Dans cette terrible épreuve que traverse le pays, nous avons remporté
des victoires importantes. Ce n’était pas évident au début, quand le
scepticisme semblait avoir une longueur d’avance, avec tous les périls
que cela supposait. D’abord cette thèse farfelue mais tout de même
dangereuse qui consistait à nier la maladie en criant au complot. Elle
aurait pu faire des ravages mais elle n’a heureusement pas résisté à
l’épreuve de vérité. Puis il y a eu quelques dérapages vite rattrapés :
on disait que le Hirak n’allait jamais s’arrêter. Ça faisait craindre le
pire, surtout que des voix criminelles ont même tenté de « démontrer ça
sur le terrain ». Ensuite, il y a eu l’histoire des mosquées. C’était
déjà compliqué à en faire admettre la fermeture au commun des Algériens.
Et quand le pouvoir a montré des signes d’hésitation en aménageant une
«demi-mesure» plus proche de l’ouverture que de la fermeture, ça
craignait encore plus. C’est toujours inquiétant quand les citoyens ne
sont pas acquis à une mesure de sécurité, sanitaire ou autre. C’est
encore plus inquiétant quand l’autorité publique ne l’en persuade pas.
La raison a fini par l’emporter des deux côtés et la victoire est
d’autant plus significative qu’elle a été acquise face à une farouche
résistance. Personne n’a oublié les rangs de prière aux portes des
mosquées. Personne n’a oublié non plus les prêches de Chemsou et d’Ali
Benhadj sur la question. On a dit qu’aucun Algérien ne restera chez lui.
Quasiment tous les Algériens sont chez eux, spontanément, presque
naturellement et les appels au confinement viennent parfois de là où on
les attendait le moins. Mais nous n’avons pas oublié que des fêtes
familiales ont été célébrées en réunissant à chaque fois des centaines
de personnes. Il paraît que certaines de ces fêtes ont même été
organisées sur un ton de défi. On a dit également qu’on allait bientôt
s’entre-tuer pour un sac de semoule. Il n’en est rien, les Algériens
s’approvisionnent normalement même si çà et là on enregistre un manque
ou un dépassement. On a parfois confondu un système de santé publique
défaillant avec son personnel soignant qui a toujours fait ce qu’il
pouvait dans des conditions de travail et de vie souvent insupportables
et des moyens dérisoires. Les hommages et les messages de solidarité à
l’endroit des praticiens dans cette épreuve sont un juste retour des
choses. Ce n’était pas évident, mais tous les charlatans de la médecine
et de la foi protectrice sont éconduits. La rationalité a vaincu.
Restons sur nos victoires et n’oublions pas qu’il y a d’autres batailles
à gagner, tout n’est pas parfait.
S. L.
S. L.