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Rubrique Constances

Rebrab et Kouninef : quelle justice ?

L’injonction politique, même quand elle a des prétentions vertueuses, ne peut pas faire une justice indépendante et équitable, susceptible de réparer les torts, sanctionner les crimes ou les délits, rétablir des droits… en un mot, rendre justice. Pour plein de raisons, dont la première, la plus évidente est que l’interférence politique ou administrative dans le fonctionnement de la justice est tout juste le… contraire de son indépendance ! C’est pourtant ce à quoi les Algériens sont en train d’assister, inquiets mais pas vraiment surpris. D’abord parce qu’en dépit des disponibilités affirmées par les magistrats à l’émancipation dans la foulée des aspirations du mouvement populaire, aucun Algérien lucide ne s’est laissé prendre par l’illusion : « l’indépendance de la justice ne se décide pas entre la poire et le fromage », était-il écrit dans ce même espace, il y a quelques jours. L’autre raison, aussi importante que la première, est qu’un pouvoir à qui tout un peuple demande de partir, même s’il a opéré en son sein quelques relookages de survie, ne peut pas, sans faire sourire de dépit, prétendre à l’ouverture des grands chantiers qui attendent le pays. Ce sont des projets à réaliser sans lui, contre lui. Parmi ces chantiers, l’indépendance de la justice n’est pas des moindres. Le problème est que tout ce qui est entrepris ces derniers jours en la matière tient dans un discours de circonstance du chef d’état-major de l’armée… décrétant la justice indépendante et lui indiquant déjà (!) par où elle doit commencer à agir. A sévir ? Bien sûr, la lutte contre la corruption, les malversations, les détournements, la fraude et l’évasion  fiscales… sont au cœur des demandes populaires et le slogan emblématique dans la rue est « vous avez bouffé le pays, bande de voleurs ! ». Et l’un dans l’autre, un pouvoir dont on demande le départ, peut-il aussi combattre la corruption et tout ce qu’elle implique alors qu’il en est l’incarnation aux yeux de l’Algérien le moins révolté ? Quelle urgence y a-t-il à arrêter les frères Kouninef au moment précis où les Algériens attendaient plutôt un signal politique dont le plus indiqué en l’occurrence est le départ de Bensalah et du gouvernement, l’abandon de la folie furieuse que constitue la perspective électorale du 4 juin et l’esquisse d’une transition démocratique d’inspiration populaire ? A quoi répond l’emprisonnement d’Issad Rebrab ? A sanctionner des délits économiques, terminer le boulot des Bouteflika, consacrer le « tous pourris », provoquer sa région d’ancrage et d’investissement pour la détourner de l’ « essentiel » ou démentir ses déboires avec le régime ? Quoi qu’il en soit, et quitte à se répéter, les Algériens n’attendent pas vraiment du pouvoir une « mani pulite » du cru. S’ils avaient l’intention de lui demander d’ouvrir des « dossiers », ils auraient commencé par lui apporter son… soutien. Dire que ce n’est pas le cas ferait rougir Lapalisse. On ne va même pas revenir sur d’autres dossiers du genre, miraculeusement oubliés, ce serait donner du crédit à ce que le pouvoir est en train d’entreprendre. Ce serait même une façon de le mettre, lui ou une partie de sa composante, au-dessus de tout soupçon. Le comble.
S. L.

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