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Rubrique Contribution

Nedjma : le pouvoir de séduction maléfique d’une héroïne fascinante

Par Dr Boudjemaâ Haichour(*)
Marqué par le désir d'un amour chaste, l'auteur, le chantre Djaballah, venu de Annaba, vers 1840, à Constantine, décrit avec un rare style dans cette poésie vraie Nedjma, cette héroïne fascinante, séduisante, dont la sensibilité pousse à casser les interdits d'une société attachée à un certain ordre de valeurs et de mœurs. La cristallisation autour de la personne rend la beauté plus expressive au seul désir de l'individu, au plus grand plaisir possible.

Entre la rêverie, le réel et le vérifiable, cette impossibilité amoureuse que nous allons raconter, à travers la chanson d'El Boughi, se profile l'épisode amoureux du romanesque le plus traditionnel, celui de l'«amour de loin», l'amour platonique, respectueux, l'héroïne chaste Nedjma et le poète Djaballah qui se sont aimés dès la première vue, qui se sont adorés, où le code de l'amour dans Constantine du début du siècle passé régente le comportement et les mœurs.

El Boughi : une image fidèle de la société constantinoise
El Boughi nous présente une image fidèle de la société du temps avec ses croyances, ses interdits, ses usages, de la vieille médina de Constantine avec ses quartiers, dont celui de La Casbah, au nord de la ville, où va se dérouler l'histoire de cette liaison amoureuse de Nedjma de Djaballah. À peine quatre ans après la prise de la ville par le colonisateur français, un certain vendredi 13 octobre 1837, où les généraux Négrier et Galbois se sont succédé, le duc Ferdinand Philippe d'Orléans, une année après, s'emploie à asseoir l'autorité sur une ville rebelle qui a livré bataille aux plus grands généraux des guerres napoléoniennes dont nombreux périrent comme Lamoricière, Damrémont… face à la résistance farouche de la population de Constantine sous la direction de Hadj Ahmed Bey.
Nous sommes dans un contexte où l’histoire se construit à travers la résistance anticoloniale. Une histoire susceptible d’apporter réponse à ce nouvel ordre colonial qui charrie toutes les atteintes à la dignité humaine. Il est vrai que Kateb Yacine a vécu à Constantine. Il confirme que ses ancêtres sont les Béni Kablout, une tribu berbère entre Sedrata et Mdarouch, anciennement Madaure où l’honneur de la tribu sublime l’héroïne qui devient impossédable. Or le poème de Saâd Djaballah a une valeur historique et même mythique. 
Est-elle femme fatale la qualifiant dans son sérail comme sultane, une reine fugace. «Une femme irradiante et si convoitée comme dans le roman Nedjma de Kateb Yacine où «l’esthétique du signe la dessine béante dans une relation imaginaire que ses quatre cousins/amants entretiennent avec elle.»  Mais Nedjma de Saâd Djaballah, ses origines sont Djeribet al Oued dont les ancêtres sont affiliés à une confrérie maraboutique. Alors que la Nedjma de Kateb Yacine est fille de la tribu de mère française et juive de confession. Nous sommes dans l’omniprésence de l’ancêtre éponyme.Dans le rêve de Rachid, personnage du roman, comme si Mokhtar, il surgit «drapé de sa légende» qui exhorte ses descendants à se soumettre à la Loi dont il ne donne aucune justification. Là on est dans l’ancestralité quoi qu’il advienne, quoi qu’il leur en coûte. Et Nedjma dans le roman de Kateb, femme fatale, se métamorphose après sa nativité poétique sur la terre des ancêtres. Elle se charge d’un symbolisme qui la soustrait aux convoitises des hommes. 
Lorsque l’antique cité Bône ou Annaba appelée aussi Hippone pour approfondir les références historiques, cette «ville exigeante qui laisse tout mouvement se briser en elle à l’instar de Cirta/Constantine, à elles deux, elles métaphorisent la résistance du pays aux conquérants qui se sont succédé  sans entamer l’inaltérable intégrité de l’Antique Numidie». Nedjma avance voilée mais dévoilée par l’expression poétique. Elle se découvre à la faveur des quêtes des différents personnages et les énigmes que le récit instaure.
Le coup de génie de Kateb Yacine en tant que romancier et Saâd Djaballah en tant que chanteur interprète se rencontrent dans cette quête de la narativité des grandes histoires d’amour telles celles de Hizia de  Mohamed Ben Guittoun ou de Majnoun Leyla. En fait, derrière le personnage de Nedjma, Kateb Yacine raconte le destin d’un pays colonisé qui étouffe d’une union impossible avec la France. Mais la construction narrative fait que chacun des quatre personnage, Lakhdar, Mustapha, Mourad et Rachid avance l’idée que la paternité de Nedjma lui revient. 
Kateb Yacine, né en 1929 à Constantine et mort en 1989 à Grenoble, a fait le lycée de Sétif où il a vécu les massacres du 8 Mai 1945. Kateb tombe amoureux à 16 ans d’une de ses cousines de Annaba, mariée et de dix ans plus âgée que lui. Un amour impossible.
C'est dans cette atmosphère que le chantre Djaballah rejoint la ville aérienne ou la vie des corporations telles les attarine (parfumiers), les rakkakine (parcheminiers), les saradjine (les selliers) et les sebaghine (les teinturiers), etc. et crée une ambiance bon  enfant depuis Souk el Ghezel (laine filée) près de Dar El Bey à celui de Souk El Acer, autrefois Souk El Djemaâ au voisinage du quartier juif de Charaâ.

Cheikh El Bled Belbdjaoui Mohamed et la bataille de Constantine
La mort de Cheikh el Bled Mohamed Belbdjaoui (le maire) lors de la bataille de Constantine contre les Français laisse la place à cheikh el islam Bencheikh Lefgoun M'hamed dont le fils Hammouda Bencheikh Lefgoun prend la gestion de la ville. Le Maréchal Valée veut que Constantine reste une ville arabe, contrairement à Skikda,  dont le nombre d'Européens qui se sont installés était de 1 700 alors que Constantine n'en avait que 200 en 1840. Ce nombre augmentera en 1842 pour s’élever à 615 dont 428 hommes, 119 femmes et 68 enfants, alors que celui des musulmans était de 16 000 habitants qui étaient 30 000 en 1836.

Salah Ben El Antri, historien des beys de Constantine
Le Duc d'Aumale charge le khodja Salah Ben El Antri, fils du négociateur de Hadj Ahmedk, d'écrire la monographie des beys de Constantine, qui parut pour la première fois aux imprimeries Guedj sous le titre de Essai de l'Histoire de Constantine. Au moment de l'arrivée du poète Djaballah à Constantine, la ville avait une population musulmane de 15 552, une communauté juive de 3105 et 840 Européens dont 618 Français.

Alexandre Dumas en 1846 à Constantine
C'est sans doute à la même période du voyage d'Alexandre Dumas en décembre 1846 à Constantine, dont il retrace avec humour dans un de ses romans le Véloce – nom du navire de guerre qui a été mis à sa disposition –  le panorama de la ville où il fut saisi d'admiration à l'aspect de cette ville aérienne qui donne le vertige pour celui qui la découvre assise sur son antique Rocher que serpente le Rhumel, que Djaballah rencontre la belle Nedjma, cette fille de bonne famille de la souche citadine de Constantine.

El Boughi : poème reflet de l'âme humaine
Reflet de l'âme humaine, l'œuvre du poète Djaballah montre manifestement comment cette langue du peuple peint ses personnages où on ne peut ranger les vers de cette qacida dans aucun des seize mètres de prosodie arabe El Aroud. Ce genre de poésie est rebelle à toute règle de versification. Dans sa poésie, El Boughi est libre de ton, de forme, car elle s'adresse au cœur et à l'oreille dans son lien étroit à la musique. Rythme musical et rythme poétique s'y associent en une véritable communion.

De Bathate Sidi Cheriet à La Casbah de Constantine
Mais avant de passer à la qacida elle-même, ne faut-il pas rappeler quelques traits biographiques du poète. Djaballah Ben Saâdi El Annabi est né vers les années 1827 dans le quartier de Bathate Sidi Cheriet (place d'Armes). Après avoir fait les études coraniques à l'école Sidi Khélif, à l'âge de douze ans, il perdit son père et fut masseur de bain maure avant de devenir épicier.
C'est alors qu'il fut pris en charge par une famille aisée, les Snani. Au contact de ses nouveaux parents adoptifs, qui sont d'ailleurs versés dans la musique andalouse, eux-mêmes compositeurs de centaines de m'dayah (sorte d'hymnes au Prophète et aux awliya as salihine, saints) dont Sidi Brahem et Sidi Fadloune), Djaballah apprit à connaître les modes et les règles qui régissent la nouba.

Djaballah, un chantre du malouf et de la prosodie
Sous la direction de l'un d'eux, cheikh Seghir, ses récitals ont été à un tel point de virtuosité, que les voisins venaient entendre la pureté de sa voix et son luth dont le frémissement des cordes suscitait tout un enthousiasme. C'est ainsi que Djaballah apprenait le zadjal, le hawzi et surtout le mahdjouz dont il devient à 25 ans un maître incontesté dans la manière de manier l'archet du violon. Il formera un orchestre et ira en Tunisie. Vers 1850, il reprend les chants du hawzi et compose de nombreuses mélodies et quelques qacidate considérées comme des chefs-d'œuvre puisque transcrites dans un diwan introuvable aujourd'hui.
Il devient célèbre et quelques mois plus tard, il entreprend des voyages répétés qui le retinrent à Constantine. Alors qu'il était couturier de pantalons genre «golf», là dans la ville d'Ibn El Quenfoud, de Malek Haddad et du Kablouti Kateb Yacine dont nous reviendrons à son œuvre Nedjma, les milieux cultivés de Constantine remarquent son génie et il était rare que son orchestre ne restât une nuit sans activité.

Le coup de foudre de Djaballah
C'est dans l'une de ces occasions que Djaballah eut le coup de foudre pour une jeune fille de haut rang et qu'il décida de ne plus quitter Constantine. 
C'est cette passion qui est admirablement décrite comme nous allons le voir dans la qcida El Boughi qui, plus d'un siècle et demi après, est merveilleusement chantée dans ce genre aroubi du mahdjouz constantinois. 
En voici quelques extraits que je traduis de ce beau poème du chantre Djaballah.

«Par ton amour je brûle de passion
Tu m'as blessé ô cils colorés
Je te suis en délirant
Après avoir oublié mes maux
Moi qui  me suis repenti des filles et du vin
Me disant à moi de retrouver Dieu
À qui je dois transmettre mon salut ?
Un messager m'apporta la nouvelle
M'informant de ce qui se trame
Me laissant dans le profond de mes inquiétudes
Mon esprit troublé
N'a pas trouvé de patience
Et de mes yeux coulant de larmes
Je fus emporté
A Dieu je me ressaisis.»

El Baghai ou Boughi : un mahdjouz aroubi constantinois
Dans cette première partie de ce mahdjouz, qui est fondamentalement le genre par excellence de l'école andalouse de Constantine, l'auteur Djaballah nous annonce l'être désiré, l'être fantasmé. Le rythme sera marqué par les plaintes qui exaltent une promesse tenue d'amour impossible où le cœur reste fidèle malgré les barrières de la horma, critique véhémente des contraintes et des traditions. La symbolique devient le code des expressions sentimentales entre le poète et son amour platonique.

Le langage poétique profane dans Nedjma
Chez les poètes arabes, l'imaginaire est parfois un réel qui produit un sens. Le sacré est-il dans sa genèse même une consécration du profane ? Ce langage poétique qui émeut, qui charme l'esprit et attendrit le cœur, nous le retrouverons chez les deux poètes de Tlemcen, Ibn Amsaib et Ibn Sahla, ou encore Ibn Triki où les sentiments agitent l'homme et la femme dans la joie et dans la douleur.
D'ailleurs Ibn Amsaib poussa l'audace jusqu'à chanter la beauté et la grâce d'une des femmes du caïd turc de Tlemcen à cette époque (1750) et vit s'ouvrir devant lui les portes de la prison pour quelque temps. Il n’est remis en liberté que grâce à l'intervention de parents et d'amis puissants qui le sauvèrent en l'envoyant à Meknès jouissant de l'estime et de la considération des fils du sultan Moulay Ismaïl.

Sophonisbe, Hiziya, Medjnoun Leila, Nedjma de Djaballah
Revenons au poème du chantre Djaballah dans ce qui va suivre et les combats et les tensions qui vont naître de sa relation amoureuse avec Nedjma dans cette belle pièce du répertoire du mahdjouz. On se demande si Kateb Yacine a écouté de son temps la chanson El Boughi et si la figure de Nedjma, héroïne de son roman, ne serait pas cette femme fatale et impossible à conquérir.
Si la chanson El Boughi raconte l'histoire vécue d'un amour impossible entre le poète et son amante dont le cadre se situe dans l'espace géographique de Constantine à Annaba, l'on comprend aisément que Kateb Yacine, dont les ancêtres sont les Kablout, a passé sa jeunesse comme le fut Tahar Ouettar, Ahlam Mosteghanemi, Rachid Boudjedra, Malek Haddad et tant d'autres influencés qu’ils étaient par les récits des gouals ou encore les chants venus des profondeurs des fondouks, véritables sites de convivialité où on s'embaumait de zadjel, mahdjouz et malouf.

Nedjma : une Antigone des temps modernes
D'ailleurs Kateb Yacine désigne Nedjma comme une Antigone des temps modernes. Peut-être la Sophonisbe de Massinissa, Hiziya de Ben Guittoun. Nedjma est cette braise, cette figue féminine qui traduit un certain désir inassouvi comme nous la retracent ces vers traduits pour l'occasion :

«Celui qui comprend ce message m'écoute
Je vous avoue ce qu'adviendra à celle aux yeux noirs
D'une rencontre amoureuse avec l'amante dans cette vie
Ne pouvant jamais révéler ce secret ô ami !
Je vous raconte mon histoire et la cause du refus
Je descendis au jardin, mon esprit envoûté par les chansons
Je trouvais un groupe d'amis joyeux me conviant
Me priant de les joindre à pas pressés. Je le fis.
Que d'amis célèbres affairés
Venus tous de différents coins réunis.
Et chacun brandit son salef ô frère !
Et moi chagriné mes larmes coulèrent
Au même moment mes pieds n'avaient plus de mesure
Leur disant que mon âme était troublée
Je m'allonge à l'instant et dormis au regard du sablier
Puis je pris congé et courus vers la bien-aimée.
J'escaladais le rocher vers la Casbah où habite l'amante
J'ai frappé à la porte et vint celle aux yeux noirs.»

La flamme, la passion et les rubis sur tresses
«Je suis venu me consumant dans sa flamme
Acceptes-tu de m'offrir le gage qui doit me combler ?
Rien ne conviendrait mieux dit-elle
Qu'une mèche de mes cheveux !
Prends-là et va la monter avec fierté à tout amoureux
Me la tressant avec des perles précieuses
Mettant deux rubis ondoyants comme un éclair
Me la lançant attachée à sa ceinture
Tel un reptile je m'éloignais à la hâte
De retour auprès de mes amis
Je ne pouvais être blâmé
Où étais-tu passé ô ami ! me demandaient-ils ?»

Et dans la Tawrida qui est une sorte de stance, le poète répondit comme dans une poésie courtisane du rêve et du réel à ses camarades qui buvaient à plaisir et se racontaient leurs exploits respectifs, l'expérience intime de chacun d'eux de leurs sentiments amoureux.
«Je leur ai dit, que je me suis emporté dans mon rêve
Comme par vagues, mes pensées dans une mer,
Recevant du corail à flots
Car la mer est plus profonde
Faisant à nouveau la tournée des verres de vin
Et jetant la mèche et son chagrin d'amour
En recevant d'elle le tendre amour
Et la natte de Nedjma ô yeux noirs
Surprenant ces gens
À celui qui prend l'initiative des femmes
Garde ton secret, tu trouveras la nouvelle
Tu es dans toute la félicité, ô égaré !
Tu as exhibé ce qui était habillé
Avant toi, que de gens furent trompés ?
Reprends-toi à ces heures
Que ton corps ne puisse être déchiqueté
Au nom de Dieu, ô noirs habits !»

Nedjma ou le code de conduite de la société citadine
C'est dans le récit rapporté à travers l'oralité que nous avons appris un tant soit peu l'histoire de cette relation de Djaballah avec une fille citadine constantinoise nommée Nedjma B., mariée sans amour à un de ses proches dans tout ce qui caractérise la société citadine des grandes familles de l'époque qui ne donnaient leurs filles qu'à des gens de leur rang, comme c’est le cas à Tlemcen, Blida et Mostaganem.
C'était le temps où Constantine n'était qu'une bourgade où tout le monde se connaissait et la moindre information était vite répandue dans la ville. Le poète parlait dans la qcida du sablier, sorte d'horloge fonctionnant au sable et donc mesurant un temps déterminé. Les croyances et les rites traditionnels faisaient que lorsqu'un enfant venait tardivement de naître dans une famille, après des années d'attente, la famille du nouveau-né sillonnait les rues du quartier avec leur hrim (harem) pour quémander, afin de préparer un repas à offrir aux pauvres gens soit à la mosquée, soit aux familles à revenu modeste. C'est ainsi que l'enfant naquit chez Nedjma B. cette fille connue de Constantine. Alors on se précipite pour mendier dans les ruelles de la cité. C'est en passant près du tailleur de pantalons de golf dit Hawka nommé Djaballah et qui n'est que le chantre dont on parlait que le hrim reçut des mains de ce dernier tout l'argent qu'il avait épargné ce jour.

El Baghai : le pardon de l'offense d'un amour immortel
«Tous les pleurs ici sont des offrandes et, heureux, leur bonheur se féconde dans l'au-delà à l'ombre d’un amour immortel. Homme prêt à mourir, te voilà payant de ta passion que rejoignit une femme des grands jours. Et quelle que soit la haine de l'amour, il y aura toujours le pardon de l'offense et dans la repentir naîtra une nouvelle innocence. C'est dans cette relation chaste et saine qui embaumera les âmes qui respireront le parfum d'Eden. Et dans ce long sommeil, la paix sera la volupté renouvelée qui donnera un sens à l'autre vie éternelle.»
«Nedjma Ya Nedjma Ma Baqa lak aswab tloumi alya
Rani aghdit fachnayâa Wal Batal
Atbaqaye bel kheir yali mathouma biya
Hadha akhar awdaâna, wal wâad akmel
Karhouni ya azizet khatri nassek bi ghdaya
Malahoum qordha khalfna wala mchaghel
Adhaou qatli qawm al hsoud chafaya fiya
Law manti manatakrah fi sabet rajel»

El Boughi est un poème du drame et Sophocle définissant la tragédie comme la mise à nu du destin. El Boughi est comme «cette totalité de vision expressive de pures formes et instaurées entre la féminité peinte qui a l'âge de l'obsession plastique «issiakhimienne» et le texte de Djaballah semblable à celui calligraphié qui a l'âge de l'obsession poétique dans l'écriture katébienne» avec femme sur poème. Nous ne sommes pas dans le factuel mais dans la densité de deux récits de vies entrecroisées dans l'histoire et dans l'art qui émergent comme chez Issiakhem dans la toile, Djaballah dans la qcida d'El Baghai.

El Baghai : obsession poétique et Issiakhem et écriture katébienne
El Boughi reste un classique du répertoire constantinois qu'avait chanté chacun dans le style qui lui convient, notamment cheikh Raymond, Hadj Mohamed Tahar Fergani, Abdelmoumen Bentobbal, Hasen El Annabi, Cheikh  Derdour Hcene, Abdelkader Toumi, E Hani Bestendji… ainsi qu'une pléiade de jeunes talents, et ils sont nombreux à Constantine et Annaba. 
Le poème d'El Boughi a été pour la première fois traduit et commenté par mes soins il y a de cela dix-huit ans, en décembre 1996. La chanson d’El Boughi a été adaptée et mise en scène dans une pièce théâtrale de Constantine du TRC sans se référer à ce texte chronologique et historique que j’ai remis en son temps à son directeur Allah yarhamou. 
De même à partir de mes travaux, cette chanson d’El Boughi fut inspirée par Nassima Bouslah dans sa thèse de magister en 2009 sous le titre «Jadaliet el hob wal mawt fi quisset El Boughi» (la dialectique de l’amour et de la mort à travers la chanson d’El Boughi) où elle n’a pas manqué de me citer dans ses références.
Ce mahdjouz El Boughi de l’école de Constantine et de Annaba est très demandé par les mélomanes. Les voix royales de  feus Hadj Mohamed Tahar Fergani, Hassan El Annabi,  Hamdi Bennani, Ramond Leyris ont laissé leurs empreintes dans l’interprétation de ce classique considéré comme une mélodie citadine, nécessitant un savoir-faire. La génération des Maloufji comme Cheïkh Salim Fergani, Dib Al Ayachi, Segni Abderachid, Kamel Bouda, Touati, Hassan Branki Rouana de Skikda, Bentayar Righi et Adlène monte au podium pour sauvegarder notre patrimoine musical.
Mais «Constantine, qui fut capitale de la culture arabe 2015» a vu de nombreux artistes, poètes, cinéastes, scénaristes et romanciers et reste un foyer de culture et des arts. Le texte du Boughi a été repris à la TV mais aussi au cours des débats culturels qui sont organisés par les associations musicales et théâtrales.
La chanson fait partie d’une série de prosodies et des deux ouvrages présentés, traduits et commentés au niveau de l’ONDA, préfacés par le Président Abdelmadjid Tebboune lorsqu’il était ministre en charge du département de la Communication et de la Culture. 
B. H.

(*) Chercheur universitaire, ancien ministre.

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