Placeholder

Rubrique Constances

Le confinement et ses belles petites histoires

La première histoire. Rien que pour elle, on aimerait que le paradis existe même quand on n’y croit pas trop. La vieille et belle dame a 84 et sur son visage, les rides épousent la forme de sillons nourriciers. Des épreuves, elle en a vu d’autres, alors sous son fier foulard, les choses sont claires dans la tête : le coronavirus peut aller se rhabiller. Dans son enfance, elle a vécu la faim du temps où dans les ventres, il n’y avait que les glands et l’ortie. Puis, elle a vu venir le typhus, du temps où on ne savait plus qui enterrer, tellement la mort fauchait à tour de bras. Adulte, elle a vu partir « son homme » avant que ses doigts ne se décolorent du henné nuptial. Parti là-bas faire bouillir la marmite d’ici. Quand il est revenu, c’est pour troquer le fusil de la liberté contre la pioche de survie. Puis le pire : enterrer son aîné. Malade, au crépuscule de sa vie, elle sourit sous les lunettes qu’on a eu du mal à lui imposer et autour d’elle, se déploie la chorégraphie permanente des siens qui l’entourent de leur douce affection. Alors, quand on lui a dit qu’ils ne pouvaient pas l’embrasser, elle a encore souri mais cette fois de dépit. Il a fallu ce coup de génie de son dernier frère vivant pour qu’elle s’y résigne. Au lieu de lui dire qu’elle est la plus exposée en raison de son âge et de sa fragilité, il a fallu qu’on lui dise que c’est sa petite santé qui est dangereuse pour les autres.
La deuxième. Dans cette cité de l’ouest d’Alger vit Boualem, un technicien reconverti dans l’épicerie après sa retraite anticipée. Tout le monde connaît les commerces de quartier où on ne peut pas échapper au « crédit », à moins de fermer boutique. C’est son voisin et ami Rezki qui raconte : « Mon entreprise a mis la clé sous le paillasson depuis trente ans et depuis, je vis de bric et de broc, avec une femme et six enfants. Boualem a toujours été là pour moi et sans lui, nous aurions parfois manqué de pain et de lait. Je me servais comme je voulais dans son épicerie et payais quand je pouvais. Enfin, quand je payais, puisqu’il lui arrivait d’effacer l’ardoise. J’avoue que je n’ai pas été correct avec lui, pour ne pas dire que j’ai été salaud. J’ai même coupé tout contact avec lui, depuis qu’il a déménagé dans un autre quartier. Que voulez-vous, les temps ont été durs pour moi et je n’avais plus le courage d’aller à sa rencontre. Je ne répondais même plus à ses appels et le comble, c’est que je savais que quand il m’appelle, ce n’est jamais pour réclamer son dû. Depuis quelque temps, mon fils travaille et il a plutôt un bon salaire. J’ai eu du mal à le faire mais je suis quand même parvenu à lui raconter l’histoire. Mon fils a versé une larme, puis il m’a demandé d’appeler Boualem pour le rembourser. Fier de mon fils et heureux comme pas possible, j’ai appelé mon ancien voisin. Quand il a décroché, voilà ce qu’il m’a dit, après de chaleureuses salutations, sans me laisser le temps de lui dire quoi que ce soit : fais moi la liste de tout ce dont tu as besoin et passe quand tu veux, je te remettrai aussi un peu d’argent » ! 
S. L.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Affaire USM Alger - RS Berkane La décision de la CAF tombe !

  2. Demi-finale aller de la Coupe de la CAF Le match USM Alger - RS Berkane compromis, Lekdjaâ principal instigateur

  3. Le stade Hocine-Aït-Ahmed de Tizi-Ouzou pourrait abriter le rendez-vous La finale se jouera le 4 mai

  4. Coupe de la CAF, le match USMA-RS Berkane ne s’est pas joué Les Usmistes n’ont pas cédé au chantage

  5. Alger 22 blessés dans une explosion de gaz survenue dans un logement à El-Malha

  6. Temps d’arrêt Lekdjaâ, la provocation de trop !

Placeholder