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Rubrique Ce monde qui bouge

Tous avec le peuple… le «koursi» n’intéresse plus ?

En fin de mandat, Abdelaziz Bouteflika aurait pu s’offrir une sortie honorable à l’occasion du 19 Mars. Il n’en a rien été. Malgré la réponse massive du 15 mars qui vaut tous les référendums possibles et imaginables, le Président s’en tient à sa feuille de route. C’est triste pour lui, pas pour ces millions de jeunes qui ont exprimé dans une ambiance colorée et sereine leur soif de changement et leur attachement à l’emblème national brandi dans toutes les villes du pays et à l’étranger. Eux, ils ne vont pas s’arrêter. 
A compter du 28 avril, Abdelaziz Bouteflika n'est plus constitutionnellement chef de l'Etat. Le sait-il dans l'état où il se trouve ? Beaucoup en doutent. L'armée, par la voix de son chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, a de fait clairement fait savoir qu’elle se tenait aux côtés du peuple qui, selon Gaïd Salah, « a toujours placé les intérêts de la Nation au-dessus de toute considération ». Et pas un mot sur la feuille de route de Bouteflika dont le nom n’a pas été évoqué. 
Dans les rangs de la coalition présidentielle, c’est chacun pour soi. Ahmed Ouyahia a effectué un virage à 180 degrés – il aurait dû le faire avant, mais bon ! – en appelant à «répondre dans les meilleurs délais aux revendications pacifiques du peuple». Pire, selon le numéro deux du RND, Seddik Chihab, l’Algérie serait dirigée par des « forces non constitutionnelles (…) durant au moins ces cinq, six ou sept dernières années» ! Il ne sait pas qui décide «réellement» à la présidence ! Et on ne nous a rien dit ? C’est trop, n’en rajoutez plus messieurs, on a compris ! 
Au FLN, dont les dirigeants n'avaient à la bouche que «fakhamatou» proclamé face à une photo du chef de l’Etat, c'est « tag aâla min tag» (sauve qui peut). «Il y a des harkis au sein du parti», a accusé Moad Bouchareb. Vite des noms ! Mieux, lui qui déclarait le 23 février «faites de beaux rêves» aux anti-5e mandat, soutient aujourd’hui le mouvement populaire ! On rêve ! Tous avec le peuple après avoir été contre lui ? 
Au sein du FCE (le patronat), son président, Ali Haddad, pour qui l’heure a sonné, refuse de quitter son «koursi», il joue la montre. Jusqu’à quand ?  
Pour l’heure, les solutions préconisées par Abdelaziz Bouteflika dans son dernier message ont du plomb dans l’aile. Non seulement les manifestations exigeant son départ se poursuivent et ne faiblissent pas, non seulement ses soutiens le lâchent, mais Noureddine Bedoui, nouvellement nommé Premier ministre, peine à former son gouvernement. Les organisations sociales et personnalités contactées déclinent ses invitations. Le «koursi» ministériel si convoité en d’autres temps, n’intéresse plus : il sent le soufre. Lakhdar Brahimi, qui se démène comme il peut, commence à tirer la langue : il parle d’impasse, de blocage. Or, ce ne sont pas ces millions de personnes sorties dans la rue qui font problème, mais ceux qui s’entêtent à prolonger le mandat d’Abdelaziz Bouteflika au-delà du 28 avril. 
Vendredi sera un autre jour. Face à un mouvement protestataire horizontal refusant tout embrigadement par des acteurs politiques qui, en acceptant de siéger au Parlement, ont de fait cautionné et légitimé le système politique actuel, les jeunes rêvent d’autre chose que de confier leur destin à une opposition en qui ils ne se reconnaissent pas et qui veut remettre en selle ces dinosaures et zombies islamistes de l’ex-FIS, lesquels feignent de jouer la carte de la démocratie mais en fait rêvent de revanche : ramener l’Algérie à 1990, un temps que les jeunes qui manifestent aujourd’hui n’ont pas connu.  
Ça a été déjà écrit dans une chronique précédente :  par sa vitalité, sa fraîcheur et sa sérénité, cette mobilisation massive que connaît l’Algérie a rebattu les cartes. 
Il y aura un avant et un après 22 février. De ces millions de jeunes qui descendent quotidiennement dans la rue, exprimant avec leurs mots leur soif de changement et d’une société nouvelle, émergeront sans doute les acteurs de demain. Les partis et associations qui tentent de se poser en tuteurs de cette révolution qui ne dit pas son nom, devront en tenir compte, mettre à jour leur logiciel ou s’en aller.
H. Z.

 

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