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Rubrique Constances

La vie et la mort à Sidi-Ben-Adda

Dans le pays profond, vraiment profond, il y a des âmes qui vivent et qui meurent. C’est une évidence mais comme on ne l’écrit pas souvent, on a parfois tendance à l’oublier. Dans le pays profond, pas vraiment profond mais on n’y peut rien, il y a Sidi-Ben-Adda. Ça ne devrait pas être le genre de coin perdu et oublié de Dieu et des hommes qu’on classerait volontiers dans les « zones d’ombre », ce nouveau barbarisme qui veut tout dire et ne rien signifier. Sidi-Ben-Adda, c’est à quelques kilomètres d’Aïn Témouchent. Un pays qui vous inspire les étendues belles et prospères, confortablement installé entre plaines et mer, plus proche de l’eldorado que de la misère. Comme tous les coins du genre, Sidi-Ben-Adda aurait pu être indifféremment un village, un hameau ou simplement un lieu-dit qu’on a élevé au rang de commune par folie des grandeurs, par incurie ou par ennui. Ce n’est d’ailleurs pas important, puisque le résultat est souvent le même. À Sidi-Ben- Adda, il doit y avoir une mairie, une école et peut-être bien un collège et bien évidemment un bureau de poste. Vous connaissez ? Ce genre de bâtisse qu’on ne peut pas rater quand on est de passage d’abord parce qu’il est visible mais surtout parce qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à voir. Le bureau de poste où on connaît les employés. Souvent « l’employé ». Lui aussi, il connaît tout le monde parce qu’il voit tout le monde et surtout parce qu’il est du village. Mais au bureau de poste de Sidi-Ben-Adda, il y a… une employée, gentille, serviable et dévouée. Elle s’appelle Mama Mouffok, elle a quarante ans et elle vient de décéder. Selon notre correspondant local, tous les habitants des « Trois marabouts » à qui Mama rendait d’énormes services des années durant, sont tristes. Oui, dans les petits hameaux, même quand ils ne sont pas forcément oubliés de Dieu et des hommes, on s’attache à l’employée de la poste parce que la relation est de dimension humaine. À Sidi-Ben-Adda, il y a un bureau de poste parce qu’on y vit et on y meurt. C’est une évidence mais on peut en parler quand même. Dans le pays profond, même quand on n’est pas répertorié comme « zone d’ombre », on respire jusqu’au jour où on arrête de respirer. Évident ? Jamais assez, à condition d’en parler. Repose en paix, Mama Mouffok, que la terre te soit légère. Tu manques déjà dans le hameau. Et peut-être plus loin, qui sait.

S. L.

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