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Rubrique Constances

Biens vacants et autres rentes souveraines

C’est à l’orée de l’année 2020 qu’un courageux «député» de Djelfa a saisi le ministère de… l’Intérieur dans un courrier suggérant l’ouverture d’une enquête  sur de douteuses attributions de logements vacants par l’OPGI locale. Il n’est peut-être jamais trop tard pour bien faire mais pour des transactions opérées sous le règne et sur injonction complice de «plusieurs walis» qui se sont succédé à la tête de la wilaya, la vigilance politique et morale du valeureux élu du peuple a un peu tardé à se manifester et c’est le moins qu’on puisse dire, d’autant plus qu’on ne peut pas dire qu’il ne savait pas. La pratique, à Djelfa comme dans le reste du territoire national, est aussi vieille que les collectivités, son mandat parlementaire tire vers sa fin réglementaire et ce genre de «transactions» ne se fait pas vraiment dans la discrétion des opérations illégales. C’est tellement répandu que ça a fini par devenir «normal». Tellement… normal que c’est depuis longtemps intégré comme… pouvoir discrétionnaire des walis. Et comme si les attributions de « biens vacants » ne suffisaient pas à arrondir les fins de mois des walis et associés, on a même pensé à leur réserver des quotas « de souveraineté » qui leur assurent une rente régulière qui puisse survivre aux rotations des hauts fonctionnaires de l’Etat. Les logements vacants étant une « prime de passage » qui ne peut pas profiter à tout le monde en raison de leur volume limité, il fallait trouver une entrée fixe et pérenne assurée alors par la succession des distributions de logements sociaux ou d’astreinte, et dans de moindres proportions, les autres formules d’accès à l’habitat. Juste pour l’exemple d’ailleurs, quand le sémillant Abdelkader Zoukh, wali d’Alger de son état, avait attribué à son rejeton qui venait de débarquer dans la capitale un appartement AADL sans même se fatiguer à confectionner un dossier, on n’a pas entendu les députés s’en offusquer outre mesure. A la décharge des augustes parlementaires, les Algériens qui attendent toujours, certains depuis près de 20 ans, ne sont pas leurs… électeurs. Pourtant, comme pour le courageux et vigilant député de Djelfa, ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas. Quand le scandale Zoukh avait été porté par la presse sur la place publique, il était tellement convaincu que c’est… normal qu’il en avait parlé avec beaucoup d’aplomb en confirmant, sans donner la moindre impression qu’il avait quelque chose à se reprocher. Et personne n’avait besoin d’ « ouvrir une enquête » là-dessus. M. Zoukh devait ricaner sous cape, sans doute amusé qu’on songe à l’accabler pour si peu. Exactement comme on sourit en coin de «découvrir» en 2020 que des logements vacants ont été cédés «de gré à gré» au lieu d’être vendus aux enchères publiques ou en faire un usage utile à la collectivité.
S. L.

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