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Rubrique Contre poings

Ahmed Mahiou : professeur et observateur

J'ai été son enseignant entre 1965 et 1969. Ahmed Mahiou, grand juriste international, agrégé de droit, professeur émérite à l'université d'Aix-Marseille, conférencier de renommée mondiale est en train de biner son potager.
Je le dérange au moment où il plante ses tomates.
Au quart de tour, nous embrayons sur sa vie, nos vies. Nos pays, l'Algérie et la France, notre terre d'accueil.
En 1965, il était maître-assistant à l'Ecole nationale d'administration (ENA), il avait comme étudiant Abdelmadjid Tebboune, l'actuel président de la République.
Je laisse parler le professeur Mahiou : «Tebboune était un élève moyen. Plat. Il était bon mais pas brillant. En ce temps-là, je n'étais pas encore professeur. Je n'avais pas encore soutenu ma thèse de doctorat. Ma vie avait commencé bien avant. Je suis né au gré des pérégrinations de mon père et mon grand-père, tous deux instituteurs à Takerbouzt, dans la wilaya de Bouira. Je suis originaire de Taka-Nath-Yahia, voisin de Aït Ahmed et de Ali Yahia Abdennour qui a aussi, même s'il est plus âgé que moi, été mon étudiant. Il venait de démissionner à l'époque du poste de ministre de l'Agriculture, sous Boumediène. C'est le seul Algérien qui a osé cela ! J'ai 85 ans, aujourd'hui. Je suis né dans la tourmente. En 1956, alors que j'étais encarté à l'Ugema, et que j'étais encore lycéen je me suis mis en grève. Pendant un an. Je me suis réfugié durant trois mois à Oran chez un oncle qui m'a, finalement, envoyé passer mon bac à Albi. Entre-temps, j'ai vécu quelques mois à la Casbah d'Alger. J'y ai vécu la bataille d'Alger. Je l'ai vécue dans mon corps, dans mon cerveau, dans mon âme. Je n'ai pas assisté à la célébration de l'indépendance de mon pays. Je me trouvais, à cette époque, en France pour mes études. Je suis rentré en Algérie en novembre 1964. J'ai été professeur à la Fac de droit pendant longtemps. Parmi mes étudiants, beaucoup sont devenus de grands cadres de l'Etat. Zerhouni, l’ancien ministre de l'Intérieur. Kasdi Merbah, qui était un brillant étudiant. La liste est trop longue... J'ai passé ma vie à voyager. Je me souviens de ma thèse. Elle aurait pu me poser plein de problèmes. Elle avait pour thème : «L'évolution vers le parti unique en Afrique noire d'expression française.»
À l'origine , je m'étais imaginé ingénieur. Je voulais faire mathélém. Je rêvais de Polytech ou de Normale sup. Je me suis finalement retrouvé en propédeutique, et donc en lettres, puis en philosophie et, enfin, en droit et en sciences politiques.
Je vis à Aix-en-Provence où j'ai enseigné, pendant longtemps, à l'université. J'ai été, pendant plusieurs années, directeur de l'Iremam (Institut de recherche et d'études du monde arabe et musulman), un institut sérieux doté d'une bibliothèque d'une importance considérable.
On m'a proposé à plusieurs occasions d'être ministre en Algérie. J'ai toujours refusé. Je suis un universitaire. Un enseignant. Un chercheur.
Je suis aussi un observateur.
Je vois d'ici le Hirak. Je me dis, c'est facile de se battre contre. Très difficile de se battre pour. Je reste perplexe. Pensif....
Il faut que le pouvoir entre en contact avec la rue.
Dernier mot : vive les femmes d'Algérie !!!»
M. O.

 

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