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Rubrique Constances

Zoukh et Soltani

On a failli lâcher la proie pour l’ombre. Le « dégagement » sans ménagement d’Aboudjerra Soltani d’une place parisienne par un groupe de manifestants  a étrangement suscité plus de réactions sur la forme que sur le fond. On peut estimer que la manière avec laquelle il a été poussé dans une bouche de métro a été brutale et ne correspond pas avec l’élégance du mouvement populaire, jusque-là irréprochable sur sa conduite. Mais on peut tout aussi bien estimer que  la réaction a été à la mesure de la… provocation. Difficile en effet d’imaginer un seul instant que l’ancien leader du MSP ne savait pas ce qui l’attendait en se rendant Place de la République, choisie pour les rassemblements hebdomadaires par la communauté algérienne de la capitale française et ses environs. A posteriori, Soltani a même ajouté une sacrée dose de cynisme à la provocation : « Je suis allé rassurer mes compatriotes sur la situation du pays et son avenir » ! Et d’expliquer à peu près dans la foulée qu’il ne manquait que la haie d’honneur, voire le tapis rouge tant qu’à faire pour l’accueillir, sans « l’agression des séparatistes kabyles » qui ont empêché une belle et émouvante communion d’un  homme politique vertueux et charismatique avec les siens ! On allait presque oublier l’essentiel. Aboudjerra Soltani est un islamiste qui pratique la politique de ses moyens sans jamais perdre le nord quand il s’agit du projet dont il rêve pour l’Algérie. Il est dans l’entrisme parce qu’il est faible et parce que, moralement, il traîne trop de casseroles  pour ne pas se compromettre. Et il est dans la… compromission jusqu’au cou, y compris en défendant de la manière la plus zélée et la plus obséquieuse le… cinquième mandat.
Hier, c’était au tour de l’inénarrable wali d’Alger de se faire « raccompagner » dans la voiture officielle qui l’avait transporté dans la Basse-Casbah, entourée d’une pléthorique mais impuissante garde rapprochée. Une autre provocation : M. Zoukh est allé parader dans un espace où venait de s’effondre un vieil immeuble. Plusieurs morts, des blessés et le bilan tend à s’alourdir. Les jeunes qui l’ont éconduit doivent avoir en mémoire ceci : il y a deux ou trois ans, son fils qui venait de débarquer à Alger, venant d’une autre ville où il résidait, a « bénéficié » d’un grand appartement AADL, sans dossier, sans procédure et peut-être bien sans l’apport financier réglementaire. Il fallait voir avec quelle arrogance il avait expliqué ce privilège pour comprendre qu’il n’avait jamais imaginé en arriver aussi rapidement à se faire bousculer dans un quartier d’Alger. Dans la foule qui l’avait accueilli -plutôt cueilli - dans la Casbah, il y avait peut-être des gens qui attendent leur appartement AADL depuis… 18 ans ! Enfin, il devait y en avoir qui n’ont même pas cette « chance ». Quant à M. Zoukh, l’appart du fiston doit être la moindre de ses casseroles, tellement il en traîne et d’un tout autre calibre.
Dans le cas de Soltani comme dans celui de Zoukh, on n’a pas oublié l’essentiel, qui a les couleurs d’une première victoire : en attendant qu’ils partent, les figures du régime et ses clients doivent vivre cachés. L’espace public, même sous bonne escorte, leur est désormais interdit.
S. L.

 

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