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Rubrique Contribution

Quelle gouvernance pour la société d’aujourd’hui ?

Par Zoubir Zemzoum
S’il est, plus ou moins, facile de remettre en cause un système politique, il n’est pas toujours aisé de le remplacer par un autre meilleur. Dans le domaine politique, comme dans l’habitat, il est certainement moins coûteux et esthétiquement plus aisé de construire une nouvelle maison républicaine que d’en réaménager une ancienne dont les piliers institutionnels sont usés ou tombent en ruine. Perçu, sous cet angle, le changement du système politique souhaité par le peuple implique, donc, le changement du régime qui le sous-tend. La conception du nouveau régime, que notre jeunesse est déterminée à instaurer, doit émaner, dialectiquement parlant, des principes et des valeurs du projet de société qu’elle aura élaboré et consigné dans sa Constitution. C’est dans cette loi fondamentale qu’il faut préciser l’architecture institutionnelle de la nouvelle République voulue par le citoyen, de peaufiner les agencements intérieurs et la fonctionnalité de ses institutions, de codifier le mode de gouvernance de ses différents organes de pouvoir et de gestion, de clarifier et de préciser, surtout, les critères de sélection et de nomination de ses gouvernants.
Toutes ces questions doivent l’interpeller car le modèle de république et de démocratie occidental, auquel se réfèrent généralement les peuples qui luttent contre les régimes dictatoriaux qui les gouvernent , dévoile aujourd’hui, sous les assauts répétés des mouvements contestataires et revendicatifs des sociétés occidentales, les « vices de forme » inventoriés dans la conception et la construction de la maison républicaine instaurée par la bourgeoisie, au lendemain de la révolution de 1789. Ce sont ces «  mêmes défauts de fabrication » qui sont responsables de l’émergence de toutes  les fissures qui lézardent, aujourd’hui, sa toiture, ses murs et ses piliers. Compte tenu de ces nouvelles données, nous ne pouvons que comprendre, donc, et soutenir la volonté de la jeunesse de redessiner les contours de la nouvelle maison républicaine qu’elle veut ériger à la place de celle en vigueur, et son souhait de verser les vestiges de celle-ci, à l’instar des décombres de la République issue de la révolution d’Octobre des prolétaires, dans le patrimoine historique de l’humanité. 
La nouvelle bâtisse républicaine que la jeunesse veut construire doit être dotée de toutes les techniques modernes, antisismiques, de la démocratie participative, pour la protéger contre les séismes politiques provoqués par les chocs antagoniques des plaques tectoniques idéologiques qui peuvent surgir, pour conforter la solidité de cette option, pour valoriser l’esthétique de son projet sociétal. 
Avant de commencer à réfléchir, comme le pensent certains, sur la superstructure de cette nouvelle maison républicaine, c’est-à-dire sur le pouvoir, son organisation et son fonctionnement, il faut, nous semble-t-il, donner la priorité à son infrastructure et accorder une plus grande attention à sa structure de base, la commune. C’est au niveau de cette institution fondatrice, en effet,  qu’il faut organiser le mode de représentativité de la société et le mode électoral de ses élus pour donner plus de crédit et d’efficacité à la participation directe de la société à la gestion de ses affaires. La commune étant la cellule de base de l’Etat, c’est donc à ce niveau qu’il faut organiser démocratiquement les citoyens, non plus sur les clivages politiques et idéologiques dont nous connaissons les nuisances pour l’unité de la souveraineté du peuple et les préjudices causés à sa représentativité dans les organes du pouvoir, mais sur les vertus de l’association libre des citoyens, sur la conjugaison de leurs efforts pour concrétiser les objectifs d’intérêts communs qu’ils se sont fixés au niveau de leur municipalité.
Pour faire valoir les biens faits de l’organisation démocratique de la société et de la démocratie participative qui en découlent, il faut rappeler les causes qui sont à l’origine des carences relevées dans la gestion de nos communes. 
Si les insuffisances de l’organisation institutionnelle de l’Etat, de la déconcentration du pouvoir et de la décentralisation de la gestion des moyens mis à la disposition des élus pour prendre en charge les préoccupations des citoyens constituent l’alibi avancé, souvent, par les maires, pour excuser leurs carences et leurs échecs, le mode de représentation et d’élection des élus sont, estimons-nous, les responsables, pour beaucoup, de la faillite de la gestion de nos mairies. La paralysie qui frappe nos conseils municipaux, après chaque élection, n’est pas due aux seules insuffisances du code communal ou des moyens financiers et humains mis à leur disposition, mais aux antagonismes idéologiques et politiques qui pèsent sur cette institution de base de l’Etat. Ce sont ces antagonismes qui influent négativement sur la gestion des municipalités et, de ce fait, sur la prise en charge des problèmes de la population, sur la satisfaction de ses besoins matériels et immatériels.
Comment faire, alors, pour remédier à cette situation ? A notre avis, il faut demander aux citoyens ce qu’ils attendent de leurs représentants au conseil municipal, pour découvrir et cerner les causes des maux qui minent la gestion de nos municipalités, ceux dus aux insuffisances institutionnelles et fonctionnelles , mais aussi à la nocivité constatée dans le mode électoral et la sélection des élus municipaux. 
A la question : qu’attendez-vous de vos élus ? La réponse des citoyens est unanime : le règlement de leurs problèmes. Après les échecs de l’alternance des différents partis à la tête de la commune, le citoyen est à la recherche de la procédure qui lui permet de choisir, en dehors du modèle de démocratie représentative dominant, le mode de participation directe, au sein de cette institution de l’Etat, qui lui permettrait d’obtenir une meilleure prise en charge de ses problèmes. 
Echaudés par les répercussions négatives des conflits politiques et idéologiques sur la gestion des communes et la prise en compte de leurs besoins matériels et immatériels, les citoyens sont à la recherche, aujourd’hui, d’un autre mode de représentation et de participation qui révolutionnerait la gestion des communes. 
Comment transcender les antagonismes idéologiques et politiques qui gangrènent la gestion et le fonctionnement de la commune ? Comment instaurer un débat sain et constructif entre les élus, favoriser le dialogue serein et constructif dans un esprit de solidarité et de fraternité au seul service de l’intérêt commun ? Telles sont les questions qui préoccupent le citoyen qui est à la recherche, à présent, du modèle qui lui faciliterait sa participation directe à l’élaboration et à la prise des décisions déterminantes pour son devenir. 
Partant de ce constat, l’idée nous est venue de rechercher, dans une nouvelle forme d’organisation démocratique de la société, à l’échelle communale, en dehors de celui basé sur le multipartisme, qui pourrait améliorer, non seulement le mode de représentation et d’élection des futurs élus, mais aussi, celui de l’organisation et du fonctionnement des communes. Si les citoyens veulent s’émanciper des méfaits des antagonismes idéologiques et politiques qui minent la gestion des communes et retardent les solutions de leurs problèmes, ils ont la possibilité, dans le cadre de cette organisation démocratique de la société, de militer dans les associations qui militent pour la prise en charge de leurs préoccupations matérielles et immatérielles et la défense de leurs intérêts et de leurs droits à une participation directe et active, dans le conseil municipal, à l’élaboration, à la confection et à la réalisation des décisions répondant à leurs attentes et à leurs aspirations. 
Vu sous cet angle, le mouvement associatif, émanant de cette organisation démocratique de la société, traduira parfaitement la volonté politique de notre jeunesse d’accorder une place privilégiée à la démocratie participative dans la nouvelle Constitution. Si elle est convaincue de l’utilité et de la faisabilité d’une telle option, elle doit l’intégrer dans son projet de société, pour que le législateur la prenne en charge et précise, dans sa codification, le statut des associations, aux plans organisationnel et fonctionnel, et le mode de représentation de ses adhérents dans toutes les assemblées, de la base au sommet, des institutions de la nouvelle République du pays.    
Cette vision de l’organisation démocratique de la société, que nous venons de schématiser, constitue, nous en sommes convaincus, un moyen de lutte des plus efficaces contre tous les maux dont souffrent la gouvernance de l’Etat, le fonctionnement des institutions, la gestion des administrations et des entreprises publiques. Le népotisme des dirigeants à tous les niveaux de la responsabilité des organes décisionnels de l’Etat, l’usage des passe-droits générés par l’usage du copinage, du régionalisme, etc. La corruption qui gangrène nos institutions, nos administrations et nos entreprises économiques, tous ces maux découlent de la personnalisation du pouvoir de décision des responsables. La collégialité du pouvoir de décision, inscrite dans l’organisation démocratique de la société et la démocratie participative qui en découle est le seul antidote dont dispose la société pour se débarrasser de tous ces fléaux. L’autre avantage que l’on peut tirer de cette organisation démocratique de la société et de ce modèle de démocratie participative, par-delà l’élimination des antagonismes idéologiques et politiques qui portaient atteinte à l’unité de la souveraineté du peuple, à la solidarité et la fraternité de sa composante sociale, c’est le gain financier, conséquent, pour le budget de l’Etat qui résulterait de la suppression de toutes les dépenses allouées aux différentes élections imposées par le multipartisme et la démocratie représentative . Tous ces milliards seraient plus rentables s’ils étaient investis dans le développent des communes que dans des élections improductives et néfastes du système de démocratie représentative, système que les peuples des pays occidentaux dénoncent à présent pour ses médiocres résultats.  
Voilà à notre sens le thème qui doit figurer, en premier lieu, sur la feuille de route de l’avant-garde de ce mouvement révolutionnaire, et faire l’objet d’un vaste débat, autant sur son efficience que sur les conditions de sa faisabilité, avant d’en faire le socle sur lequel devra s’ériger la nouvelle République attendue par le citoyen.  
Largement expliquée dans l’essai que nous avons publié en 2012 sous le titre « Une nouvelle République pour une nouvelle société » édition Sned, cette problématique de la démocratie participative fondée sur l’organisation démocratique de la société basée sur la densification du mouvement associatif mérite une attention particulière car son adoption politique ouvrira une nouvelle perspective au souverainisme sociétal, sous-tendu par le discours développé par le mouvement révolutionnaire de notre jeunesse, souverainisme dont la finalité vise l’instauration d’un nouvel ordre national et mondial par opposition à ceux générés par la mondialisation du capitalisme ultralibéral. 
Z. Z.

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