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Rubrique Contribution

Et si des élections à l’Assemblée populaire nationale sortaient des patriotes sincères ?

Par le Pr Baddari Kamel (*)
L'Assemblée nationale est au cœur de toute démocratie. Elle forme avec le Sénat le pouvoir législatif dont la mission est de faire la loi, de légiférer et de contrôler les activités du gouvernement. Les élections pour le renouvellement de l’Assemblée populaire nationale se sont déroulées le 12 juin 2021 dans un cadre juridique renforcé par les dispositions de la nouvelle Constitution du pays. 

Même si les circonstances qui ont précédé ces élections permettent de donner confiance à une population aux attentes nombreuses et variées, une crainte subsiste, cependant. Les promesses enthousiastes d’une partie de candidats, difficiles à tenir pour le reste, pourront aggraver le sentiment de répulsion de la population envers les élections. Les mandataires du peuple sont donc mis devant leurs responsabilités. Ils n’ont pas le droit de décevoir. 

Et la difficile mission de l’élu
S’agissant d’élections nationales, le mandataire du peuple devra en tant que législateur faire montre sur le terrain, auprès de ses électeurs, tous les jours et sans relâche, son engagement sincère et son dévouement désintéressé pour la cause qu’il a promis de défendre. Il doit encourager sinon créer l’écosystème indispensable à la population où chacun participe selon sa propre condition au développement et à la prospérité de la région. Cette fonction exige que l’on apprenne à penser aux autres avant de penser à soi-même. 
Il s’agit d’une fonction hautement importante qui exige du travail soutenu, de l’engagement, des compétences avérées et un programme harmonieux, mûri, réalisable avec des objectifs atteignables et des activités raisonnables. Il devra faire son auto-évaluation périodique pour apprécier, rectifier, améliorer et renforcer les points forts et trouver les remèdes aux points faibles qui apparaissent au fur et à mesure qu’il avance dans le programme, d’autant plus qu’il a fait des promesses dont la réalisation ne tient pas uniquement à lui. 
Il n’est ni un wali, ni un chef de daïra, ni un président d’APC, mais son statut lui permet de porter les attentes de sa région à l’Assemblée nationale et, en tant que stratège, il doit convaincre la majorité des élus pour leur adoption par l’Assemblée nationale. Il est donc sur tous les fronts, y compris face aux autorités locales qui ont une planification à réaliser et ne veulent, pour rien au monde, la chambouler par les demandes parfois intempestives de l’élu.
L’une des activités principales de l’élu est de favoriser l’installation d’entreprises sur son territoire en étant que pédagogue et en suscitant auprès de l’Exécutif dans le cadre réglementaire des avantages à ces entreprises qui voudraient s’y installer. C’est la condition sine qua non pour que la région se développe, tout comme il doit faire de telle sorte que la faune et la flore soient valorisées, le cheptel et les terrains fertiles préservés, etc. Il doit aussi veiller à la médecine (installation de cabinets médicaux généralistes et spécialisés), à la fluidité des transports et de circulation dans sa région, à l’existence de services postaux, etc.

Ce n’est «qu’en se plantant que l’on devient une fleur»
L’erreur est révélatrice dans bien des cas de l’engagement de celui qui la commet, car c’est en ne faisant rien qu’on ne risque pas de se tromper. L’élu, le représentant du peuple, est appelé à devenir un véritable botaniste pour créer le substrat de développement de sa région, et un stratège qui ausculte sans cesse les préoccupations de sa population et les fait porter à qui de droit tout en assurant leur suivi. 
Ces qualités se traduisent par la conception d’une planification autour d’un programme harmonieux et bien mûri, censé et réalisable, qui l’amène à prendre ou à participer aux décisions. L’attention particulière aux jeunes en favorisant leur engagement citoyen est un élément indispensable à la réussite du programme de l’élu. 
La porosité du chemin à accomplir n’est pas à écarter, ni les possibles embûches. L’élu connaîtra des déceptions mais aussi des satisfactions. La population pardonnera les fautes qui naissent du travail et de l’engagement. Il faut expliquer à la population les difficultés rencontrées à accomplir ses missions d’élu. Il faut, dans le respect de la loi, se rapprocher de la population et des autres élus de la région dans un cadre de convivialité et de respect mutuel. L’essentiel est l’engagement de l’élu et l’adhésion de la population à son programme est capitale ; sinon, il risque de faillir.

Et le regard que porte le jeune aux élections
Le pays a tout intérêt que sa jeunesse soit épanouie, car le jeune est le cadre, le ministre ou l’officier de demain. Hélas, le jeune d’aujourd’hui a du mal à calibrer sa boussole, tout en conservant intact l’espoir dans son pays de voir un jour ses rêves se réaliser. Une élection qui lui apporterait plus de réformes dans sa région, plus d’État de droit, plus de démocratie, plus d’égalité, plus de travail et moins de chômage l’amènerait à s’engager dans le développement de la région et à en renforcer les acquis. Mais malheureusement, la réalité et les pratiques néfastes de certains élus lui ont appris l’enfermement et le désintérêt pour les affaires de son pays. La langue de bois et les discours repoussants de certains élus, ainsi que les promesses non tenues durant des décennies par ceux que la population a portés sur le podium ne font qu’exacerber la défiance du jeune vis-à-vis de toute élection. Pour ces raisons, le jeune a déposé les armes et tel un roseau, «il plie mais ne rompt pas». 
Il attend des élus qu’ils fassent les démarches nécessaires pour les réformes dans sa région, seule condition pour l’amener dans une dynamique de mouvance citoyenne qui, jusque-là, est demeurée stérile. Les élections relevaient d’un système électoral décati qui a perdu sa popularité car il n’écoutait ni il traduisait dans les faits ce à quoi aspiraient les jeunes. Il a créé l’inégalité et ne s’est pas préoccupé des véritables attentes du jeune. 
Le jeune ne pourra se développer et s’émanciper si dans sa région il n’y a pas d’espace de culturation : théâtre, cinéma, concerts de musique, espaces verts, espaces de sports, journaux, internet, piscines, etc. Il ne pourra pas aussi faire confiance à ses élus s’il constate que les promesses annoncées ne sont ni tenues ni réalisées pour une raison ou une autre, surtout lorsque le manque d’engagement de l’élu est criant. 

En guise de conclusion
Une élection a toujours amené des candidats à présenter des programmes ambitieux sachant, parfois, qu’il n’est pas de leur capacité, quelle que soit la volonté mise de réaliser l’intégralité des dispositions contenues dans leurs programmes. Une réalité qu’on rencontre dans tous les pays. Il ne faut pas que l’élu adopte une posture en contradiction avec ses promesses. Il faut être à la hauteur de ses aspirations en créant les conditions de la mise en place d’un écosystème qui favorise le rapprochement de la population avec son administration.
Le patriotisme étant l’idée dont un citoyen se fait de la conception de sa patrie, la volonté désintéressée de la servir et de la promouvoir. Nous souhaitons ardemment que sortent de ces élections des patriotes sincères, mesurant les véritables enjeux et critères de développement d’une région. 
L’élu, dans sa région, devra comprendre qu’il aura affaire à une population non homogène. Il rencontrera plusieurs cultures ou traditions différentes et devra composer avec cette mosaïque. Le patriotisme est ouvert et non exclusif. 
B. K.

(*)Professeur des universités. 
Expert de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Expert en conduite de changement.
Université de M’sila

 

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