C’était plus simple et surtout plus commode avant. Du moins depuis le
départ de Wahid Halilhodzic et la valse des entraîneurs qui en a suivi.
On pouvait tomber à bras raccourcis sur le sélectionneur en place qui
n’a pas réussi à faire une équipe compétitive avec un groupe de bons
joueurs qui évoluent pour l’essentiel dans les plus grands championnats
européens et le tour est joué. Et ça ne manquait pas d’arguments.
D’abord parce que l’état de visite des techniciens appelés à diriger la
sélection était d’une désespérante minceur, ensuite parce que les
résultats, y compris dans les situations les plus favorables, ont été
plutôt faibles. Ressurgissait alors un vieux «débat» à deux têtes. La
première, quasiment insupportable, introduisait l’idée que les joueurs,
presque tous nés en Europe et n’ayant fait le choix sportif de l’Algérie
que par défaut, manquaient d’engagement. Déjà oubliée l’héroïque Oum
Dorman, oublié le bus à impériale dans les rues d’Alger en folie au
retour du Brésil. La deuxième est encore plus insupportable, puisqu’elle
suggérait carrément que la sélection nationale, pour les mêmes raisons
de provenance et de statut des joueurs qui la composent, ne peut gagner
en… Afrique. Une Afrique qui se situerait en dehors des quatre pays
majeurs qui composent son versant nord, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie
et l’Égypte. Déjà oublié que si les Verts n’avaient pas gagné en
«Afrique» durant la dernière décennie, leur bilan aurait été bien plus
maigre qui ne l’est déjà. Arrive Djamel Belmadi. Sa carte de visite
n’est pas plus étoffée, elle est même en-deçà, puisqu’il n’a travaillé
qu’au Qatar, un pays dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas
vraiment une «nation de foot». Mais il a quelques atouts qui ont fait
que l’Algérie du foot a très bien accueilli sa nomination, surtout que
l’idée d’un entraîneur de renommée mondiale n’est pas encore «à l’ordre
du jour» de la fédération. Belmadi a donc des résultats même si c’est au
Golfe, ce qui n’est pas le cas de son prédécesseur passé par la région,
il a évolué dans de grands clubs et surtout il a un tempérament de feu,
comme on aime. Un premier match, une victoire, une légère amélioration
dans le jeu et surtout une solidarité de groupe qu’on pensait à jamais
perdue. Puis une défaite au Bénin et voilà les vieux démons qui
ressurgissent. Il y aurait des joueurs qui traînent la patte et puis
toujours, l’idée qu’on ne peut pas gagner en… Afrique parce que les
pelouses sont impraticables, parce que le taux d’humidité est effarant
et, qui sait encore, parce qu’il y aurait des… gris-gris ! Encore
heureux qu’on accorde quelque grâce au nouveau sélectionneur. Encore
heureux qu’on n’ait pas encore sorti l’histoire des «joueurs locaux».
Pas de panique pour autant, à moins d’une catastrophe, les Verts vont se
qualifier pour la CAN et tout rentrera dans l’ordre. Pour un temps au
moins.
S. L.
S. L.