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Tout ça, pour ça ?

©Kamel N / PPAgency
©Kamel N / PPAgency

Par Ben Mohamed

Après avoir pris connaissance des conditions dans lesquelles s’est ouverte la Conférence nationale des dynamiques de la société civile du 15 juin écoulé et lu la feuille de route qui en est sortie, je n’ai pu m’empêcher de me dire : «Tout ça, pour ça ?»
Pourtant, je pensais que cette conférence allait réunir d’authentiques représentants de «la Révolution du sourire» qui allait résumer, dans une feuille de route, l’essentiel des mots d’ordre qui reviennent chaque semaine dans l’ensemble des marches commencées le 16 février 2019 à Kherrata.
Je pensais que la conférence réunirait ceux qui allaient fixer les contours d’une vraie république où les Algériens ne seraient plus des sujets, mais seraient de vrais citoyens d’un vrai Etat de droit.
Je pensais que la conférence allait réunir ceux qui luttent pour la liberté du peuple algérien, pas de ceux qui luttent pour lui changer de joug.
Je ne pensais pas que cette conférence allait offrir une large place aux représentants du courant islamiste dont une grande majorité fait déjà partie de ce système installé depuis 1962 et dont les manifestants d’aujourd’hui demandent «iruhu ggaɛ».
C’est ainsi que je me suis demandé, sous quel poids de légitimité, les vrais représentants de la «Révolution du sourire» se sont-ils écrasés devant ces représentants de la «contre-révolution des ténèbres» venus les envahir ? Majorité dans la rue, ils deviennent minorité dans la conférence.
Comment se fait-il que les représentants de ceux que les manifestants ont suffisamment délégitimés en les chassant chaque fois qu’ils ont tenté de se montrer en tant que tel soient ainsi réhabilités par ceux qui prétendent jeter les bases d’un État de droit ?
C’est la «Société qui avance» qui revient sur ses pas pour suivre la «Société qui recule». Est-il encore nécessaire de rappeler qu’il est révolu le temps où, par désespoir et ignorance, il y avait du monde qui réclamait un «État islamique». Mais pourquoi oublier que, depuis, il y a eu, aussi, suffisamment d’éclairages que l’histoire de ce pays et des autres nous a donné sur les véritables desseins de ces gens.
Commençons par la naissance du FIS qui nous révèle déjà que la seule différence que ce parti a avec le FLN, c’est la source de légitimité revendiquée par l’un et par l’autre.
En effet, la légitimité révolutionnaire du FLN étant de plus en plus érodée, le FIS a allégrement franchi le pas vers un véritable «kofr», blasphème, pour se réclamer rien de moins que de la légitimité divine.
Dans cet ordre d’idées, je rappelle, pour exemple, l’apparition du nom d’Allah écrit par laser dans le ciel du stade du 5-Juillet lors d’un meeting du même FIS, tout comme ces prêches où on prétendait, toute honte bue, que voter pour ce parti, c’était «voter pour Dieu».
Il faut avouer que l’imagination islamiste est fertile dans ces domaines de manipulation.
Ensuite, par ce genre de discours et par des moyens clairement illégaux, ce parti a placé dans tous les bureaux de vote des colosses barbus qui viennent accueillir les vieilles, les vieux, tous les faibles de corps ou d’esprit, ils les accompagnent parfois jusqu’à l’urne pour bien leur indiquer le bulletin du «paradis».
Voilà ce qu’on appelle chez nous des «élections propres et honnêtes».
Bien sûr, le pouvoir a laissé faire et la grande majorité des mairies et des wilayas sont tombées ainsi dans leur giron.
Résultat ? Ils ont fait pire que le FLN. La grande majorité d’entre eux s’est servie, a servi parents et amis, a «ḥallalisé la tchippa», a menti, a volé, a exclu. Puis, après ou pendant leurs mandats, cette majorité a intégré les rouages du système mafieux dans l’administration ou dans les maquis.
«La décennie noire » entamée, on a commencé à découvrir le vrai visage de la «légitimité divine» ou plus précisément de l’Islam quand il sort de la spiritualité pour s’emparer de la vie politique. Une décennie jalonnée des Bentalha, des bombes aveugles à l’aéroport, au boulevard Amirouche, etc. ; une décennie de massacres d’enfants, de femmes, de vieux, d’intelligences ; des morts, des blessés, des handicapés, des viols, des démences, des traumas par milliers entre musulmans, commis par des musulmans, sur des musulmans et, de surcroît, tout ça au nom de l’Islam.
Mieux encore, durant toute cette période et même après, je n’ai jamais entendu un homme politique du pouvoir ou de ce courant de la «société qui recule», prononcer un mot de compassion pour les victimes. Peut-être que le plus «humain» d’entre eux a parfois essayé de se donner bonne conscience en disant du bout des lèvres : «Allah ghaleb.» Quant à un mot de regret, il ne viendra à l’esprit d’aucun de ces monstres et de leurs complices.
Pour passer en revue tous les dégâts commis par ce courant idéologique dévastateur, il faut bien de nombreux ouvrages. Il faudrait, un jour, rafraîchir les mémoires sur les effets néfastes de cette idéologie tant sur l’enseignement que sur l’économie, l’image de l’Algérie et des Algériens, la manipulation des mythes et des réalités… Il vaut mieux arrêter là pour simplement demander à chacun de nous de se poser de bonnes questions, sans tabous, et de chercher ensuite les réponses dans la mémoire personnelle et collective, dans les faits, dans les écrits et surtout dans notre conscience citoyenne, s’il y a vraiment des éléments objectifs qui justifieraient la place que ce courant tente de prendre dans l’Algérie nouvelle à laquelle aspire la grande majorité des Algériens.
Pour ma part, je pense qu’honnêtement, légalement, objectivement, démocratiquement, ce courant de pensée qui ne reconnaît ni la moitié de la population constituée de femmes (mères, sœurs, filles, épouses), ni la majorité de la population qui ne pense pas comme eux, ni les autres religions qui ont précédé la leur, ni les faits scientifiques qui démontent leurs discours, ne peuvent être considérés comme des humains sensés avec lesquels on peut dialoguer.
Comment parler de démocratie et agir en démocrate avec des gens qui considèrent que la démocratie est une hérésie occidentale ? Aujourd’hui, il me semble que si ce courant de pensée avait un minimum de pudeur, il ne se présenterait même pas à ce genre de rencontres visant l’instauration d’une vraie république demandée par la rue et non d’un califat demandé par ces gens.
En conclusion, je dirai que si ces gens veulent imposer leur présence, ils n’ont qu’à se faire accepter d’abord par les manifestants des vendredis à venir et avec leur slogan de «république islamique». A partir de ce moment, ils auront la légitimité nécessaire pour représenter la société civile.
B. M.

 

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