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Rubrique Constances

L’union sacrée autour du mouton

C’est l’une des rares circonstances où les Algériens s’entendent sur «l’essentiel» avec leurs gouvernants : l’Aïd et ce qu’il a de plus «attractif» : le mouton, pour ne pas le nommer. Pourtant, on ne peut pas dire vraiment que les services de l’État font tout pour que cette célébration se passe bien. Si les velléités en la matière sont toujours là, tenaces et redondantes, la réussite n’est pas toujours au bout. Il suffit de remarquer que ça fait des décennies qu’on nous promet de «voir ce qu’on va voir» avec les commerçants indélicats qui n’assurent pas le service pendant l’Aïd et les jours d’après pour se rendre compte que même le minimum n’est pas évident à l’occasion. Allez donc savoir ce qui peut expliquer cette providentielle entente cordiale. Mais quand il est question de festoyer dans la bonne conscience du licite religieux, recommandé qui plus est, les Algériens dans leur écrasante majorité n’ont pas besoin qu’on les aide en leur offrant les meilleures conditions pour le faire. Ils ont juste besoin qu’on leur dise ce qu’ils ont envie d’entendre sur la question. Ils ne vont tout de même pas tenir des barricades pour protester contre les prix exorbitants du bélier et parce que le boulanger du quartier ou du village n’a pas pétri le pain promis ! Et d’avoir compris qu’il n’y a aucun risque de rébellion à redouter en la circonstance, le pouvoir politique n’a pas cru utile de faire l’effort, même laborieux du style de ce qu’il entreprenait le reste du temps. 
Le mouton ? C’est quasiment un besoin… stratégique, quand ce n’est pas une question vitale ! Et il «rassurera» à chaque fois quant à sa disponibilité, sa prise en charge vétérinaire, la multiplication des espaces… Et maintenant les mesures sanitaires introduites par la pandémie de Covid-19. Bien avant l’avènement du coronavirus, le sacrifice du mouton causait d’autres maladies en raison de l’hygiène calamiteuse dans lequel il était entrepris. Par ailleurs, il générait de vrais saignements dans les budgets quand il n’est pas à l’origine d’insupportables frustrations chez les plus socialement faibles. Alors l’État prétendait, seulement prétendait, «régler ça» et ça suffisait à notre bonheur. Quelqu’un a entendu un responsable dire qu’égorger un mouton n’est pas une obligation religieuse et qu’il y a mieux et plus utile à acquérir avec 50 000 dinars que «quelques jours de viande» ? Jamais. Et ça donne ça, entre autres : alors que les Algériens sont de plus en plus nombreux à se vacciner contre le Covid-19, alors qu’ils sont de plus en plus conscients qu’il y a un réel danger sur leur vie, alors que les «covisceptiques» se sont rendu compte que la maladie n’est pas une vue de l’esprit, voilà que le mouton les ramène à un vieux… consensus. Il suffit de voir les images de marchés à bestiaux pour voir à quel point c’est inquiétant. Et personne n’ira déranger ça.
S. L.

 

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