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Rubrique Constances

La deuxième république

À l’orée du Ramadhan, le ministre du culte avait, on s’en rappelle, appelé les commerçants à se conformer à la… Charia dans l’exercice de leur activité. Manifestement, il est devenu inutile de rappeler qu’en matière de commerce comme pour le reste de l’activité nationale, il y a un droit positif réglementaire qui devrait être le seul à s’appliquer. Comme celui-ci, dans l’essentiel de ses dispositions légales n’est pas d’émanation religieuse, on peut légitimement s’inquiéter, voire plus, que le pays ait basculé dans une… deuxième république. Bien sûr, on l’aurait su, si c’était le cas, les bouleversements d’une telle ampleur étant généralement difficiles à envisager dans la discrétion. Entièrement non, mais partiellement si, puisque des pans entiers de la vie publique passent de « l’autre côté de minuit » sans autre forme de procès. Et pas en catimini, puisque ça se passe au grand jour, à l’usure, jusqu’à ce que le fait accompli s’installe, prenne ses aises, nous fasse oublier que nous avons eu une autre vie et nous « convainque » presque qu’il en a toujours été ainsi, parce qu’il ne saurait en être autrement. On ne sait pas comment le ministre des Affaires religieuses est organisé et avec quelle fréquence il compte nous alimenter en « nouveautés » mais on peut le deviner, puisqu’il vient, dans la dernière « dizaine » de jeûne, de récidiver. Qu’il nous pardonne l’usage de ce verbe, l’usage de son substantif renvoyant en général à une forme ou une autre de culpabilité. Apparemment, sa liberté d’action et le ton de ses propos ne suggèrent en rien la posture de quelqu’un qui a quelque reproche à appréhender. Encore moins quelque sanction ! Et pour cause, M. Belmehdi ne donne pas l’impression de s’arrêter en si bon chemin. On ne sait pas si c’est l’appétit qui vient en mangeant ou alors, tout est déjà convenu dans la liste de son programme. À moins que ce ne soit dans la… feuille de route de sa mission. Toujours est-il, le bonhomme semble s’installer confortablement dans sa… république qui n’est déjà pas si mal fournie que ça en « acquis ». Tellement fournie que ça lance des chantiers de partout, avec, à l’évidence, un projet au bout. Et une telle situation, ça inspire forcément de l’audace, y compris dans ses déclinaisons les plus abruties, les plus abrutissantes. Admirons donc la dernière : le code de la route doit être respecté parce qu’il vient du… Coran. Redoutant certainement qu’il y ait des pans de la vie nationale difficiles à régenter par le précepte religieux, le ministre du culte prend ainsi ses devants : tout est dans la religion. De toute façon, il n’y aura pas grand monde pour soutenir le contraire. En tout cas pas dans sa hiérarchie. Alors ?
S. L.

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