Pour les Algériens, et ils sont très nombreux, qui ne savent pas que le FLN a des «jeunes militants», ils l’ont découvert hier. Dans la foulée, ils auront été informés que ces «louveteaux » pouvaient se «révolter» contre leur direction, en tenant avant-hier un rassemblement devant le siège d’Hydra pour se faire entendre par les responsables et bien évidemment au-delà. On savait donc que le FLN avait des clients et ses « jeunes » ne sont pas forcément les plus zélés dans le discours et l’action dont il est fastidieux de rappeler ici le contenu, la forme et les aboutissements. S’il y a encore quelqu’un qui en doute, qu’il prenne connaissance des termes de la révolte des «mutins» d’Hydra. C’est dans la pure tradition des «redressements» et dans le slogan creux qu’ils ont été chercher les motivations de leur «colère». Le FLN aurait été un exemple de vertu morale et de réussite politique mais ces dernières équipes dirigeantes ont «dévié» de la… ligne novembriste, pouvait-on entendre ! Pour la vieille garde aux affaires du parti ces derniers temps, ça aurait pu être l’accusation la plus infamante et pour l’observateur ordinaire, c’est de l’extrait de langue de bois qui ne veut rien dire, comme de tradition. Pourtant, ça veut bien dire quelque chose. Parce que l’immense majorité des Algériens qui demandent la fin du FLN comme formation politique et la restitution du sigle au patrimoine historique nationale, apprendra aussi que ce parti est finalement réformable ! Ils sont même invités à apprécier le courage politique de ses nouveaux redresseurs qui se sont mis à l’occasion à l’arme fatale : en abandonnant la «ligne novembriste», les vieilles directions qui se sont succédé au FLN ces deux dernières décennies se ont impliquées avec la… «Issaba» et ont compromis le FLN qui, avant ça, était étincelant de vertu. Sa mise au musée étant difficilement envisageable au point où en sont les choses, il peut encore subsister des âmes suffisamment béates pour croire à une refondation possible. Elles seront rapidement rappelées à la réalité : les «jeunes» du FLN qui ont tenu sit-in avant-hier devant le bunker d’Hydra n’ont pas formulé le moindre mot sur une projection politique de refondation. Ils étaient même encadrés à distance respectable par de vieux canassons de retour ! Et puis… les choses sérieuses, enfin : la direction actuelle, intérimaire, faut-il le rappeler, a soutenu le candidat Mihoubi et c’est là que les jeunes redresseurs pensaient tenir leur argument-massue pour l’accabler. Ils lui reprochent de s’être aligné derrière un candidat d’un autre parti. Mais tout le monde aura compris, ils lui reprochent en fait de ne pas avoir soutenu le gagnant ! Qu’à cela ne tienne, ça viendra rapidement si ce n’est déjà fait, même s’il faut bien formaliser ça, avec toute la solennité habituelle. Enfin, si tout se passe bien… pour tout le monde. Parce qu’au moment où les «jeunes militants» criaient dehors, à l’intérieur du siège, le bureau politique et les mouhafeds devaient faire la même chose, sur un ton plus paisible.
S. L.
