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Rubrique Culture

FIGURE INCONTOURNABLE DE LA PEINTURE ALGÉRIENNE Azwaw Mammeri est mort

L’artiste-peintre Azwaw Ali Mammeri nous a quittés le 15 mai dernier. Mort et enterré en toute discrétion, il aura incarné jusqu’au bout sa réputation de plasticien marginal au meilleur sens du terme.
Né le 24 septembre 1954 à Tizi-Ouzou, l’artiste déjà un nom et un prénom assez lourds, celui de son illustre grand-père Azwaw Mammeri, peintre renommé, mort quelques jours avant sa naissance. C’est donc quasi-prédestiné qu’Azwaw Ali ira vers les arts plastiques et commence à exposer ses œuvres à partir des années 1980. 
Très vite remarqué pour son trait original et son empreinte singulière, il obtiendra plusieurs prix en Algérie et devient l’un des artistes les plus talentueux de sa génération. Après une apogée durant les années 1990, Azwaw prendra néanmoins progressivement ses distances avec les galeries, ses expositions se raréfiant avec le temps jusqu’à disparaître complètement durant onze ans. 
C’est en 2016 que l’artiste revient enfin à l’occasion d’une exposition intitulée « En hors ton » à la galerie Sirius. A travers des dizaines de toiles et de sculptures, Azwaw avait fait le bonheur de ses admirateurs et amis et s’est révélé pour la première fois aux yeux subjugués de jeunes amateurs d’art. Son style aux confluences multiples possède en effet une identité propre et une plastique si singulière qu’on reconnaît la patte de l’artiste sans difficulté. 
Au carrefour de l’abstrait et du signe ancestral, les toiles apparaissent comme un questionnement à la fois douloureux et nécessaire sur notre rapport au monde et au passé, sur le poids de la mémoire et la catharsis par un retour aux racines. Et lorsque Azwaw interroge l’humain, c’est à travers des visages énigmatiques, aux expressions abyssales dont chacun pourrait déchiffrer les traits et les regards à sa guise, parfois de manière paradoxale. 
Figures sacrificielles du temps en fuite, héros anonymes et créatures mystiques, les personnages de l’artiste se confondent presque avec la couleur-terre qui les entoure, avec les symboles et les abstractions ancestrales qui les engendrent. Le tout traduit une mélancolie douce et un regard tantôt angoissé, tantôt aérien sur le monde. En prise avec une longue maladie qu’il a dignement combattue, Azwaw Ali Mammeri nous a quittés le 15 mai dernier à l’âge de soixante-cinq ans. 
Sarah H.

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