombreux communiqués et interviews des dirigeants du FIS de l’époque y compris de Mourad Dhina qui avait dénoncé l’accord AIS-ANP ! 
Pour finir, le terrorisme islamiste n’est pas propre à la seule Algérie. Il sévit via Al-Qaïda, Daesh, les Talibans, et les nombreux groupes qui leur sont affiliés en Libye, dans le Sahel, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, en Somalie et bien sûr en Algérie, en Tunisie et même au Maroc… L’islamisme armé est une réalité et ce n’est pas Rachad et Zitout qui vont nous démentir. Et le rappeler est utile en cette période où le négationnisme est de mode. Le Hirak gagnerait à faire la clarté dans ses rangs car ce genre de manipulation dessert la cause du mouvement populaire qui, bon gré mal gré, se poursuit. 
H. Z.

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