C’est une rencontre au sommet bien curieuse que celle envisagée entre le
FLN et le RND. Sur le fond, on savait les frontières plus que poreuses
entre les deux partis. Mais on savait aussi que leurs états-majors ont
toujours «joué le jeu» dans le rôle qui leur est dévolu comme
l’essentiel des partis politiques d’ailleurs. C’est que le système ne se
suffit pas de l’alignement systématique, de l’allégeance déclarée pour
l’éternité et du zèle dans l’excès qui en arrive même à être
embarrassant parfois. Le système a besoin en plus qu’on lui fabrique de
toutes pièces une configuration politique factice, avec ses partis, son
pluralisme, ses alliances stratégiques ou tactiques, sa droite, sa
gauche, ses nationalistes, ses islamistes, ses confrontations, ses
divergences, ses compétitions et ses… élections. Ces « missions »
peuvent être interchangeables et elles l’ont été quand le «changement»
se faisait sentir. Une sorte d’alternance de dupes qui n’a jamais… dupé
personne mais l’essentiel pour le système a toujours été dans le minimum
formel à sauver et surtout entretenir. C’est sans doute cette «culture»
qui fait que rien ne se passe au FLN et au RND depuis bientôt une année
maintenant. L’Algérie est en ébullition, les Algériens font tous les
jours leur procès et n’envisagent rien de sérieux qui ne se passe sans
eux et contre eux, leurs derniers premiers responsables sont en prison
pour des affaires de corruption grave et la paire FLN-RND a… attendu
l’oreillette qui n’a pas dû fonctionner comme d’habitude. Jusqu’à ce que
Mihoubi, théoriquement adoubé par son parti, se lance dans une
présidentielle pourtant bien compromise. Du coup, le FLN a dû patienter
un peu plus que son binôme, en faisant… durer le suspense. Après avoir
lancé quelques ballons de sonde et bien des balivernes sur de prétendues
divergences intra-muros sur le candidat à soutenir ou même sur une
«autre forme de participation», voilà le FLN enfin… soulagé d’un boulet
dont il a eu du mal à voir la fin. Comme personne n’a imaginé que ce
parti allait faillir à la tradition, ses dirigeants se sont empressés de
le confirmer. Il leur reste une dernière formalité à accomplir. Plutôt
deux mais l’une est tellement liée à l’autre, on ne s’est même pas
soucié de l’ordre chronologique qui aurait quand même pu être dicté par
une cohérence formelle. Alors, ils ébruitent d’abord leur… soutien à
Mihoubi, avant de prévoir une rencontre du troisième type avec lui
destinée à faire avaler la couleuvre d’une négociation. Et enfin, une
réunion organique pour… décider du ralliement ! Tellement en retard,
donc pressé, le FLN n’arrive même pas à sauver correctement les minima
formels.
S. L.
S. L.