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Rubrique Contribution

L’ANP doit être la garante du caractère pacifique de la transition et de son issue démocratique

Par Moulay Chentouf,
ex-coordinateur du PLD
Deux mois et demi déjà que les Algériennes et les Algériens manifestent par centaines de milliers pour exiger le départ du système et l’instauration d’une république libre et démocratique en scandant sans discontinuer : «Djazaïr horra dimokratia !» Ce mouvement massif, sorti des entrailles profondes du pays, a traversé de part en part toutes ses régions, chevauchant ses villes et ses villages pour revendiquer un changement politique radical. Brusquement, dans un élan populaire sans précédent, le peuple a arraché ses œillères, détruit les murs de la haine et éteint les feux de la discorde pour dire pacifiquement la colère inextinguible d’un peuple uni. Plus question d’être une variable d’ajustement ou le point aveugle de pouvoirs hors-sol, il s’agit désormais d’écrire une nouvelle page d’histoire et prendre en charge son destin. La jeunesse, galvanisée par la fougue d’un déferlement populaire impétueux, est plus que jamais résolue à échapper à la chape de plomb d’un système prédateur pour briser le cycle infernal du chômage, de la misère sociale et réaliser ses rêves.
La crise que traverse le pays a des racines lointaines. Celle-ci a été correctement analysée par toute la lignée des partis progressistes dont le PLD est aujourd’hui l’héritier. Du PAGS à ettahadi, en passant par le MDS du regretté Hachemi Cherif, tous avaient considéré, il y a déjà plus de 20 ans, que l’Algérie pouvait s’affranchir des turbulences gravissimes de l’islamisme politique si le pays s’engageait dans une transition républicaine et démocratique en abandonnant la chimère des élections présentées de façon machiavélique par le système comme le remède universel à la crise. Lors des «élections» législatives de décembre 1991, le PAGS avait lancé cet avertissement prémonitoire bien avant le premier tour de la mascarade électorale des législatives du 26 décembre 1991 : «Nous n’irons pas à l’enterrement de l’Algérie !» Et la vie a cruellement confirmé l’hécatombe annoncée. Des dizaines de milliers d'Algériens assassinés, un nombre sans précédent de handicapés à vie, sans parler des traumatismes causés au peuple algérien, des milliards de dollars partis en fumée, de l'isolement politique de l'Algérie sur le plan international, etc. Depuis, notre pays est dans l’instabilité politique la plus totale. Juste après les premières manifestations de janvier 2011, le 5 février 2011, je synthétisais, au nom du PLD, les propositions de sortie de crise en 10 points en rappelant que l’Armée nationale populaire (ANP) peut jouer un rôle fondamental en se faisant le garant du caractère pacifique de la transition et de son issue démocratique.
La place centrale dévolue à l’ANP dans la résolution de la crise n’est pas fortuite. Par ces temps troublés où un peuple en marche se cherche pour tracer son chemin vers l’avenir, des chants des sirènes résonnent de toutes parts pour l’abuser. C’est la raison pour laquelle la responsabilité de l’ANP est immense en cette période cruciale où des miroirs aux alouettes s’agitent pour escroquer le peuple et réaliser le hold-up du siècle en faisant main basse sur sa Révolution. Ce grand peuple est orphelin car il est en attente depuis des décennies d’une classe politique qui le mérite. Comme l’écrivait feu Hachemi Cherif dans sa contribution du 4 juillet 1995 : «l’ANP est la force la plus avancée et la plus organisée de l’Etat et de la société.» C’est pourquoi, le peuple compte sur son armée pour l’accompagner dans le processus révolutionnaire qu’il mène, l’aider à se débarrasser du système et à ouvrir les perspectives d’une république nouvelle fondée sur les principes universels de liberté, de démocratie, de pluralité et de justice sociale.
Le slogan maintes fois entendu dans les marches du vendredi : «Djeich, chaâb, khaoua-khaoua !», sorti de dizaines de milliers de poitrines de citoyennes et de citoyens, est le témoignage vibrant d’un respect profond que le peuple nourrit à l'endroit de son armée parce qu’elle est le bouclier le plus sûr de sa sécurité et le garant de ses espérances. Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que cette considération trempée dans le combat héroïque contre le terrorisme islamiste a permis de sauver l’Algérie des serres de l’Etat théocratique ? Le peuple est redevable à l'ANP aussi parce qu’il sait pertinemment que les revanchards néocolonialistes français sont toujours à leur basse besogne, que l’Amérique poursuit toujours son projet de démembrer notre pays et que le plan de partage du Grand Moyen- Orient est toujours actif. L'honneur par ailleurs de l'ANP est sauf de n’avoir pas participé à la guerre injuste et barbare que mène l’Arabie Saoudite contre le peuple du Yémen.
L’ANP sortira encore plus grandie des épreuves que le pays subit quand elle entendra le cri de ce peuple qui a déchiré le ciel de toute la planète. L’Algérie a été abîmée par un système rentier et maffieux et éventrée par le sabre du monstre islamiste. Elle est exsangue et des politiques obséquieux et des oligarques féroces ont en fait leur terrain de jeu. Les ministères, les wilayas, les entreprises privées ou publiques fussent-elles locales ne fonctionnent plus aujourd’hui. Tous sont quasiment paralysés et leurs projets gelés. Ce qui aggrave dangereusement la déliquescence de l'Etat d’autant que les investissements sont à l’arrêt, le dinar algérien est en train de s'effondrer et les pénuries à la consommation se feront ressentir dans les prochains mois. La lutte contre la corruption et les complots est en soi salutaire, mais conduite de façon anarchique et en dehors d’un cadre juridique digne de ce nom, elle risque de brouiller les enjeux. Les arrestations récentes d’officiers sont pour le moins incompréhensibles mais pourquoi donc n’ont-elles pas été effectuées par l’ANP du temps de Bouteflika ? La mise en dépôt de Louisa Hanoune, responsable d'un parti politique, mesure que nous condamnons fermement, est aussi énigmatique que les arrestations précédentes et plonge les citoyennes et les citoyens dans la perplexité la plus totale. Mais pourquoi un tel excès de zèle tandis que courent toujours les responsables islamistes de dizaines de milliers d’assassinats ? Les choses ne doivent plus rester en l’état, faute de quoi le pays risque des dérapages dangereux et l’asphyxie et le peuple des difficultés insurmontables, pour faire face à l’intendance du quotidien. La modernité du magnifique mouvement du 22 février prolonge comme par miracle celle du mouvement révolutionnaire de Novembre.
Le pays a besoin de rupture pour prendre son essor dans tous les domaines. C’est pourquoi l’ANP ne doit à aucun moment tergiverser, ni douter de la nécessité impérieuse d’aller résolument vers une transition républicaine et démocratique. L’ANP est priée instamment de s'inscrire pleinement dans le sens des revendications du peuple en traduisant concrètement et dans l’urgence son slogan majeur : «Système dégage !» par la dissolution de tous les partis politiques sans exception et de toutes les organisations syndicales. Ne voulant ni d’un royaume ni d’un monarque, une concertation large devrait être engagée, loin de tous les hommes politiques qui ont été des suppôts du système ou qui se sont compromis avec l’islamisme politique, en vue de mettre sur pied une direction collégiale de l’Etat et un gouvernement républicain de combat, la boussole politique étant en permanence l’instauration de l’Etat de droit avec ses attributs essentiels dont le principe universel d’égalité entre les femmes et les hommes doit être gravé sur le marbre de la nouvelle Constitution. L’Algérie a pris trop de retard : il est grand temps d’agir !
M. C.
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