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Rubrique Contribution

Sauver l’école et pas seulement l’année

Par Ahmed Tessa
« Ce que nous devons avoir à l’esprit est la chose suivante : si les apprentissages/pré-requis de cette année s’évaporent de l’esprit de nos enfants, ce n’est pas seulement les apprentissages de l’année prochaine qui seront menacés mais ceux de toute la scolarité des élèves. Osons une analogie avec les piliers d’une maison : un seul est démoli et les autres en pâtissent. Une catastrophe ! »

Les impacts positifs de cette pandémie sont nombreux. Grâce au confinement quasi mondial, on a constaté une bonne convalescence de Dame Nature, trop longtemps blessée par l’Homme. Pas que ! La peur de la contamination a permis le retour au  respect de l’hygiène des mains et à la solidarité entre les gens... Sur le plan politique, le Covid-19 a mis à nu les carences de la bureaucratie et de la gouvernance jacobine de l’État – notamment dans la patrie de l’État centralisé, la France. L’importance stratégique du secteur de la santé est l’un des acquis premiers qui traduit l’incontournable revalorisation du statut de ses personnels. 
Qu’on se souvienne de cette professeure de médecine espagnole dans une vidéo planétaire qui s’est écriée : « Pourquoi nous demander de vous trouver le vaccin ou le traitement, alors que jusque-là vous nous avez méprisés ? Allez plutôt voir du côté des stars de football et du showbiz que vous payez grassement.» Qu’en est-il des systèmes scolaires ? Peut-on tirer des leçons de cette crise sanitaire ? Assurément oui. 
À commencer par la réhabilitation de la santé scolaire qui a besoin d’être généralisée et renforcée en moyens de qualité, tant humains que matériels. N’est-il pas honteux de voir le désintérêt, à la limite du mépris, qu’ont certains systèmes scolaires pour l’hygiène et la prévention ? Alors que c’est une matière qui doit figurer en bonne place dans les programmes scolaires, dans le vécu quotidien de nos élèves et des personnels ainsi que dans la gestion des établissements. 
Doter ces derniers de tous les équipements, produits et  matériels qui serviront à rendre la vie saine à nos enfants. Pour ce faire, l’étroite collaboration des secteurs santé/éducation est primordiale. En plus de la traditionnelle visite médicale de début d’année (existe-t-elle toujours ?), il y a lieu d’outiller tous les personnels de l’éducation de connaissances utiles et pratiques: prévoir des modules d’hygiène et prévention au cours de leur formation initiale et en formation continue.
Il est vrai que les préoccupations actuelles doivent se focaliser sur le sauvetage de la scolarité de nos enfants. Dommage que nous n’ayons à l’esprit que les seuls examens de fin de cycle et les modalités de passage en classe supérieure. Ce qui dénote une mentalité sclérosée dans la vieille vision  de l’éducation scolaire : une vision purement administrative et bureaucratique. Alors que les progrès de la pédagogie moderne sont énormes. La vraie question est la suivante : que faire pour sauver le troisième trimestre de cette année et surtout… comment assurer une année scolaire 2020-2021 harmonieuse et sereine, annonciatrice d’une bonne suite de la scolarité les années d’après ? 
Ce que nous devons avoir à l’esprit est la chose suivante : si les apprentissages/pré-requis de cette année s’évaporent de l’esprit de nos enfants, ce n’est pas seulement les apprentissages de l’année prochaine qui seront menacés mais ceux de toute la scolarité des élèves. Osons une analogie avec les piliers d’une maison : un seul est démoli et les autres en pâtissent. Une catastrophe ! 
D’où l’incontournable effort de réflexion afin d’éviter cette catastrophe silencieuse qui s’annonce. Une réflexion qui partira du principe d’urgence : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Prendre des mesures qui puissent gommer les impacts négatifs que la crise sanitaire a eus sur nos enfants. Et surtout les faire se réconcilier avec l’école. Ici quelques idées à creuser. La situation exige de nous hauteur de vue et sens des responsabilités. Mais surtout se détacher de la vision purement administrative et mettre en priorité les aspects psychologiques et pédagogiques : deux éléments à la base de toute éducation. Ils sont – à la fois — le moteur et le carburant du processus enseignement/apprentissage.

Que faire ?
Et si on décalait le troisième trimestre pour sauver l'année scolaire actuelle et réparer, un tant soit peu, les dégâts de la crise sanitaire ? Il s'agit de considérer l’actuel 3e trimestre « trimestre blanc » et de le décaler du 1er septembre à la première semaine de novembre. Et ainsi, faire démarrer l'année scolaire prochaine aux environs du 10 novembre. Cela nécessitera des réaménagements de l'année scolaire 2020-2021 au niveau des vacances, de la semaine scolaire, des modalités d'évaluation, de la gestion des programmes d'enseignement .Des choix seront  à faire dans les emplois du temps des élèves ne serait-ce que pour la période septembre-novembre. L’essentiel est que nos enfants reprennent goût aux études, à la vie scolaire, réarment leurs réflexes d’élèves. Ainsi, ils rattraperont  ce fameux « trimestre blanc » après une période de révision des autres trimestres et qui ira du 1er septembre au 15 septembre. 
L’évaluation se fera en continu avec des tests hebdomadaires uniformisés pour les élèves de fin de cycle et toutes les deux semaines pour les autres classes – excepté les 1re AP. Prévoir ces séances d’évaluation uniquement sur les matières « essentielles » (langues, maths, physiques, sciences). Pour éviter les notes de complaisance, ces élèves seront testés de nouveau au collège et au lycée dès l’entame de la nouvelle année scolaire (vers le 10 novembre). Là aussi, cette évaluation des pré-requis se fera sur une journée pour les  futurs 1re AM, voire deux (pour les candidats en 1re AS). Elle sera régionale, mais à partir d’un canevas d’évaluation nationale. 
Pour les vacances scolaires, ils seront réduits de façon à permettre une année scolaire pleine – à condition de revoir le dispatching/élagage des programmes  dans toutes les matières. Nous savons qu’ils sont « obèses ».
Concernant les examens du  brevet et du bac, le temps est assez long pour leur appliquer le double principe d’admissibilité délivrée par le lycée et par le collège et d’admission par l’université et le lycée. Cela nous permettra d’éviter des années scolaires amputées du 3e trimestre chez les terminales notamment ­— à cause de l’indigne business des cours sauvages payants. La majorité des élèves fuyant le lycée pour aller acheter des cours. Ces examens sont de véritables machines bureaucratiques qui « bouffent » de l’argent, de l’énergie et des… apprentissages initialement programmés. Ils servent de carburant au marché informel des cours sauvages. Depuis plusieurs décennies, l’année scolaire algérienne se termine en queue de poisson dès la mi-mai. 
Officiellement, notre fin d’année scolaire est fixée au 3 juillet de chaque année. Or, cette journée retrouve les élèves en farniente sur les plages. « À cause de ces examens » à « l’algérienne » et des cours sauvages, l’élève algérien perd deux années d’apprentissage sur tout le long de sa scolarité. Comparé à ses pairs du monde entier, il est l’élève qui a l’année scolaire la moins longue et la journée la plus chargée (comme en France).
En conclusion, on pourra dire qu’« à quelque chose malheur est bon ». Le Covid-19 nous aura servi à ouvrir les yeux sur un système scolaire qui – pour reprendre le lexique en  vogue ces jours-ci — a un besoin urgent  de réanimation/oxygénation et ensuite de remise à neuf. 
Les personnels du secteur de l’éducation se feront sûrement un honneur de se sacrifier pour réussir cette année scolaire inédite qui s’annonce. L’écrasante majorité s’y attellera de même les parents et les élèves. Faudrait-il encore faire feu de tout bois pour communiquer, sensibiliser, persuader afin d’obtenir l’adhésion active des principaux acteurs du terrain ? Ce à quoi participe modestement cette contribution.
Toutefois, d’autres mesures techniques doivent être mises en place afin de sécuriser le dispositif décrit ci-dessus. Débat ouvert.
A. T.

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