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Rubrique Constances

Le match est vendu sur quel score ?

Dans cette élection présidentielle comme à l’occasion d’autres scrutins, il y a quand même ce gros paradoxe à expliquer : convaincus que le scrutin est cousu de fil blanc, que les jeux sont faits et que tout le reste n’est que décor d’accompagnement, comment se fait-il que tout le reste de ce qu’on développe sur la question colle rarement avec notre «verdict» initial ? Il se peut bien que cela procède du réflexe de «self défense», une sorte de geste du désespoir que nous croyons susceptible de nous prémunir du pire : nous «savons» que c’est irrémédiablement «reparti pour un autre tour» mais nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur en nous disant que le plus dur est certainement passé. On se surprend donc à rêver. Si l’avènement d’une autre ère est imminent, autant l’imaginer avec les conséquences les moins douloureuses possibles. «Si ce n’est pas cette fois-ci, ce sera certainement la prochaine.» Et si le passage n’intervient pas par le biais d’une «vraie élection» on s’accroche à l’espoir que cela se fasse dans les conditions les plus apaisées. Se développent alors de drôles de «réflexions» chez les Algériens qui nous ont pourtant «avertis» avec le plus de détermination et avec les arguments les plus convaincants qu’il n’y a aucune raison que cette énième «édition» soit différente des autres. Elles sont drôles mais surtout difficiles à saisir en ce sens que, pour leur formulation, ils utilisent et le discours et la méthode d’une situation dont ils ont pourtant nié l’existence, à un tel point que cette négation constitue l’essentiel de leur «philosophie» du moment. Pour dire les choses plus simplement, ils soutiennent que l’élection présidentielle n’en est pas une, ce que tout le monde, en dehors de ceux qui y ont un intérêt direct, peut leur concéder. Mais là où personne n’arrive à les suivre, c’est quand ils parlent de… candidats et de leurs chances, de programmes et de leurs consistances, de campagne électorale et de stratégies de communication… Il leur arrive même de faire de tendres reproches aux partisans du boycott.

Et avec quels arguments ! Ceux d’une élection dans un pays… scandinave ! Et la bonne vieille logistique argumentaire qui va de «la nature a horreur du vide», à la «politique de la chise vide», en passant par la «citoyenneté qui doit s’exprimer». Du coup, on se retrouve dans cette posture un peu étrange de quelqu’un qui ne sait pas vraiment où il en est. Il y a des candidats mais il n’y a pas d’élection. Les candidats sont tous des figurants mais on fait semblant de s’intéresser à leurs programmes. Ils parlent eux-mêmes sans conviction mais on va décortiquer leurs propos. Le match est vendu mais on veut savoir sur quel score il a été… vendu.
S. L.

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