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Rubrique Constances

C’est vrai qu’un ministre, ça se tait ?

Avant-hier en Conseil des ministres, le ministre du Commerce a (encore) parlé. On ne sait pas s’il va un jour arrêter de le faire mais on sait maintenant qu’à chaque fois qu’il prend la parole, il faut s’attendre au pire. On commence même à s’y habituer et qui sait, on finira peut-être par s’en accommoder ; de toute façon, les Algériens n’ont pas le choix, tant qu’il sera là. Et encore, parce que la jurisprudence nationale nous a appris à ne pas avoir de certitudes sur la qualité des hommes appelés aux affaires de l’État. Il y a eu tellement de ministres et autres responsables décriés puis… regrettés que la prudence est maintenant devenue de rigueur. En l’occurrence, les responsables brillants et intègres, s’ils existent, sont tout de même rares. Tellement rares que nos petites « nostalgies » sont dues à la médiocrité désespérante des successeurs plutôt qu’à la brillance des anciens au poste. Essayez de passer en revue les noms de ceux qui ont occupé le poste de ministre du Commerce avant M. Rezig et vous vous rendrez compte que face à lui, ils peuvent tous prétendre à la performance ! Un ami à l’humour particulièrement féroce nous disait la dernière à propos que M. Rezig n’est peut-être pas le plus mauvais et que son seul tort par rapport aux autres est qu’il… parle ! Trop ? Non, il n’en a pas besoin, puisque chaque phrase qu’il a prononcée jusque-là est une énormité. La chance de beaucoup d’autres ministres, selon notre ami donc, est de savoir rester muet et ne l’ouvrir que lorsqu’ils y sont obligés. Au sortir d’un long entretien avec un haut responsable dont il disait qu’il était l’éminence grise du pouvoir, Saïd Sadi a eu cette réponse à l’endroit de ses collaborateurs impatients d’avoir ses premières impressions après l’entrevue : «Ça ne vole pas très haut, seul le silence en a bonifié certains (hommes du système) d’entre eux .» (De mémoire). Le ministre du Commerce, une fois n’est pas coutume, a donc parlé en Conseil des ministres pour dire que tous les produits de large consommation seront disponibles pendant le Ramadhan. On aurait pu « expédier l’affaire », en lui répliquant qu’on… sait. Mais il a dit autre chose et là il a dû vraiment trouver ça génial. Il a demandé au chef de l’État une autorisation spéciale qui permettra aux marchands ambulants d’exercer normalement pour… participer à l’effort général de lutte contre la spéculation. Les marchands ambulants qui… ne paient pas d’impôts, ne louent pas d’espace… ne sont soumis à aucune règle d’hygiène ! Si M. Rezig ne le sait pas, c’est grave, s’il le sait, c’est encore plus grave.
S. L.

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